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Full text of "Composition, mise en scène et représentation du Mystère des trois doms: du chanoine Pra joué à ..."

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I 



3/^. 



y.^ 



y^ji^^m 




COMPOSITION 



MISE EN SCENE ET REPRESENTATION 



DU 



MYSTERE DES TROIS DOMS 



VIENNE , Girard , libraire. 
GRENOBLE , Vilot & C". 
LYON , A. Brcn , rue du Plat . 5. 
PARIS , Techenëb , Potier. 




ROMANS 



CHAPITRE DE S. BARNARD 






COMPOSITION 



MISE EN SCENE ET REPRESENTJ^TION 



DO 

MYSTERE 

DES TROIS DOMS 



joué à Romans 
les 27 , 28 et 29 mai , aux fêtes de Pentecôte de l*an cSog^ 



D'après un Manuscrit du temps 



publié et annoté par M. Gîraud , 

ancien Député, 
Membre eofretp< cin Comité hist. des Arts el Monumenls. 




LYON 

IMPRIMERIE DE LOVIS PERRIN 



MDCCCXLVIII 






• '■ \ 






^v 



Vj» 



Vi 



V- 



Au commencement du seizième siècle, en octobre 
1 505 5 après un été d'une sécheresse désolante, la ville 
de Romans fut envahie par une peste qui s'annonçait 
avec les signes les plus alarmants. Déjà , pendant le cours 
du siècle précédent, elle s'était vue exposée trois fois , en 
1 442 , 1 446 et 1 494 , aux ravages de cette redoutable 
maladie. Quoiqu'on ne doive pas prendre à la lettre cette 
assertion de Chorier , dont il n'apporte aucune preuve , 
que les draps de Romans tenaient lieu de monnaie par 
la voie de l'échange dans les Etats du Sophi et du Grand- 
Seigneur * , les relations commerciales de cette ville 
avec Marseille et le Levant, où s'écoulaient en partie les 
produits de sa fabrication, n'en sont pas moins certaines, 
et on peut y trouver une explication naturelle du retour 
fréquent de ce fléau. Une fois introduit dans la cité , la 
circulation de l'air gênée par des rues étroites et tortueu- 
ses" et par des remparts élevés , l'ignorance des moyens 

1 — Chorier , Histoire de Dauphiné , t. i*:**, page 66. 



d'hygiène , et l'absence des gens de lart ' qui auraient pu 
du moins diminuer Tintensité du mal, toutes ces causes 
réunies l'y maintenaient longtemps et rendaient son ac- 
tion plus meurtrière. 

Nos archives nous fournissent peu de détails sur les 
trois pestes du quinzième siècle , mais celle qui se ma- 
nifesta en 1 505 laissa dans Romans des traces profondes 
de son passage. « La ville , dit M. Dochier ^ , ne pou- 
ce vait plus contenir les malades , on ne savait où les dé- 
« poser ; le Parlement désignait un local , le Chapitre en 
ce voulait un autre; les Consuls achetèrent une petite 
ce maison et un vaste champ hors de la porte de Cha- 
ce pelier , le long de l'Isère ; ils y firent construire des 
ce baraques où l'on portait les pestiférés; ceux qui les ser- 
ce vaient logeaient dans cette maison qui a retenu le 
ce nom d!Hôpital Fieux. ^ 

Cette peste cessa en 1 507 , après avoir sévi pendant 
plus de deux ans avec une extrême violence , et enlevé , 
au rapport du même M. Dochier, 42 7 5 habitants ^. Tou- 



i — W parait qu'à celte époque Romans manquait de médecins , et se 
voyait dans la nécessité pour s'en procurer de recourir aux villes voisines ^ 
M. Berriat St-Prix, dans ses Remarques sur les anciens jeux des Mystères , 
observe qu'à Grenoble , en temps de peste, il fallait souvent composer avec 
les médecins ou les chirurgiens pour les astreindre à ne pas abandonner la 
ville, et même en aller chercher au loin. Le 6 juin 1510 , les consuls de 
Romans , après une tentative inutile auprès de maître Andriea , médecin de 
Crest, firent un traité avec Pierre de Poys , chirurgien de Tournon, qui 
s'obligea à demeurer à Romans , moyennant trente florins par an pour le 
temps 011 la peste ne régnerait pas , et quinze florins par mois en temps 
de peste. On craignait sans doute le retour du fléau , qui heureusement ne 
se montra de nouveau et pour la dernière fois que plus d'un siècle après , 
en 1628. Voyez h la suite du mémoire , lettre y^, le texte latin de ce traité. 

"2 — Mémoires sur Romans , p. 152. 

3 — Mémoires sur Romans , p. 135, 



7 
tefois , l'année suivante , à l'entrée de la saison des cha- 
leurs, époque où le fléau se ranime ordinairement, les 
craintes n'étaient point complètement dissipées ; l'appari- 
tion de quelques cas isolés dans les bourgades environ- 
nantes engageait à ne pas négliger les précautions de la 
prudence , et nous voyons , le 30 avril 1 508 , le Conseil 
de ville interdire pendant plusieurs jours toute communi- 
cation avec Valence et prescrire diverses mesures de po- 
lice et de santé *. 

La sécurité revint enfin, et les habitants, heureux 
d'avoir échappé à un danger aussi imminent, songèrent 
à témoigner leur reconnaissance à Dieu et aux martyrs 
Se vérin , Exupère et Félicien , patrons de la ville , dont 
ils avaient invoqué la puissante intercession ^. Les reh- 
ques de ces généreux confesseurs de la foi, que saint 
Barnard avait transférées de Vienne à l'église de Romans 
dès sa fondation , y reposaient enfermées dans une châsse 
consacrée par la vénération des fidèles ; c'était donc une 
pensée populaire et pieuse que celle de célébrer leur 
martyre , et de reproduire aux yeux de tous les actes de 
leur vie et le tableau de leurs glorieux tourments. Les 
représentations de ce genre étaient alors en vogue sous le 
nom de Mystères^ et deux ans auparavant, aux fêtes de 
Pentecôte de l'année 1506, la ville de Vienne, métro- 
pole de celle de Romans, lui avait donné l'exemple en 
faisant jouer, de concert avec l'abbaye de St-Pierre, le 



i — Eegistres consulaires^ délibération du 4 mai 1508. 
2 — Mémoires sur Romans , p. 135. 



8 

Martyre des saints Phocas et Zacharie , dont la mémoire 
était aussi en grand honneur dans cette église *• 

La résolution prise, on dut s'occuper des moyens 
d'exécution pour une œuvre qui demandait beaucoup de 
temps, de soins et d'argent. On était en juillet 1 508. On 
voulait que la pièce pût être jouée aux fêtes de Pentecôte 
de 1 509, c'est-à-dire, à la fin de mai prochain. Dix mois 
pour composer le liçre du Mystère^ pour distribuer et 
apprendre les rôles , pour construire le théâtre et le garnir 
des décorations nécessaires, ce n'était pas trop; mais le 
zèle ardent de toutes les classes de la population, excité 
par le motif religieux qui les animait, suffit à cette tâche ; 
le Mystère fut représenté à l'époque que l'on s'était pres- 
crite. Le poème, si je puis me servir de ce mot , contenait 
à peu près trois mille vers ^; il était divisé en trois journées. 
En 1 7 8 7 , le manuscrit existait encore ; un article des Affi- 
ches du Dauphiné ^ , reproduit la même année par le 
Journal de Paris * , en donne une analyse très succincte 
et très peu flatteuse pour l'ouvrage. M. Dochier * paraît 
l'avoir connu également, et ce qu'il en dit n'est pas non 
plus de nature à en faire regretter la perte. Pour moi, je 
l'ai vainement cherché. Feu M. de Soleinne , qui avait 
formé une collection presque complète et si précieuse 
de pièces de ce genre , n'a pas été plus heureux , car sur 



1 — Delorme, Notice sur Schneyder , Vienne 1847, p. 32 et 35. Begis- 
tres consul, de la ville de Fienne de 1503 à 1506, p. 73. 

2 — Dochier, Mémoires sur Romans ^ p. 134. 

3 — 20 juillet 1787. 

4 — Année 1787, n*» 264. 

5 — Mémoires sur Romans , p. 134. 



9 

la foi de cet article du Journal de Paris que je viens de 
citer, il est question dans son catalogue * du Mystère des 
Trois Doms joué à Romans en 1 S 09, et M. de Soleinne 
le range au nombre de ceux quil na pu se procurer: 
inter desiderata. Il est donc très probable que nous 
devons renoncer à retrouver ce Mystère ; mais une heu- 
reuse circonstance ^ ma rendu possesseur d'un Mémoire 
ou compte écrit dans le temps même, et où sont rapportés 
jour par jour les arrangements pris, les. marchés passés, 
les sommes payées ou reçues pour la composition, la mise 
en scène et la représentation de ce drame. On y voit son 
auteur ou plutôt ses auteurs, le peintre décorateur, le 
machiniste, les salaires qui leur sont alloués, le prix et 
le produit des places pendant les trois journées, ce qui 
permet d en déduire exactement le nombre des specta- 
teurs ; en un mot , la dépense et la recette y sont si minu-- 
tieusement rappelées , qu'on peut calculer , on aurait dit 
alors à une maille et aujourd'hui à un centime près , tous 
les frais d'une semblable entreprise. Je n'ai rien trouvé 
d'aussi complet sur ce sujet dans les auteurs qui ont traité 
des Mystères et particulièrement de leur mise en scène. 
Le compte-rendu par Jean Binel à la nation d'Anjou 
en 1486 pour le jeu de la Passion de J. Michel ^; l'or- 
donnance des directeurs d'une autre Passion jouée en 
1 547 à Valenciennes , et qui , suivant M. Emile Morice, 



i _« T. 1", p. 148. 

2 — Ce manuscrit se trouyait dans les papiers de M. le chanoine St- 
Prix Enfantin , et noiadeinoiseile Nugues , son héritière , a bien voahi m'en 
faire don. 

S — Parfait, Hist, du Théâtre-Français , t. 2 , p. 259. 



10 

établit en quelque sorte le budget d'un Mystère * , se 
bornent , le premier à donner la somme contributive de 
cette nation dans la dépense totale ; la seconde , à fixer 
le prix d'entrée du spectacle et à prendre des mesures 
soit pour la police du jeu , soit pour le règlement du gain 
ou de la perte. Mais ce sont des dispositions très géné- 
rales qui ne nous indiquent pas d'une manière positive ce 
que le Mystère a coûté , ce qu'il a produit. Le Mémoire , 
au contraire, prend l'œuvre, sous le rapport pécuniaire et 
matériel, à sa naissance , la suit dans tous ses détails et la 
conduit à son dénouement. C'est à la fois le budget et le 
compte de la pièce des Trois Doms. A ce titre, ce ma- 
nuscrit offre plus qu'un simple intérêt de localité; il peut 
être considéré , ce me semble , comme un document pré- 
cieux pour l'histoire de l'art, et ce motif m'engage à le 
donner au public en le faisant précéder d'un récit des faits 
que j'en extrais, et en l'accompagnant de quelques notes 
qui doivent servir d'éclaircissements. 

Au mois de juillet 1508 (le jour est en blanc), les 
membres du chapitre de St-Barnard, les consuls et plu- 
sieurs habitants notables de Romans réunis en assemblée 
générale arrêtent unanimement de faire représenter aux 
prochaines fêtes de Pentecôte le jeu des Trois Martyrs 
Severin, Exupère et Félicien, patrons de l'église et de 
la cité. Le Chapitre prend à sa charge une moitié de la 
dépense et la ville l'autre. Les religieux de St-François, 
les pères Cordeliers, jaloux de témoigner leur empres- 

1 — Emile Morice , Revue de Paris, 1855, n" 2 , p. 78. 



II 
sèment et de s'associer à cette œuvre pieuse, offrent la 

cour de leur couvent, local très favorable pour y cons- 
truire le théâtre. Ils contribuent également de leurs de- 
niers en avançant aux consuls une somme de deux cents 
florins * qui vint fort à propos en aide aux finances de la 
communauté, très obérées par les sacrifices que lui avaient 
imposés les ravages de la peste et les calamités de toute 
espèce que ce fléau traîne à sa suite. Diverses confréries, 
celle de St-Sébastien , de Notre-Dame de Grâce, de 
St-Barnard, celle des Marchands qu'on appelait l'ab- 
baye des Marchands ahhatia Mercatorum , suivirent cet 
exemple et apportèrent aussi leur tribut. 

Pour surveiller l'ensemble et les détails de cette vaste 
opération , six commissaires sont désignés , trois par le 
chapitre et trois par la ville : les premiers, messire Benoît 
Chastillon , chanoine , messire Claude Conton , habitué , 
et messire Antoine de St-Pierre , sous-clavier ; les seconds , 
Jean Vache, consul, Jean Sévin et Antoine Borgeois, 
notables. L'assemblée avant de se séparer donne mission 
à M. le chanoine Pra, de Grenoble, de faire le liçje du jeu 
des Trois Martyrs ; elle lui assigne à titre d'honoraires une 
somme de cent-cinquante florins, outre douze florins par 
mois pour sa dépense personnelle à Romans, et pour celle 
de son clerc ou secrétaire. 



i .^ Registres consulaires ^ délibérations des 51 décembre et i^^ janvier 
i508 ^ cette somme fut prêtée en écus au soleil et à la couronne , 6i écus 

sol à raison de 3 fl. i s. pièce 188 fl. i s. 

el 4 écus à la couronne à raison de 3 fl 12 m 

Total qui fut remboursé 200 fl. 1 s. 

L'écu sol , dans le mémoire , vaut tantôt 3 fl. , tantôt 3 fl. 1 s. 
Vojez à la fin , la note  bis. 



12 



C'est ce chanoine, dont le nom paraît ici pour la pre- 
mière fois, qui est l'auteur principal du Mystère des 
Trois Doms, et Louis Périer, juge royal, auquel M. Do- 
chier * l'attribue par erreur, y est complètement étranger. 
Du reste, la pièce n'existant plus (est-ce un bien, est-ce 
un mal pour l'auteur ? je ne décide pas) , la publicité très 
posthume donnée à son nom , après trois siècles et plus 
d'oubli, laisse sa mémoire entièrement désintéressée, et 
il doit renoncer à la part de gloire qui lui reviendrait, 
comme aussi il échappe à la part de critique qu'il encour- 
rait peut-être si son drame pouvait être lu et apprécié. 

Le chanoine Pra se met aussitôt à l'ouvrage ; il divise 
son sujet en trois journées, et le 14 du mois d'août il 
arrive à Romans apportant ce quïl açait fait au liçre du 
premier jour. Les commissaires se réunissent le lende- 
main à la maison de ville pour en entendre la lecture. Il 
paraît qu'il n'en furent pas satisfaits, car le même jour, 
1 5 août , ils dépêchent un exprès à maistre Chevalet , 
fatiste ou poète de Vienne , pour l'engager à se rendre à 
Romans et à travailler comme coadjuteur avec le cha*- 
noine Pra au livre des Trois Martyrs. 

Il ne s'agit plus ici comme tout-à-l'heure d'un nom 
obscur et ignoré , celui de Chevalet est connu ; c'est l'au- 
teur du fameux Mystère de St-Christophe, représenté à 
Grenoble en 1527 et imprimé en 1530 dans la même 
ville. Ce Mystère dut être son dernier ouvrage , et déjà à 
l'époque de l'impression Chevalet n'existait plus ; la qua- 
lification qui lui est donnée dans le titre de cette pièce: 
Jadis souverain maître en telle compositure^ prouve à la 

i — Mémoires sur Romans ,p, 153. 



i3 

fois sa mort et la célébrité dont il jouissait de son vivant, 
maiis cette célébrité ne lui survécut guère. Duverdier, qui 
écrivait à la fin du siècle dont le commencement avait vu 
fleurir Chevalet, le connaît à peine, et dit que son nom 
propre lui est incertain : soixante ans avaient suffi à une 
si profonde décadence. Toutefois, il ne faudrait pas en tirer 
une conséquence trop rigoureuse contre le talent per- 
sonnel du poète; deux causes, indépendantes jusqu'à un 
certain point du mérite de ses œuvres, avaient agi pen- 
dant cet intervalle et contribué puissamment à ce résultat, 
la réforme dans les idées religieuses qui avait décrédité 
particulièrement ce genre de composition, et le goût épuré 
du public qui Tavait banni de la scène. 

Quoi qu'il en soit, en 1 508 Chevalet était en possession 
d'une réputation qu'il devait sans doute à plus d'une heu- 
reuse tentative , et qui lui valut l'honorable message des 
habitants de Romans. Nous ne connaissons avec certitude 
aucun des ouvrages qu'il avait fait représenter jusques-là, 
mais le titre àefatiste ou poète de Vienne qui lui est 
donné dans le manuscrit, prouve que cette ville, en même 
temps qu'elle était son berceau , a dû être le théâtre de 
ses essais. Il me sera donc permis, sans trop de témérité, 
de lui attribuer le Mystère de la vie et du martyre des 
saints Phocas et Zacharie, qui y fut joué , comme je l'ai 
déjà dit, deux ans auparavant. Il l'aurait fait pour les 
moines de l'abbaye de St-Pierre, qui proposèrent eux- 
mêmes aux consuls de la ville la représentation de ce jeu 
dont ils avaient, disaient-ils , le liçre achevé dans toutes 
ses parties, quorum haberent librum completum. M. De- 
lorme qui, dans son intéressante notice sur M. Schneyder 



i4 

publiée récemment, a fait connaître le premier * l'existence 
de ce Mystère , pense avec beaucoup de raison que l'au- 
teur de ce drame pieux , qui se rattache à l'histoire reli- 
gieuse de Vienne , pourrait être un habitant de cette ville 
ou laïc ou ecclésiastique 5 et ce pressentiment vient à 
l'appui de ma conjecture. Chevalet est peut-être aussi 
l'auteur d'une Passion en huit journées donnée deux 
ans plus tard, en 1510, dans le jardin de la même 
abbaye de St-Pierre avec une magnificence et un succès 
que les registres consulaires de Vienne ne nous ont pas 
laissé ignorer ^. 

On comprend l'impatience avec laquelle un personnage 
aussi renommé était attendu à Romans, et tout le fruit qu'on 
s'y promettait de sa coopération. Il y vint, y passa quel- 
ques jours, et n'y fit rien. Sans doute son esprit indépen- 
dant ne put se plier au joug d'un travail commun. Che- 
valet, avec tous les défauts de son temps, qu'il outre 
encore, trivial, grossier, obscène, montre cependant 
dans le seul ouvrage qui nous reste de lui , une versifica- 
tion facile , de l'imagination , de la verve et un penchant 
décidé pour la satyre , toutes qualités qui expliquent fort 
bien son éloignement pour composer en société et pour 
se faire , comme on le désirait , le coadjuteur d'autrui : 
ce rôle répugnait à son caractère de véritable poète; aussi, 
après un séjour d'une semaine environ, reprit-il le che- 
min de Vienne , pour ce quil ne çolist pas , dit naïvement 



1 — Delorme, fifotice sur M. Schneyder^ Vienne 1845', p. 34. 

2 — Registres consulaires de Vienne de 1506 à i511, p. 72. Voyez à la 
suite du mémoire, lettre B ^ le texte de cette relation, que M. Delorme 
donne aussi dans sa brochure , p« 54. 



î5 

le manuscrit 5 besoigner açec le chanoine Pra^ et une 
indemnité de dix florins , non compris sa dépense, lui fut 
comptée pour son voyage. Nous verrons bientôt que 
malgré ce refus on eut encore recours à lui. 

Voilà donc le chanoine Pra réduit à ses propres ins- 
pirations , dont il n'était pas même tout-à-fait le maître , 
et qu'il devait soumettre de temps en temps aux lumières 
et au contrôle des commissaires romanais ; singulière ma- 
nière de travailler pour un auteur , et qui est probable- 
ment entrée pour beaucoup dans la détermination prise par 
Chevalet ; mais le bon chanoine s'y conformait avec une 
entière docilité. A des époques déterminées , et à mesure 
qu'un livre était achevé, les commissaires s'assemblaient 
à la maison de ville, et là, le chanoine leur en donnait 
connaissance. C'était ce qu'on appelait visiter le liçre. 
Ces visites furent fort répétées et accompagnées sans doute 
de nombreuses observations critiques, car nous voyons 
un article de dépense, le 28 janvier, pour relever plu- 
sieurs fautes au livre du second jour , et vers la fin de 
février des séances où l'on a vaqué de jour et de nuit pour 
adresser les livres du jeu, c est-à-dire pour y opérer les 
changements et les rectifications nécessaires. Le pauvre 
auteur devait faire là une triste figure , et son manuscrit 
devait sortir tout mutilé d'une si rude épreuve. Les cor- 
rections qu'on lui fit subir, furent telles, qu'il fallut le 
recopier en entier et refaire les rôles des trois jours, et 
qull fut alloué au chanoine, indépendamment de ses 
honoraires, une somme de neuf florins, juste rémuné- 
ration de ce surcroit de travail. 

Enfin, vers les premiers j ours de mars, la pièce était com- 
plète; les trois livres purent être transcrits sur la minute 



i6 
de lauteur par trois notaires, qui reçurent pour cette 

tâche un égal salaire de 28 sols chacun. C'est à ce mo- 
ment que les rôles durent être distribués. On sait, et les, 
exemples abondent à l'appui , que l'empressement était 
grand à figurer dans ces représentations solennelles ; 
ecclésiastiques et séculiers, nobles et bourgeois, et les 
artisans eux-mêmes, tous y apportaient leur concours; le 
nombre considérable de personnages dont se composaient 
ordinairement ces drames, permettait de satisfaire à beau- 
coup de demandes et laissait une grande lati tude dans la 
répartition des rôles ; on en comptait quatre-vingt-douze 
dans le Mystère des Trois Martyrs ; ce sont les Affiches 
de Grenoble de 1787 qui nous l'apprennent. 

Le mémoire , qui est plutôt un relevé de compte très 
exact qu'un procès-verbal de tout ce qui s'est passé , ne 
donne à cet égard aucune lumière. On y trouve seule- 
ment les noms de quelques-uns des acteurs à l'occasion 
des dépenses que réclamaient les scènes dans lesquelles 
ils figuraient, et tous ceux qui sont cités appartiennent 
aux premières maisons de la ville. C'est un noble, Etienne 
Combes des Coppes; un notable conseiller, J. Duclot; 
un jeune dignitaire du chapitre messire Bonnier, chantre 
dé St>-Bamard; enfin l'official lui-même, c'est-à-dire l'ec- 
clésiastique chargé des pouvoirs de l'archevêque de Vienne 
à Romans, et l'un des plus éminents personnages de la cité, 
non seulement avait accepté un rôle , mais encore il avait 
mis sa salle d'audience à la disposition des commissaires 
pour les répétitions. C'est qu'en eflfet le jeu de ce Mys- 
tère était aux yeux du peuple un acte pieux, et que ceux 
qui pouvaient y tenir utilement leur place se faisaient un 
devoir et un point d'honneur religieux d'y paraître. 



'7 

Nous allons maintenant laisser un peu nos acteurs étu- 
dier leurs rôles et se préparer pour le jour solennel de la 
représentation, et nous nous occuperons du théâtre même 
sur lequel ils devaient s essayer , et de la partie pour ainsi 
dire matérielle du jeu. Elle n avait point été négligée par 
les commissaires ; dès le 30 décembre 1 508, un marché 
avait été passé avec trois chappuis (charpentiers) de 
Romans : Jean Lambert dit Caffiot , Jean Roux et Pierre 
Perart , qui s'obligeaient à construire les échafauds et la 
plate-forme pour le Mystère des Trois Martyrs , ainsi que 
les châteaux, villes, tours, tornelles, paradis, enfer; à four- 
nir les grosses pièces pour les piliers des tentes et géné- 
ralement tous les ouvrages en bois concernant les ^mte5 
ou décorations , moyennant le prix de quatre cents douze 
florins. 

Ces travaux devaient être établis dans la cour du couvent 
des Cordeliers, emplacement offert, comme nous lavons 
déjà vu , par les religieux et accepté par la ville. Ce local a 
peu changé depuis trois siècles ; son nom a même survécu 
dans le langage ordinaire à la destruction du monastère , 
mais ses alentours et sa destination se sont singulièrement 
modifiés. 

Aujourd'hui, c'est une promenade fréquentée qui 
se lie par des sentiers habilement ménagés à la pro- 
menade supérieure, et sur laquelle s'ouvrent nos éta- 
blissements publics les plus importants : le tribunal de 
commerce, la mairie, la justice de paix, le collège 
communal d'un côté, et de l'autre , la salle de specta- 
cle ; c'est aussi , à certaines époques , le champ de ba- 
taille électoral de l'arrondissement; en un mot, c'est le 
centre du mouvement administratif de notre cité. Il n'en 



i8 

était pas de même au commencement du seizième siècle ; 
la cour des Cordeliers, silencieuse alors et isolée du 
tumulte 5 était fermée au couchant et au midi par de 
hautes murailles ; au nord , par une muraille aussi , à la 
place de l'Hôtel-de-Ville actuel, et derrière, sur le coteau , 
une vigne embrassant notre Champ-de-Mars et apparte- 
nant aux bons pères, s'étendait jusqu'aux pieds des 
remparts. Le fond , dans la partie orientale , au lieu où est 
à présent la Comédie, était occupé par le couvent et par 
l'église de St-François, grand et bel édifice dont la 
construction remontait à la dernière moitié du treizième 
siècle. Des ormes plantés de distance en distance abri- 
taient contre la chaleur les religieux qui venaient se 
reposer sous leur ombragé, et peut-être y méditer la 
parole de Dieu , dont plusieurs étaient , en ce temps-là , 
de zélés interprètes. Le choix dé ce local pour y jouer 
le Mystère des Trois Martyrs , vint faire une diversion 
momentanée au calme habituel qui y régnait, et pendant 
quelques mois la cour présenta l'aspect d'un vaste chantier 
où des ouvriers nombreux , et de professions diverses , 
concouraient à Tenvi par leurs travaux variés , au but 
commun , à l'érection et à l'ornement du théâtre. 

Quelle était la forme de ce théâtre? il me sera je crois 
facile de la décrire d'après les indications positives que 
me fournira le Mémoire, ou les inductions légitimes que 
j'en pourrai tirer; mais auparavant, je demande la per- 
mission de citer quelques passages d'une brochure de 
M. Emile Morice , sur la mise en scène depuis les Mys- 
tères jusqu'au Cid^ où il expose et motive parfaitement, à 
mon avis , les deux modes de construction adoptés dans 
les représentations de ce genre. 



ï9 
« On s est jusqu'ici formé une idée très imparfaite 

ce de la scène des Mystères, les renseignements histo- 

« riques à l'aide desquels seulement on peut espérer 

« de reconstruire ces étranges édifices, étant toujours 

c< tronqués , vagues et souvent en apparence contradic- 

« toires. C'est qu'en effet , la disposition généralement 

« adoptée n'était point tellement fondamentale et rigou- 

« relise , qu elle ne subît , selon les localités ou le ca- 

« price des entrepreneurs , d'importantes modifications. 

ce Les trois unités , et surtout celle de lieu , étaient 

c< absolument inconnues aux auteurs des Mystères, Leur 

ce action, véritable chronique dialoguée, progressive, 

ce multiple , n'admettait aucun récit , n'avait recours à 

c€ aucune ellipse de temps, ne supportait aucun évène- 

cc ment accompli hors de la vue des spectateurs. L'action 

ce était toujours, si l'on peut s'exprimer ainsi, par voies 

ce et par chemins , sautant continuellement d'un endroit 

ce à l'autre, quand, par surcroît, elle ne se passait pas 

ce en plusieurs endroits distincts à la fois. Pour que les 

ce spectateurs pussent se rendre compte de ces perpé- 

ce tuelles mutations, il fallait qu'elles s'exécutassent en 

ce réalité sous leurs yeux , sans quoi la pièce entière n'eût 

ce été qu'une longue charade en action. Or, il n'était 

ce que deux moyens possibles : ou que le théâtre changeât 

ce en elfet de décoration presque à chaque instant, ou 

ce qu'il offrît simultanément tous les lieux où les péripé- 

ce ties de l'action pouvaient conduire les personnages. 

ce Le premier moyen ne paraît jamais avoir été tenté par 

ce ceux qui exécutèrent les Mystères ; quoique l'art du 

ce machiniste ne leur fut point inconnu, comme on en 

ce a de nombreux exemples , peut-être n'était-il pas assez 



20 



ce perfectionné pour répondre aux exigeances de cette 
ce perpétuelle mobilité, et produire des changements à 
ce vue avec une telle continuité., qu'aujourd'hui même 
ce elle mettrait en défaut nos plus habiles machinistes. 
ce II fallait donc de nécessité absolue , adopter le second 
ce moyen, quelques difficultés, quelques invraisemblances 
ce qu'il en résultât , et montrer à la fois autant de scènes 
ce différentes et distinctes que pouvait l'exiger l'action, 
ce C'est aussi ce parti qu adoptèrent les Impresari des 
ce Mystères. Tant que dura la vogue de ce genre de 
ce spectacle, ils n'y renoncèrent jamais, et cette particu- 
ce larité donna à leur théâtre ces formes insolites dont 
ce la tradition s'est conservée dans ces tryptiques , 
ce promenés encore aujourd'hui de foire en foire par nos 
ce marchands de cantiques, et dont chaque case repro- 
«< duit un épisode de l'histoire de Saint Jacques ou de 
ce Saint Hubert. 

ce Entrons maintenant dans la description de cette 
ce scène, telle que devait la faire la nécessité de repré- 
cc senter à la fois une foule de lieux divers : paradis, 
ce enfer, temples , habitations , palais , chaumières , places 
ce publiques , campagnes et déserts. Le moyen le plus 
ce* simple de réaliser ce cadastre dramatique , c'était de 
ce disposer toutes ces décorations sur une ligne , comme 
ce les tableaux divers composant une galerie. Et , si l'on 
ce prend à la lettre certaines descriptions qui nous restent 
ce des représentations fameuses, il est évident que tel 
ce était dans certains cas la disposition du théâtre ; tout 
ce alors était de plein-pied , et pour peu que la série 
ce des lieux à représenter fut nombreuse , le théâtre 
ce atteignait en largeur des dimensions excessives et 



1t. 
ce pouvait embrasser la demi-circonférence d'une vaste 

« place publique; tel paraît avoir été , entra utres, le 

ce théâtre élevé à Rouen en 1474, aux fëtes de Noél , 

« pour y représenter le Mystère de V Incarnation et 

ce Nativité. Mais les proportions démesurées de cette 

ce forme de théâtre, et la nécessité pour l'intérêt du sujet, 

ce aussi bien que pour la commodité des spectateurs , 

ce de concentrer Faction dans l'espace le plus restreint 

ce possible , firent que généralement on adopta la division 

ce par étages. Dans cette disposition, le théâtre, formé 

ce de plusieurs étages , de galeries superposées, en retraite 

ce les unes des autres , ou perpendiculaires , s'élevait 

ce pyramidalement jusqu'à une grande hauteur ; chaque 

ce étage était affecté à une ville ou province, telle que 

ce Rome, Jérusalem , la Judée , et se subdivisait au moyen 

ce de cloisons , en un plus ou moins grand nombre de 

ce scènes partielles qui représentaient les diverses Ipca- 

ce lités , telles , par exemple , que le temple , le prétoire, 

ce le palais d'Hérode , etc. Qu'on se figure une maison 

ce haute de cinq ou six étages, subdivisée en un grand 

ce nombre de pièces, et dont la façade totalement enle- 

ce vée, laisse voir du haut en bas tout l'intérieur diver- 

ce sèment décoré , on aura une idée exacte de la forme 

ce du théâtre que nous venons de décrire. » 

De ces deux modes de construction , le plus simple y 

le plus économique , celui qui fut employé au Mystère 

de V Incarnation et Natii^ité^ à Rouen, en 1474, le fut 

également à Ronians , aux dimensions du théâtre près ,. 

bien entendu. Le Mystère des Trois Doms ne saurait 

se comparer par son étendue et par son importance à ces 

œuvres colossales de la Passion^ du çieil Testament , des. 



22 



Actes des Apôtres , dans lesquelles le nombre des lieux 
distincts à reproduire ne s'élève pas à moins d'une cen- 
taine, et dont la représentation se prolongeait quelquefois 
près d'un mois. Ses proportions plus modestes pymet- 
taient de se passer de ces étages élevés les uns sur les 
autres , et de se contenter d une scène de plein-pied , sur 
laquelle venaient se ranger, se juxta-poser en quelque sortej, 
les différents tableaux du jeu. D'ailleurs , nulle part dans 
notre manuscrit, il n'est question d'étages y et ce mot exis- 
tait cependant alors avec sa signification actuelle, comme 
on peut le voir par un document de 1 51 cité à la fin de 
cet o uvrage * . Celui à' établies ^ également usité au quinzième 
et au seizième siècles , dans la même acception , ne s'y 
trouve pas non plus ; le marché conclu avec les charpen- 
tiers les oblige seulement à construire une plate-forme 
(c'est la scène qui est toujours désignée ainsi); les châteaux , 
tours , tournelles et autres lieux qui doivent y figurer à 
côté et non au-dessus les uns des autres , et les échafauds, 
c'est-à-dire les gradins en amphithéâtre destinés au pu- 
blic ; c'est le sens évident de ce mot échafaudy que le 
mémoire en quelques endroits remplace comme un équi- 
valent par celui de pentes. 

D'après ces données, nous pouvons, je crois, nous 
faire une idée assez exacte de l'ensemble de ce spectacle ; 
il doit avoir été disposé dans le sens de la largeur et non 
pas de la longueur de la cour, afin de ménager plus 
de développement à la scène et d'en éloigner moins les 
spectateurs. Je suppose donc que la plate-forme aura 
été construite le long du mur méridional actuel, les 

1 »— Noyez à la fin du mémoire , lettre B, 



!l3 

échâfâuds se seront élevés circulairement par degrés vers 
le nord et tout à l'entour , et comme couronnement de 
l'amphithéâtre, auront régné les chambres ou loges fermant 
à clé , dont le mémoire nous a donné le nombre et la 
destination. Sur la plate-forme, figuraient les trois tours 
où étaient cantonnées les trois parties du monde : l'Europe, 
l'Asie et l'Afrique *, et les trois villes : de Rome, de 
Lyon et de Vienne , où se passaient les principaux événe- 
ments du drame. Dans le lieu le plus apparent , mais 
toujours sur la même ligne était placé le Paradis , pour 
lequel ordinairement on réservait tout le luxe des décora- 
tions; et au-dessous , TEnfer avec sa gorge profonde qui 
s'ouvrait de temps en temps pour laisser passage aux 
démons. Une immense tente en toile , fixée de trois côtés 
par des cordages à d'énormes piliers en bois , et du qua- 
trième , arrêtée par des crochets en fer au mur de l'église 
des Cordeliers, recouvrait tout cet espace et garantissait 
l'assemblée et la scène de l'ardeur du soleil et des atteintes 
de la pluie. 

Aux travaux des charpentiers se joignaient ceux du 
peintre décorateur ; on l'avait fait venir d'Annonay vers 
les derniers mois de l'année 1 508 ; il se nommait Fran- 
çois Tévenot , et dans le mémoire , il est presque tou- 
jours appelé Mestre Francès le peintre ; on lui alloua 
pour lui et pour son apprenti la somme de cent florins 
outre leur dépense personnelle ; il était chargé de pein- 
dre toutes les feintés ou décors; on lui fournissait les 
couleurs et les ingrédiens nécessaires dont il se pourvut 



1 — L'Amérique, récemment découverte, ne camptait pas cn^corc comme 
quatrième partie du monde. 



^4 
en grande partie à Lyon. Quatre mois entiers furent 

employés à cet ouvrage qui était achevé dans les premiers 
jours de mai, à l'époque où se fit la monstre générale 
du jeu dont nous parlerons tout à l'heure. Quelque 
temps auparavant , à la fin de mars , la besogne n'avan- 
çant pas au gré de l'impatience desRomanais, les commis- 
saires, dans la crainte qu'elle ne pût être terminée à 
temps 5 avaient appelé de Vienne (c'est toujours à cette 
ville qu'on avait recours ) , un autre peintre dont on ne 
donne pas le nom , pour seconder Maître François; 
mais, il paraît que celui ci redoubla de zèle et d'activité 
et promit de suffire seul à sa tâche , car le nouveau venu 
fut remercié et la ville en fut pour les frais du voyage. 

Quant aux pièces en fer nécessaires au mouvement 
des machines compliquées de ce genre de spectacle, le 
mémoire nous apprend que le plus grand nombre sortit 
des ateliers d'un serrurier de Romans, Amien Grégoire, 
mais les plus délicates, celles de l'exécution la plus diffi- 
cile , furent l'œuvre de Jean Rozier, horloger-mécanicien 
d'Annonay, que son compatriote , le peintre François , 
désigna sans doute au choix des commissaires , et qui 
fit, est-il dit, les feintes de fer. C'était le véritable ma- 
chiniste ; il reçut trente-trois florins pour son salaire. 

Pendant qu'artistes et ouvriers consacraient tout leur 
temps à l'établissement et à la décoration du théâtre , les 
acteurs s'appliquaient à l'étude de leurs rôles , et ils exer- 
çaient leur mémoire par des répétitions fréquentes. En 
moins d'un mois et demi, du 1 8 mars 1 508 au 29 avril 
1 509 ^, on en compte sept toutes suivies de la collation 

« 

i — L'unnée cominencail alors a Romans au 25 mars. 



d'usage : c étaient des gâteaux , du vin , des fruits. Nous 
voyons en effet par le manuscrit , que la moindre réunion 
pour le moindre sujet, soit à la Maison-de-Ville , soit 
ailleurs, était alors accompagnée de ces rafraîchissements 
obligés *. Ces répétitions, ou records avaient lieu, comme 
nous lavons dit, à lofiicialité ; le magistrat qui présidait 
à ce tribunal et y rendait la justice au nom de TArche- 
vêque , acteur lui-même dans la pièce , se prêtait avec 
empressement à en faciliter la représentation. 

Le costume était aussi l'objet de la sollicitude parti- 
culière des acteurs. Je crois qu'il était à leur charge ; cette 
dépense qui devait être fort considérable pour les quatre- 
vingt-douze personnages du Mystère, ne se voit nulle 
part dans le compte général. On y trouve bien quelques 
étoffes payées des fonds de la masse, et remises, est-il dit, 
à tel ou tel pour sa feinte ; mais on remarquera d'abord 
que la plupart de ceux qui les reçoivent sont des plus 
importants de la cité, et il n'est pas probable qu'ils les 
aient employées à leur usage personnel ; ensuite , 
indépendamment des rôles réels de la pièce, le théâtre 
présentait des personnages muets figurés par des man- 
nequins ; des idoles , par exemple , qu'il fallait revêtir 



i — Nous trouvons dans les registres de PHAtel-de- Ville que , d'après une 
coutume immémoriale , le compte annuel du receveur était suivi d'un dîner* 
£n 1513 , la guerre étant imminente et les circonstances très critiques , il 
fut décidé que le repas d'usage n'aurait pas lieu^ mais, afin que cette privation 
accidentelle ne tirât pas à conséquence pour l'avenir , on eut soin d'en con- 
signer les motifs dans une délibération , dont voici les principaux passages : 

« Vu la grande nécessité et charge du pays et le dangier en quoy le pays 
ce est à présent , le Conseil arrête que le disner accoustumé de feyre après 
cr la reddition des comptes tous les ans , soit pour ceste foys cassé et annullé, 
« sans préjudicier es statuts et bons usages sur ce accoustumés de feyre. » 
Registres consulaires ^ délibération du ^juillet 1515, 



!l6 

d'habillements souvent très somptueux et très cbers. C'est 
sans doute pour cette destination que les étoffes en ques- 
tion, qui sont ordinairement du satin ou du velours, 
avaient été achetées, et elles sont mises dans le compte 
sous le nom de l'acteur principal de la scène à laquelle 
appartenaient ces espèces de statues. Hors ces rares ex- 
ceptions, on peut affirmer que tous ceux qui ont joué 
dans la pièce se sont habillés et accoutrés , comme on 
disait alors, à leurs frais. 

Au commencement de mai , grâce à l'activité déployée 
jusques-là, tout était disposé pour faire la monstre du jeu. 
Cette cérémonie était bien difierente du cry ou procla - 
mation qui se faisait au début et avant l'étude du Mystère 
et qui avait pour objet principal d'en donner connaissance 
au public et de trouver des acteurs capables et de bonne 
volonté. La monstre supposait au contraire les préparatifs 
delà mise en scène presqu achevés , les rôles distribués et 
appris et la pièce sur le point d'être jouée. C'était, en 
quelque sorte , un échantillon offert aux yeux du peuple 
de toutes les magnificences que Ton devait prochaine- 
ment étaler à la représentation véritable du Mystère. A 
un jour fixé (à Romans ce fut le six de mai) tous les ac- 
teurs à cheval et revêtus du costume de leurs personnages 
se réunissaient , au son de la trompette et au branle de 
toutes les cloches, et cette brillante cavalcade parcourait 
ainsi la ville , s'arrêtant de temps en temps sur les princi- 
pales places , et annonçant officiellement à la foule ce 
qu'elle savait déjà depuis longtemps, le sujet du drame, 
l'époque du jeu, et sans doute aussi le prix des places et 
toutes les mesuresde police arrêtées pourles trois journées. 

Le mémoire ne parle de la montre qu accidentelle- 



j 



27 

ment, à loccasion d une collation qu'on n'aurait eu garde 
d'oublier ce jour-là, et qui y est portée comme article 
de dépense ; mais voici un extrait d'un procès-verbal * re- 
latif à un Mystère de St-Martin , composé par Andrieu de 
la Vigne , poète du roi Charles VIII , et joué à Seurre en 
Bourgogne en 1496, quelques années avant celui des 
Trois Doms. Cet extrait suppléera, je l'espère, facilement 
aux renseignements que l'objet spécial et tout financier 
de notre manuscrit n'a pas permis d'y recueillir sur ce 
point. 

« A la louenge, gloire, honneur et exaltacion de Dieu, 
« de la Vierge Marie et du très glorieux patron de ceste 
ce ville de Seure Monseigneur Saint-Martin, Tan mil quatre 
ce cent qiiatre vingt et seize, le neutième jour du moys 
ce de May, avant-veille de l'Ascension , se assemblèrent 
ce en la chambre, Maistre Andrieu de la Vigne, natif 
ce de la Rochelle, facteur du Roy, vénérable et discrète 
•c personne Messire Oudet Gobillon^ viquaire de l'église 
c< St-Martin du dit Seure, honorables personnes Au- 
ce bert Dupuys, Pierre Loiseleur, Pierre Goillot, Georges 
ce Tesote, Pierre Gra vielle dit Belleçille^ bourgeois, et 
ce Maistre Pierre Mazoye ^ , recteur des escolles pour 
ce lors du dit Seurre , lesquels marchandèrent de leur 

1 — Manuscrits de la bibliothèque du Roi, no 51 , Fonds , La Vallière. 
M. Achille Jubinal a publié ce procès-verbal pour la première fois, Mystères 
inédits du 15"*« siècle , t. i*»", préf. xliii. 

2 — II est à regretter que le procès-verbal ne fasse pas connaître le 
prix convenu avec Andrieu de la Vigne pour la composition du Mystère de 
St-Martîn ; on aurait pu le rapprocher de celui qui fut alloué au chanoine 
Pra pour le Mystère des Trois Doms , et cette comparaison aurait offert d'au- 
tant plus d'intérêt que les deux ouvrages embrassant chacun trois journées , 
devaient être à peu près de la même étendue. 



a8 

« faire et composer ung registre auqael seroit couchée 
ce et déclairée par personnaiges la vie Monseigneur Saint- 
ce Martin en façon que à la voir jouer le commun peuple 
ce pourroit voir et entendre facillement comment le noble 
ce patron du dit Seurre en son vivant, a vescu sainte- 
ce ment et dévostement; lequel registre fut fait et com- 
ce posé ainsi qu'il appert cinq sepmaynes après le dit 
ce jour 

ce Quand le dit jour pour faire les monstres fut venu, 
ce on fit crier à son de trompette que toutes gens ayant 
ce parsonnages du dit Mystère s'assemblassent à l'eure de 
ce mydi en Lomhardie * chacun acoustré selon son par- 
ce sonnage. Après lequel cry faict se rendirent les dits 
ce joueurs audit lieu, et furent mys en ordre l'un après 
ce l'autre, monstre, acoustré, armé et appoincté si très 
ce bien , qu'il estoit impossible de mieux , et est assavoir 
ce quils estoient si grand train que quant Dieu et ses 
ce anges sortirent du dit lieu chevaulchant après les au- 
ce très, les deables estoient desjà oultre la tour de la 
ce prison près de la porte du Chevaut blanc, prenant 
ce leur tour par devers chelz Perrenet dePontoux, au 
ce long du marché aux chevaulx, devant à la maison 
ce Monsieur le Marquis par auprès des murailles, et de 
Cl là tout le long de la grant rue jusques au lieu que dit 
ce est, et n'y avoit de distance de cheval à aultre deux 
ce pielz et demy, et se montoyent bien à environ neuf 
ce vingts chevaulx. Laditte monstre faicte, etc. « 



i — Halle aux fripiers. 



^9 

Le lendemain de la monstre, le 7 mai , eut lieu le der- 
nier recors la répétition générale. Là, un scrupule un 
peu tardif s'empara des commissaires. L'œuvre du cha- 
noine Pra, même après avoir été si souvent retouchée, 
leur parut demander, dans une partie du moins, un 
nouveau remaniement. A leur avis , les rôles des quatre 
tyrans laissaient beaucoup à désirer. Sous quel rapport? 
En l'absence de la pièce , il n'est pas facile de le dire. 
Peut-être le chanoine ne les avait-il pas tracés avec des 
couleurs assez vigoureuses , et avait-il fait de ces person- 
nages des tyrans trop débonnaires. Quoiqu'il en soit, 
on résolut de faire radouber ces rôles : c'est l'expression 
qu'on emploie , c'est-à-dire de les renforcer , et , malgré 
le refus récent de Chevalet de coopérer au Mystère des 
Trois Doms , ce fut encore à son talent qu'on eut recours 
en cette circonstance , tant était grande , il faut le recon- 
naître, la réputation dont il jouissait à cette époque. 

Etienne Combez des Coppes, noble romanais, lui fut 
donc député à Vienne ; il y passa quatre jours, et cette 
fois le poète se prêta certainement au travail qu'on lui 
demandait, puisque le compte porte sept florins baillés 
à Mestre Cheçalet^ indépendamment de quelques repas 
pris par lui et payés à part. Ce Combez jouait un rôle 
dans la pièce; nous l'apprenons par un article de sa 
dépense. Il paraît que pendant son court séjour à Vienne, 
il avait fait une excursion à Lyon ; au retour de ce petit 
voyage , et avant de partir pour Romans , il profita de 
l'occasion pour faire corriger par Chevalet son rôle par- 
ticulier en aulcuns passages et ce rhabillage , comme il 
l'appelle lui-même dans la note écrite et signée de sa 
main et annexée au compte général , lui coûta un teston , 



3o 

pièce de monnaie équivalente à neuf sols ou aux trois- 
quarts d'un florin. 

Les derniers jours qui précédèrent les fêtes de Pen- 
tecôte furent employés à terminer les préparatifs pour le 
jeu du Mystère. Le 1 5 mai, les commissaires, en personnes 
prudentes et avisées , font visiter par deux maîtres char- 
pentiers pris hors de la localité, l'un à St-Marcellin, l'autre 
à St-Antoine, les échafauds et le théâtre, afin de s'assurer 
de la parfaite solidité de l'ouvrage auquel cette épreuve 
fut favorable. Une sentinelle est établie à la porte prin- 
cipale de l'enceinte avec mission d'en écarter les simples 
curieux et d'en permettre l'accès aux seuls ouvriers que 
la foule trop empressée aurait gênés dans letirs travaux. 
Enfin arriva le grand jour de la représentation; j'aurai 
peu de chose à dire de la pièce^ et on le conçoit ; le ma- 
nuscrit se tait coniplètemënt sur l'effet qu'elle a produit, 
sur le jeu des acteurs, sur tout ce qui se rattache au 
poème; ce n'était pas là son objet. Faute de mieux, j'en 
suis réduit à l'analyse très courte et très superficielle 
qu'en a donnée en 1 787, dans les Affiches du Dauphiné, 
l'auteur d'un article qui avait le Mystère sous les yeux. 

ce II n'est pas possible , dit-il , d'assigner le lieu pria- 
« cipal de la scène , car il varie sans cesse ; et la durée 
ce de l'action n'est pas renfermée entre deux soleils, car 
ce des émissaires entreprennent et terminent de longs 
ce voyages pendant le cours de la pièce; la scène, ensan- 
ce glantée par le martyre des Trois Doms, tantôt est à 
ce Rome, tantôt à Vienne, tantôt à Lyon, d'autres fois 
ce dans les Alpes , et cependant le théâtre représente sans 
ce cesse l'Enfer et le Paradis, l'Europe , l'Asie et l'Afrique 
ce qui sont cantonnées dans trois tours. On y personnifie 



3i 

des êtres métaphysiques ; par exemple , dame Silence 
fait presque tous lés frais du prologue j Soûlas humain^ 
Grâce dwine et Confort diçin donnent du secours aux 

< héros de la pièce et de l'ennui à ceux qui la lisent. 
L'Enfer vomit des diables impatientans par leurs pro- 
pos orduriers ; ces diables n'ont que des sottises à dire 

c à la déesse Proserpine 5 qui, par un mélange singulier 
de la fable et de la religion révélée, vient aussi figurer 
sur le théâtre. 



ce Parmi les quatre-vingt-douze personnages qui pa- 

c< raissent dans le Mystère des Trois Doms , on voit la 

ce Sainte Vierge et Dieu le Père ^. Les noms de plusieurs 

ce de ces personnages sont d'une singularité remarquable ; 

ce il y a un Brise-Barre, un Ferragus , un Mache-Bourre, 

ce acteurs épouvantables , qui font parade de bravoure , 

ce mais qui prouvent qu'ils ne sont que cruels. 

ce Les reliques des saints Martyrs étaient aussi portées 
<e sur le théâtre de ces représentations ; il y a même sur 
ce leur translation une pièce en un acte qui n'a pas été 
ce jouée. 

ce On sait par qui les rôles du Mystère des Trois Doms 
ce étaient remplis , et l'on connaît le nom de l'auteur. L'of- 
c< ficial de la ville , un ou deux chanoines, un cordelier 
ce parurent comme acteurs. Cette pièce fut suivie d'une 
ce procession générale et terminée par un Te Deum. ^> 

L'orchestre des Trois Doms, à s'en tenir au Mémoire, 



4 — Le Mémoire nous permet d'y ajouter Jupiter pour qui fui acheté un 
dard. 



33 

aurait été de^s plus simples : quatre trompettes amenés à 
grands frais d'un pays étranger , de Valréas , et quatre 
tambourins pris dans la ville , auraient composé toute la 
musique du jeu. Cependant il est probable que dautres 
instruments en faisaient partie. L'orgue qui, au dire de 
M. E. Morice, figurait toujours dans le Paradis comme 
accompagnement indispensable des chants célestes, n'aura 
pas manqué sans doute à la représentation de ce Mys- 
tère, seulement le chapitre l'aura peut-être offert sans 
en réclamer le loyer, et le manuscrit, qui se borne à 
rapporter les sommes payées ou reçues, n'en aura pas 
fait mention *. 

J'abandonne au reste ces conjectures, pour arriver 
au détail de la recette des trois journées, et ici rien n'est 
donné au hasard ; tout est appuyé sur des chiffres. 

Les chambres ou loges furent fixées à trois florins 
la chambre pour les trois jours. Il y en avait quatre- 
vingt-quatre fermant à clé , mais on n'en porte en recette 
que soixante-dix-neuf , cinq ayant été cédées gratuite- 
ment, une à Messieurs les Cordeliers, propriétaires du 
local , une aux charpentiers constructeurs du théâtre ; une 
aux commissaires, dont ils n'usèrent pas et qui resta à 
louer; une au peintre François Tévenot, qui la prit à 
compte pour loger certains de ses amis ; enfin une der- 
nière qui fit double emploi ; c'est un nommé Claude 
lo Pignère (le peigneur de chanvre sans doute) qui les 
eut toutes deux et qui profita de l'erreur. 



4 — A Vienne, à la Passion jouée en 1510, il y avait neuf trompettes , 
plusieurs autres instruments , des orgues et des chants. Voyez note B , à la 
fin. ) 



33 

Les soixante- dix-neuf chambres à 3 fl. 
montent à 237 fl. » s. 

Le 27 mai, le premier jour de Pente- 
côte , les échafauds ou les gradins furent 
mis à un sol par personnaige soit grant 
ou petit; la recette fut de. 153 A 

Le deuxième jour, le 28 mai, toujours 
à un sol par personne , le produit fut un 
peu moindre , seulement de 130 » 

Le troisième jour 29 mai, le prix des 
places fut réduit de moitié, et mis à un 
demi sol par tête; on fit 160 7 

Produit total de la représentation des 
trois jours 680 1 1 

On peut calculer très approximativement, au moyen 
de ces chiffres , le nombre des spectateurs qui assistèrent 
à cette représentation. 

Celui de l'amphithéâtre ou des gradins est positive- 
ment connu , savoir : à douze personnes par florin les 
deux premiers jours, et à vingt-quatre le troisième : 

Pour le premier jour 1 840 

Pour le deuxième 1560 

Pour le troisième 3847 

Pour les chambres, la base de notre opération est 
moins assurée; nous ne savons pas au juste combien 
elles contenaient de places, mais il est très probable, 
d'après le prix de trois florins pour les trois jours ou d'un 
florin par jour, qu'elles ne devaient pas en contenir plus 
de douze , autrement on y eût été à meilleur marché 
qu'à l'amphithéâtre , ce qui ne devait pas être. Ces cham- 
bres fermaient à clé, on pouvait y arriver à volonté; on 

3 



y était séparé du public et affranchi de la cohue et de la 
gêne ; on doit donc raisonnablement croire que le prix 
en était plus élevé cjue celui des gradins. Si ces observa- 
tions sont justes, il faut compter six ou huit places seule- 
ment par chambre, ce qui ferait sur les quatre-vingt- 
quatre toutes occupées, quoiqu en réalité soixante-dix-neuf 
seulement aient figuré en argent dans la recette, une 
moyenne d'environ six cents personnes ; en les ajoutant 
au chiffre de chaque jour, nous aurons : 

Pour le premier jour 2440 

Pour le deuxième 21 60 

Et pour le troisième 4447 

Total 9047 

Remarquons que le troisième jour, le prix étant di-* 
minué de moitié , le nombre des spectateurs des gradins 
a suivi la proportion inverse et a été double. Aux deux 
premiers jours, une partie des habitants s'abstinrent de 
prendre part au spectacle , et l'enceinte était loin d'être 
remplie. Ce fait, assez extraordinaire au premier aspect, 
et en présence de la curiosité publique depuis plusieurs 
mois si puissamment excitée , s'expliquerait peut-être na- 
turellement par l'état misérable de la population décimée 
et appauvrie à la suite d'une peste cruelle qui lui faisait 
un devoir de la plus sévère économie. Le résultat de ce 
troisième jour fut sans doute une leçon pour les direc- 
teurs du jeu ; ils durent regretter de n'avoir pas établi de 
suite la taxe modérée qu'ils adoptèrent plus tard , et qui , 
tout en ménageant les ressources des habitants les moins 
riches, aurait procuré une recette plus abondante. La 
ville de Vienne, l'année suivante, donnant une repré- 
sentation de la Passion y semble avoir rais à profit cette 



35 

expérience. Le prix des chambres y est, à la vérité, plus 
élevé quà Romans *, mais celui des gradins, c'est-à-dire 
des places réservées à la classe la moins aisée , n'y est que 
de deux liards ou d'un demi-sol. 

Nous avons vu que le produit des trois journées était 
de 680 fl. 11 s. 9 d. Après la représentation , cette somme 
fut portée à 738 fl. 1 s. 3 d. par la vente à l'enchère de 
différents objets débris du théâtre et des décorations, et 
cette recette fut loin de couvrir la dépense totale dont 
voici le chiffre : 

Payé aux charpentiers le prix fait du 
théâtre 412fl. 

Plus, à titre de supplément 
motivé par un surcroît de tra- 
vail 30 

Payé depuis le 14 août jusqu'au 
3 mars 1508 268 11 6 

Du 3 mars 1 508 au 26 mai 1 509 , 
veille de la représentation . . . . 352 2 7 

Du 30 mai au 9 octobre 1 509, jour 
du règlement définitif 673 10 1 

Total. . . .1737 7, 2 

A déduire la recette 738 13 

Reste à la charge du chapitre et de 
la ville 998 10 11 



442fl. >3S. >3d. 



Ainsi le Mystère joué à Romans a coûté dix mois de 



i — Ces chambres se louaient pour toute la durée de la représentation ; 
on payait à Romans trois florins par chambre pour les trois jours , et à 
Vienne quatre écus au soleil , ou douze florins pour les huit journées ; c'était 
par jour à Romans un florin , et un florin et demi h Vienne. 



36 
travail et 1737 florins. Si Ton veut savoir dans quelle 

proportion ont été rétribués ceux qui ont concouru à sa 

représentation , en décomposant cette somme on aura le 

résultat suivant. 

Composition du liçre des Trois Doms. 

Payé au chanoine Pra 
pour ses appointements . 1 59 fl. w s. w d. 

Pour huit mois de dé- 
pense à Romans j à 12 fl* 
par mois. ..... 96 » w 

Payé à Chevalet la pre- 
mière fois , tout compris. 15 2 9 

La deuxième. ... 12 3 » 

Pour 42 mains de pa- 
pier fournies au chanoine 
pour son manuscrit. . . 3 3 » 

Aux divers copistes des 
rôles 1 5 w w 

Total payé pour la com- 
position du Mystère. . . 300 8 9 300fl.8s.9d. 

TTièâtre , hois et fer , tentes et 

accessoires. 

Payé aux charpentiers 

le prix fait 41 2fl. >3 s. « d. 

Supplément . . 30 

Pour creuser sous la 



» » 



A reporter. . 300 8 9 



l 



37 

Report. . . 300fl.8s.9d. 



plate -forme et pour les 
fondations des échafauds, 
88 jours à 2 s. 6 d. . 18 5 » 

Autres travaux prépara- 
toires, orme arraché, etc. 1 8 » 

Frais de lacté passé 
avec les charpentiers payés 
à M® EscoflSler, notaire et 
secrétaire du Chapitre, w 9 « 

Frais de vérification de 
l'ouvrage 2 4m 

Payé à Guillaume Forés, 
pour les tentes. . 68 11 » 

A Leigre, pour le fer 
des échafauds, de la plate- 
forme et des chambres. . 7S 1 1 m 

Pour boucher les trous 
des gradins, clés perdues et 
refaites , porte d'entrée des 
gradins 3 9» 

Pour réparations aux 
murs et aux toits des Cor- 
deliers 31 10 >^ 



Total. . . 64.^ 7 >3 645 7 ^> 



Décorations , machines et accessoires. 

Payé au peintre Tévenot 
ses appointements et ceux 



A reporter. . . 946 3 9 



38 

Report. . . 946fl.3s.9d. 



de son apprenti. . 1 00 w » 

Sa dépense et celle de 
son apprenti .... 42 ^ « 

A l'borloger-mécanicien 
Rozier 33 « » 

Sa dépense pour un mois. 6 >3 w 

Couleurs , ingrédiens , 
journées employées aux 
décorations 474 1 5 

Aux quatre trompettes 
de Valréas 50 w w 

A l'exprès qui fit le 
voyage de Valréas ... 4 ^ » 

Aux quatre tambourins 
de Romans 36 » w 



745 1 5 745 1 5 



Dépenses générales. 

Payé à Sanche Dijon , 
bourgeois de Romans , 
qui remplissait les fonctions 
de directeur du jeuj quatre 
mois à 4 fl. 6 s. par mois. 18 ^y « 

Les commissaires ne 
reçurent rien, mais trois 
d entr'eux ayant été prépo- 
sés après le jeu au règle- 
ment de tout ce qui restait 



À reporter. . 1 691 5 2 



à payer et à surveiller, on 
leur alloua, sur leur deman- 
de, 1 florin à chacun pour 
trois mois 3m» 

Payé à Jehan Milliart, 
ses appointements comme 
receveur du jeu . . . 11 w » 

Payé pour toutes les 
collations 13 7 >3 



39 
Report . 1691fl.8s.2d- 



4S 7 » 4S 7 



» 



Somme égale 1737 



w 



Avant de passer à la lecture du Mémoire, on sera, sans 
doute, bien aise de connaître la valeur de ces 1737 florins 
convertis en monnaie actuelle , et de se faire par là une 
idée de la dépense que représente aujourd'hui cette 
somme. D'après un travail qu'on peut lire à la fin de ce 
volume * , le florin de 1 S 09 valait 8 fr. S 9 c. Ainsi, les 
1 737 fl. 2 d. font un total de 1 4920 f. 94 c. 

Le chanoine Pra 
a reçu pour ses hono- 
raires 255fl. >is. >>d. soit 21 90 f. 60 c- 

Chevalet ... 27 5 9 — 236 
Les copistes , y 

compris le papier . 18 3 » — 156 79 

— ^— ^— ~-— '— ^^-^^— — ^— ^^ - 

A reporter. . 300 8 9 — 2583 39 



1 — Voyez la note C sur la conTersion du florin de 1509 en monnaie du 
jour. 



4o 

RepoH. .300 8 9 soit 2583 39 

Le théâtre ( bois , 

fer, etc. ) a coûté. . 645 7 « — 5S45 50 

Les décorations et 

machines .... 655 1 5 — 5627 45 

Lamusiquedujeu 90 m « ^— 773 10 

Enfin j les dépen- 
ses générales ... 45 7 » — 391 50 



Totalégal. . . 1737fl.»s.2d.— 14920 f. 94 c. 






ilÉ-C^-^^ 








^^ CONCLVSION ET DESPENCE FAICTE 

PÔ LE lEV ET MISTERE DES TROY DOMS 

DE ROMÂS DE LAN iSop. 



IHS 




EMOYRE cornet lan 1508 & le jourdejiilliet 

furent afanbles Mefsieursde Chapitre, Mefsieurs 
de la chapelle San! Morys ^ de leglifse de Mons' 
Sant Bernart & les Cofses ' de la ville de Romans 
anfamble plufsieurs abitans de la dite ville en- 
tant qui fut conclus & conckiarêt tous anfamble de fere fere le 
liure pour joyer le jeu des Trois Martirs nomes fant Seuerin 
Exupere & Phelixien auefques les paches'yfy dcfous efcrlptes 
& déclarées & fut donne charge a Monfieur le chanoyne Pra * de 
Grenoble de fere le dit liure cornet code note recepte ^ par les 
mains de mettre Efcofery fecreteyre de Mefsieurs de Chapitre. 

Et primo fut dit que Mefsieurs de Chapitre & feux de Sanl- 
Morys payront la moytie de toute la mifse & defpance que fe 
fera lanl pour fere le dit liure que pour fere joyer le dit jeu fet 
ad sauoyr que Mefsieurs de Chapitre payront les deux tiers de la 
moytie, & Mefsieurs de la chapelle Sant-Morys payront le tiers 
de la moytie. Et par aufy la Ville payra lautre moyiie de la dite 
defpanre. 



1 — Voyez , à la fin , la note D. 

â — Consuls. 

3 — Les coDveDlions , mol patois dérivé du latin pactum. 

4 -^ Voyez , à la fin , la note E. 

5 — Reçue. 



44 

FI. S. D. M. 



de Vienne, tan pour fa venue que pour fon 
retour pour ce qui! ne volit pas befognier 
auefque le dit chanoyne Pra, môte x fl. yiij f., 
môte la moytie v iv 



>» 



Paye le dit jour a Pierre Lofte du Chapei 
Rouge de Romans pour les defpans du dit 
meftre Ghiuallet, môte xxj f., môte la moytye 
de la fome et ce pour la part de la ville. . . » x vj 



» 



Paye le xxvij™® jour doft pour ugne colacion 
fecta chez Mefsire Claude Gonton en vifîtant 
le Hure desTroys Martirs, môte ij f. iij d. et par 
aufsi môte la moytie » j j j 

Paye le darnier jour doft audit Honfieur le 
chanoyne Pra en deducion de ce que Ion luy 
pora deuoyr a caufe dudit liure la fome de 
XXX fl. , et pour aufsi monte la moytie. . . xv 



» » » 



Paye le dit jour a Giraud Guîgo ofte des 
troys Roes de Romans pour xviij jour pour 
les depans fet par le dit chanoyne et fon chi- 
ual a commenfant le xiv™^ jour doft et fini- 
fant le darnier jour doft , môte xij fl. et pour 
aufy môte la moytie vj » » » 

Paye le dit jour a meftre Jehan Aftier pour 
troys mans ^ papier pour fere le dit liure ^ 
môte ij f. et pour aufy môte la moytie la fome de » j » » 

Paye le iij jour de nouembre a Monfieur le 

Pagene xxvij iv vij j 



1 — Mains. 



45 

FI. S. D. U. 

chanoine Pra pour fes depans et de foncière pour ce 

qui fut acorde auefque iuy de luy payer chefcun 

moys xij fl. a comenfant fon terme le jour fant 

Syniond et Juda iv"^* de nouembre 1508 et pour 

ce Ion luy auenfat pour ung moys xij fl. et pour 

aufy môte la moytie v j » » » 

Paye ledit jour a Jehan Milliart pour troys mans 
fin papier pour fere le dit Hure, môte ij f. iij den. 
môte la moytie pour la part de la ville. . . . » j j j 

Paye le xiij*"* jour de nouembre a Ponfon RoUan 
en deducion des rôles dudit liure môle a la part 
de la ville la fomme de ij >» » » 

Paye le iv"* jour de décembre a Monfieur le 
chanoyne Pra pour les depans de ung moys a venir 
la fome de xij fl. et pour aufy môte la moitié. vj » 



Pagene xvj iij x » 



I — Porter. 

* — Aux Cordeliers. 

3 — Les répétitions. 



» » 



Paye le ix jour de décembre a mefl;re Jehan 
Âftier pour ugne peau de parchemyn pour courir 
les linres des Troys Martirs, môte vj liards et pour 
aufy môte la moytie » « i\ » 

Paye le xxiij de décembre a Ponfon Rollan en 
deducion des rôles du dit liure et fe pour la part 
de la ville la fome de ij » » » 

Paye le dit jour pour charbon pour pourter * 
o Gourdelliers * pour faire les record', môte ix 
liars, môte la moytie » j j \ 

Paye le xxx de décembre a Gaffiot, a Jehan Roux 



46 

FI. S. D. M. 

Roux et a Perart cbappuis pour le vynage * de 
ce quillon pris a preffet de fornir de boes et de 
fere les echafaux la fofne de vj f. , et pour aiifi 
môle la moytie » iij » » 



Paye le dit jour darnyer efcript pour ugne 
colacion fecla en la nieyfon de la ville quant Ion 
vaquet pour eferipre les articles du prefat des eclia- 
faux, môte xx den., môte la moytie » 



» 



Paye le fegond jour de januyer a Glaude Motias 
pour pourter deux lettres raifsoires lune a Mon- 
fieur de Cruas et laulre a meftre Francès le peyntre 
pour le fere venyr pour fere les feynles , môte vij f. ^ 
et pour aufy môte la moytie » iij vj 

Paye le v de januyer pour deux fomas ^ de 
boes et ung feys ' faguos pour fere les recors a 
rOffîciala *, môte ij f. viij den., et pour aufy môte 
la moytie » j iv 



» 



» 



Paye le vj de januyer a Monfieur le chanoyne Pra 
pour les depans de luy et de fon clerc pour ung 
moys a venir la fofne de xij fl. , môte la moytie. . vj » » » 

Paye le xj de januyer pour de cbarbon pour fere 
les recors, môte v liars, et pouf aufy môte la moytie » » vij j 

Pagene vj ix iij j 



1 — Pot de vin à Toccasion du marché fait avec les charpentiers. ( Lacombe , Diction- 
naire du vieux langage ; Roquefort , Glossaire de la langue romane* ) 

2 — Charges de bois. 

3 — Un faix de fagots. 

4 — ^ rofficialité , tribunal de l'archevêque de Vienne à Romans. 



47 

FI. S. D. M. 

Paye ledit jour pour troys homes les quieux * 
copareat les branches bafses des hormes des 
Courdelliers, niôte vj f., môte la moytie. ...» iij » » 

Paye le xxviij de januyer pour ugne colacion 
fecta en la ineyfon delà ville en releuantplufsieurs 
fauttes o iiure du fegond jour, môte ix liars^môte 
la moytie » j j j 

Paye le vj jour de feurieraMonfieur lechanoync 
Pra pour fes depans de luy et de fon clerc pour 
ung raoys a venir, la fofne de xij fl., et pour aufy 
môte ia moytie vj 



» » 



Paye le xvij de feurier pour boes pour fere les 
recors vj liars môte la moytie , . » » ix » 

Paye le xxiv de feurier pour defpance fecta en 
la meyfon de la ville et autre part pour ce que Ion 
a vaque certans jours et nuys pour adrefser le 
Iiure du premier jour, môte en dus les chandelles 
et fe outre les colacions dauant efcriptes , môte 
xxij f. iij den. et pour aufy môte la moytie . . • » xj j j 

Paye le premier jour de mars pour defpance 
fecta en la meyfon de la ville et autre part pour 
ce que Ion a vaque certans jours et nuys pour 
adrefser le Iiure des deux jours , môte enclus les 
chandelles iv fl. v f. v ]den. , et pour aufy môte 
la moytie y y ^"j j 

Paye le dit jour pour apointement fet auef- 
que Monfîeur le chanoyne Pra pour réfère les 



Pagene ix vj viij j 



t — Lesquels. 



48 

FI. S. I). «. 

roUes des troys jours encius les roUes de la 
tranlacion * , inôte ix fl. , et pour aufy môte la 
moytie la fome de . . iv vj >> » 

Some grofse les fine pagenes *darrieres efcrîptes que fe môte 
par compte fet le premier jour de marslan 1508 enlameyfoD 
de Monfieur Glaude Conton en la prelanfe de Monfieur Mefsire 
Jacques du Plaflre^ Monfieur Glaude Conton, Monfieur Anthoine 
de la Gorone, fieur Romanet Bourgonyon et Jehan Chonet, et fe 
môte la part de leglifse Ixvj fl. vj den. ^ et la part de la ville fe 
môte Ixvj fl. vj den. de la quelle fome leglifse a paye et fet fin de 
leur part et Jehan Milliart refsevor' de la ville a paye la part de 
la ville. 

Ensuit le compte defe que Ion a acheté a Lyon et autre 
part pour fere les feintes du jeu des Troys Mardrs le 
xiij™® jour de januyer lan 1508. . 

Et primo tornefol vj liv. iij quarts cofte par 
compte fet iij ij ix 




Plus ocre jaune vîj liv » vj » 



». 



» 



Plus feruza * xv liv vj j"j » '^ 

Plus efpongues * xij liv iv vj » » 

Plus foUies ® de fert blanches ce , môte. . xvj iij » » 

Pagene xxx vjij ix » 



1 — Il parait qu'indépendamment du Marljre des Trois Doms , le chanoine Pra avatl fait 
une |)ièce sur leur translation. L'auteur des Affiches du Dauphiné, de 1787 , dit qu'elle était 
en un acte et qu'elle ne fui pas jouée. 

2 — Les cinq pages , du latin pagina. 

3 — Receveur. 

4 — Géruse. 

5 — Eponges. 
i» — Feuilles. 



49 

FI. S. D. M. 

Pliii^ foliies dor fftoces troys grofses , môle, v iij » » 



Plus acque * ligne liv j x vj 



Plus orpiment vj liv j ^j 



Plus vermelhon vj liv ij ij » 



Plus or (in vj c , môle xvj 



cofton * 



i -r* i'igtiore la sigtiifîeation de ce mot. 

2 — Minitim , peiiilure rov^e. 

3 — La voiture , le porJ. 

4 — Coàteiil. 

4 



j» 



M » 



Plus myne * vj liv » xj » » 



j» 



n h )$ 



Plus or paly vj ce v'j vj » » 

Plus argent i j c » x » » 

Plus pour les dépens de meftre Francès le 
peyntre quil fit a Lyon » vj » » 

Plus pour la viture ' des coleurs defsus ef- 
criptes, môte j i^j vj » 

Plus acheté a Romans le xx jour de januyer 
lan 1508. 



Et primo quatre rames papier de trafse 

j vj » « 



Plus viij mans papier depyngifer cofton » viij » » 

Plus colle-forte xxxv liv. et demi, cofte. . iij vj » » 

Pagene xi iij vj » » 



5o 

FI. S. D. M. 

Plus quatre mornes * de fèrt pour les otys ^ 
de meflre Francès » U » » 

Plus paye a Maron pour oquns otys quil a 
fet pour les fufees et quarons ' » ix » 



» 



Plus a Coanera *pour deux tonbarelas ^ ter- 
ra grafse, roôte » iv » » 

Plus pour una fema que pourtat la dita terra. » » vj » 

Paye le y de feurier pour demy balaton ® 

charbon de pierra * j "j * 

Plus pour ugne fye ^ pour cubler plufsieurs 

méfiions ^ ^j ^ ^ 

Plus pour plufsieurs pos et houles * de terra. » v v » 

Plus pour ij liv. huille oliva » j ix » 

Plus pour ij liv. grefsa blanche » ij '* ^ 

Plus pour cordes et fils de Polomart. . . » ij vj » 

Plus pour deux balatons » j iij »^ 



Pagene ij vij vnj » 



1 — Quatre liens de fer. 

2 — Pour les outils. 

3 ~^ Fusées et traits d'arbalète , malras. 

4 — Mois patois , à queue noire ; c'était sans doute le sobriquet du Toiturier. 

5 — Mot patois , deux charges de tombereau. 

6 — Mot patois , petit baquet. 

7 — Je ne connais pas parfaitement la signification de ce root; d'après le sens du reste de 
la phrase , on devrait entendre par-là une sorte de tamis pour passer différentes mestions ou 
mélanges. Le mot ciibler qui s'y trouve aussi est en patois l'infimtif du verbe français cribler, 

8 — Pots et marmites ou vases de terre ; houle , mot patois dérivé du latin olla. 



5i 

FI. S. D. M. 

Plus pour ugne de pour an fermer les coleurs 
dedans ugne arche * » » vj » 

Paye le vj jour de feurier pour ung cubie * 
pour pafser le gyl ' » j » » 

Plus pour vij charges de gyt que Ion a acheté 
a Grenoble que cofte randu a Romans . . . vj » » d 

Plus pour deux balatons pour pourter le dit 
gyl » j "ij >» 

Plus pour ugnemafse pour rompre le dit gyt. » » iv m 
Plus pour demi liv. huille de noes ^. . . » » vj » 

Plus pour vj liv. chandelles pour ce que 
meftre Francès befognye de nuyt môte. . . » vj >» » 

Plus pour j liv. et demi fyes * pour fere les 
pinfeaux » j vj » 

Plus pour j liv. et demi fils d'arbalefle pour 
fere oqunes cordes ^ U ^j '' 

Plus pour ugne palle de boes ® . . . . » » iij » 

Paye a Jehan Roze pour ix jours et demi 

Pagene vij j x » 



1 — Un coffre. 

2 — Mot patois , un crible. 

3 — Le gjrpse ou plAtre. 

4 — De noix. 

5 — Soies de porc dont on faisait les pinceaux. 

6 — Une pelle de bois. 



D2 

FI. S. D. M. 

quilla vaque tan pour pâter ' la terre grafse 
que pour piquer et pafser le gyt par compte 
fet le ix de feurier, môle j ^j ^j ** 

Plus paye a Guillaume Molin pour deux 
jours quilla vaque pour piquer le dit gyt. . » iv » ^ 

Plus paye a Guigo le carlièr pour troys jours 
quilla vaque pour eyderameftre Francès pour 
compte fet le X de feurier, môte » \ vj » 

Plus paye le x de feurier pour faguos pour 
fere feu pour defachier * les moles ' de perfo- 
nages des feyntes, môte j» v » » 

Paye le dit jour a Lorens Gontier pour ugne 
dozena linfoux ^ de troys telles ^ pour les dites 
feyntes que cofton v » » » 

Paye le dit jour a Anthoinç Mornet pour 
ugne rame papier du gros epinglier de la 
petite forme pour les dîtes feyntes . . . . j vj » » 

Paye le dit jour a Eray Olivyer de fant An- 
thoine pour ugne rame et demi papier de la 
grant fourme et fort blanc pour les dites 
feyntes, môte i'j >' »> * 



Paye le ditjour pour ugne liv. fyra gommât 

Pagene xij viij » » 



1 — Pour pétrir. 

î — Pour sécher. 

^ — Les moules des personnages des décorations. 

4 — Pour une douzaine de draps ou linceuls. 

5 — De trois toiles. 



53 

FI. S. U. M. 

que prit niellre Francès de Jehan Milliarl , 

môte » iv >» » 

Paye le xv de feurier a Romanet Bergonyon 
pour ce que Ion ly donat charge dacheter en 
Auîgnyon finquante liv. fopeflre ^ & pour 
XXV liy. fouffre jaune , môte par compte fet 
enclu la vytura & randu a Romans la fome 
de viij vj îij w 

Paye le dit jour a mettre Amyen Gregoyre 
pour xix liv. & demi pour goufses & frètes de 
fert * pour les dites feyntes, môte . . . . j vij vj » 

Plus paye le dit jour pour ugne bachafse '• >' j » v 

Plus le dit jour a Bifsa lartillieur pour ung 
patron de garot de boys » » vj » 

Paye le dit jour pour ugne liv. fils de Polo- 
mart outre le dauant efcript » j iij » 

Plus paye le xvij de feurier a Guigo le car- 
der pour vj jours quilla vaque pour eyder a 
mettre Francès & fe ôtre les journaux dauant 
efcript , môte j ix » » 

Paye le dit jour a Jehan Roze pour vj jours 
quilla vaque pour eyder a mettre Francès & fe 
outre les jornaux dauant efcripts^ môte • • j » » » 

Pagene xiij v vj » 



1 — Salpêtre. 

2 — Pour liens et anneaux de for. 

3 — Mot patois : petit bassin en bois ou en pierre. 



54 

FK S. D. ■. 

Paye le xix de feurier pour xviij fas de char- 
boD pour defacher les moles de feyntes, môte. » vîj vj » 

Paye le dit jour pour quatre dozenes de ba- 
fanes jaunes de cuyr pour fere les cors des 

feyntes , môte v » » » 

• 

Paye le xx feurier a raeftre Âmyen Gre- 
goyre pour xx liv. dourage de fert pour les 
feyntes pour les tours & fe outre la fome dauant 
efcripte j viîj » » 

Paye le xxij de feurier pour ugne rama 
etrafse blanche pour les dites feyntes ...» v » » 

Paye le xxiîj de feurier a mettre Amyen Gre- 
goyre pour xj liv. frètes & autres ourages de 
fert feâes pour les dites feyntes & fe outre les 
fomes defsus efcriptes , môte » xj » » 

Plus paye le xxiv jour de feurier a Guigo le 
Cartier pour vj jours quilla vaque pour eyder 
a meftre Francès & fe outre les journaux dar- 
riers efcripts , môte j ix » » 

Plus paye le dit jour a Jehan Roze pour tJ 
jours quilla vaque pour eyder au dit meftre 
Francès & fe outre les journaux damiers ef- 
cripts, môte .... j » 



M » 



Plus paye le dit jour pour xj liv. fine ar- 
cana * a Blafy Dupeyn , môte » vij vj » 

Pagene xij » » » 



1 — Arcane , mot patois qui signifie sanguine t sorte de schiste d'un rouge foncé qui sert 
à polir les métaux et dont on fait des crayons. 



55 

FI. S. D. H. 

Plus le dit jour a Falquat pour viij pos vin 
eygre, môte » iv » » 

Paye le dit jour a meftre Francès le peyntre 
pour aler Anonay pour acheter ocunes fer- 
rementes pour les dites feyntes >^îj iv 



» }> 



Paye le dit jour pour gros boes et pour 
faguot pour efnyer les dites feyntes, la fome 
de ij » ix » 



En grofse les fomes darnierement efcriptes en troys follies 
que Jehan Milliart a fourny par compte fet le premier jour de 
mars lan 1508 en la meyfon de Monfieur Glande Conton en la 
prefance de Monfieur Mefsire Jacques Duplaftre, de Mefsire 
Claude Conton, Mefsire Anihoine de la Coronne, Romaoet 
Bei^onyon et Jehan Chonet^ quefe monte cxxxv fl« xj H v j den., 
monte a la part de l'eglifsa Ixvij fl. ix f. xj den. , et autant a la 
part de la ville que le dit Jehan Milliart a paye pour la dite ville, 
et paye l'eglifsa fa part. 




jËNSUiT le compte de fe que Jehan Chonet a deliure au 
nom de Mefsieurs de chapitre et de la chapelle fant Mo- 
rys et de la ville et fe outre les fomes contenues par 
les comptes y fy dauant efcripts an fetuy prefens liure. 

Et primo paye le tiers jour de mars de lan 
1508 a Guigo le cartier pour vj jours quilla 
vaque pour eyder a meftre Francès le peyntre 
el fe outre les autres jours , et fe môte la 
fome de j 



IX » » 



Page ne j ix » » 



56 

FI. S. D. M. 

Paye le dit jour a Jehan Roze pour vj 
jours quilla vaque comment defus, môte. . j » » » 

Paye le dit jour Âmyen Gregoyre pour plw- 
iîeurs ferrements de fert pour les tours et 
tornelles et autres angins pour les dites feyntes. » y vj » 

Paye le dit jour pour ugne charge terre 
grafse, môte » j » » 

Paye le dit jour a Franfon Dachier pour 
ugne grant pierre carra pour efuyer les pou- 
dres, môte » iij iij » 

Paye le dit jour a Jehan Milliart pour fil de 
fert, nionle » ij iij >* 

Paye le dît jour pour ung quart fil de loton 
acheté de lepinglier » m ix » 

Paye le dit jour a Romanet Bourgonion 
pour X onces fil blanc de coton '^ iij vij j 

Paye pour ôles de terra le dit jour. ... » J ^j ■ 

Paye a Bifsa le dit jour pour ung dart pour 
Jupiter » ij » » 

Paye le vij™® jour de mars a Jehan Milliart, 
pour deux liv. verdet pour les dictes feyntes 
la fome de » x » » 

Paye le ix™" jour de mars a Monsieur le cha- 
noyne Pra pour le$ depans et defon clerc pour 

Pagene iij v x j 



57 

FI. S. D. 



uDg moys a venir la fome de xij » » 



» 



Paye le x"* jour de mars Amyen Gregoyre 
pour ferlaines barres et frêles et autres chofes 
de fert fectes pour les feyntes que pefsoDt ^ 
viij liv. , môte » viij » » 

Paye ledit jour , a Guigo le cartier pour vj 
jours quilla vaque pour eyder a meftre Francès 
le peynlre, môle j ix » » 

Paye ledit jour a Jeban Roze pour vj jours 
quilla vaque pour eyder audit meftre Francès, 
môle j»»» 

Paye ledit jour a BlafyDupeyn,pour boliar- 
miûi ^ et pour colon batu » j vj » 

Paye ledit jour pour huile de noes . . . j » » » 

Paye pour le manche de ung patron de 
quarol , ledil jour » » iv • 

Paye ledit jour pour deux pâlies de boes 
pour cbavar ' o Gourdelliers » » vj 



» 



Paye ledit jour pour fucre candi .... » » vj >» 

Paye ledit jour a Jehan do Peyie pour deux 
onces terra meryla ou nieryta *..... » ij » » 

Pagene xvj ix x » 



1 — Qui pèsent. 

2 — J'igoore complètement la signiftCiition He ce mol. 

3 — Mot patois qui signifie crettser la terre , et qui dérive sans doute du latin cavare. 

4 — Terre verte , couleur que l'on emploie h l'huile de lin. 



L 



58 

FI. S. D. M. 

Paye le xiv"** de mars a Jehan Roze pour 
deux jours quîlla vaque pour eyder a meftre 
Francèsie peynlre » îv » » 

Paye le xvlj™* jour de mars pour fere Ireyre 
et coper * le gros orme des Courdelliers que 
pour le fere rolar ^ de fora la plafse, môte 
par compte fet auefques Jehan Seuyn et An* 
thoine Mornet , la fome de j viij vj » 

Paye ledit jour a Guigo le carlier pour vj 
jours quilla vaque pour eyder a mettre Francès 
le peintre, môle j ix » » 

I 

Payelexviij™® jour de mars pour ugna cola- ; 

ciou que ion Bt a loBciala 'en feyfant lo recorl ' 

que fe monte » vij ix » 

Paye le xx™® jour de mars a meftre Efcofery 
fecreteyre de Mefsieurs du Chapitre pour le 
double quilla expédie contre les chappuis 
tochant le preffet des echafaux , la fome de . » ix » » 

Paye a Jehan Bogeloxxj de mars pour ugna 
peau de veau quilla expédie a mettre Francès 
le peyntre , que fe môte » vij » >/ 

Paye ledit jour pour vij liv. pâtes* ... » ij ix » 

Paye ledit jour Amyen Gregoyre pour xv liv. 

Pagene vj » » « 



1 — Pour faire arracher el couper. 

2 — Le faire rouler hors de la place ou de la cour des Cordeliers. 

3 — A l'officialité, 

4 — Mot palois qui signifie cAi/fbns. 



59 

FI. 8. D. H 

& demy fert oure , môte j *U ^j 



Paye le dit jour a Glaude Befonet pour xvj 
longues coreyes ^ de molon & pour un grant 
peau de moton , môte >» vj iij 



1 — Courroies. 

2 — Mot patois , pattlies. 

3 — Chandelles de cire. 

4 — Pour œufs. 

5 — Fournis. 

6 — Lonis le marchand de tTÎbles. 

7 — Pour le louage. 



» 



» 



Paye le dit jour a Moron pour quatre grans 
talyoles ' de noyer »v w» 

. Paye ledit jour a fieur Romanet Bourgonion 
pour vj Ht. chandelles de fyr ' pour meftre 
Francès. . . .' » yj » » 

Paye le xxiij de mars a Loys Bernart pour 
neteyer qtialre meyns de patron de pion, môle 
marche fet » vj » » 

Paye ledit jour pour eux ^ efpendis ' a 
meftre Francès le peyntre pour les coleurs , 
môte » j ix » 

Paye le xxiv de mars a Guigo lo cartier , 
pour vj jours quilla vaque auefques mettre 
Francès lo peyntre ....:.... j ix » » 

Paye le dit jour a Loys lo cublier • pour 
lo loyas ^ de deux jours de fon cbeual que lo 

Pagene v j vj » 



6o 

FI. S. D. 



feruiteur de meftre Francès le peyntre lo me- 
nas Anonaypouraler quérir oqune ferrements 
pour les feyntes, môle wv » » 

Paye le xxvj de mars lan 1509 Amyen Gre- 
goyre pour vj grans bojoux * & pour quatre 
grans platines de fert feâes pour paradis que 
pefsont XV liv. & demi , môte j iij vj » 

Paye ledit jour a Maron pour deux virolles 
pour paradis, môle » J 

Paye le xxviij de mars a Guillaume Pateru 
pour xj liv. colla noyra J j 



1) » 



» » 



Paye le dit jour audit Guillaume Pateru 
pour iv liv. alun , môte » v » » 

Paye lo dit jour a Anthoine'Mornet pour 
viij liv. lyege, môle » iv » » 

Paye lo xxiv de mars a Tbenemon lo merfier 
pour ugna peau de moton & pour vj liv. de 
retailles ' de cuyr » v » » 

Paye le dit jour pour demy liv. dhuyile de 
noes & pour un manche de boes pour lo pic 
de fert , môte » » ^'j » 

Le compte dos papiers que ay ballye a Monfieur 

Pagene iv j » » 



1 — Je crois que c'est le vieux mot français bougon , qui sigoifie verrou , boucle de fer, 
Laconibe , t. II. 

2 — Retaille de cuir. 



6i 

Fl. S. D. M. 

le chanoyne Pra pour fere tan le livre que 
rôles des Troys Doms. 

Primo j main papier pris le 30 de octobre 
1508 n )) ix » 

Plus deux mains papier le il de nouembre 
1508 * j ^'j » 



««» 



i^lus troys mans papier le xxj nouembre 

1508 X U "j ^ 

Plusquatremans papier le xxix de nouembre. » iij » » 

Plus deux mans papier le xix décembre . . »> j vj » 

Piusdeuxmanspapierlexixde januier 1508. » j vj » 

Plus troys mans papier le 30 de januier » ij iij » 

Plus quatre mans papier le 13 feurier . . » iij » » 

Plus cinq mans papier le 15 feurier ...» iij ix » 

Plus troys mans papier le 21 feurier . . . » ij iij » 

Item del pour vj mans do grant papier et ij 
mans do petit papier pour fere lesliures, pris le 

ij de mars J J vj '^ 

Item det pour j man papier pris le vj mars. » » ix » 

item det pour iv mans papier pris le xxix de 

mars » iij o >i 

Somme grofse iij fl iij f. 



i_ 



62 

PI. s. D. H. 

Item plus fe que a pris meftre Francès le 
peynlre, v mens papier trafse que pris Sanche 
le viij.de mars » j "j * 

Item det pour ugna aune rubau large me 
parte de foye pris le xvij de mars 1508 . . » ij 



» » 



Item plus det pour v liv. brefîl que pris le 
XX mars 1508 ij xj 

Somme grofse vj fl. vj f. 

Paye le xxx de mars pour deux grans oies 
et Iroys petites de terra » j "j 



» 



• • • • 



Paye le dit jour pour ugne liv. de polomart. » iij iij » 

m 

Paye le dit jour a Symonet pour deux mans 
papier depinglier de la grant forte , môte. . » ij » » 

Paye le dernier jour de mars pour vj omes 
pour cliauer de paradis en anfert deibus la 
plate forme, môte par compte fet auefques 
Sanche , la fome de j vj p » 

Paye lo dit jour a Guigo lo cartier pour vj 
jours quilla vaque aves meftre Francès lo 
peyntre j î* » » 

Paye le dit jour a Grant Jehan pour ung 
quintaux croches quilla efpendi o chappuis , 
môte par compte fet auefques fieur Jehan 
Vache j vj iv » 

Paye le fegond jour dauril pour plufienrs 

Pagene v iij x » 



63 

FI. S. D. H. 

fiolles de vere que meftre Francès le peyntre a 
fet fere , môle par compte fet, prefans fleurs 
ADlhoine Moraet et Sanche Dijon , la fôme de j j » » 

Paye le dit jour a Jaques Simond potier 
pour oqun curage de fert blanc que meftre 
Francès lo peyntre lui a fet fere » iij » » 

Paye le dit jour a Monfieur le cbanoyne 
Pra de Grenoble en deducion de ce que Ion 
Iny det pour fa vacation quilla fet comment 
cofte quittante de la fome de xxx » » » 

Paye le tiers jour davril a Micbaut Mufy 
de Perins , pour deux tefes * de boes pour 
efuyer les feyntes presen Benoyt Goffîo, la 
fome de ij m » » 

Paye le iv"® jour dauril a Claude Tliomet 
pour les dépens do peyntre de Vienne, lequieu* 
peyntre Ion auait fet venir pour eyder a meftre 
Francès et fut avife que Ion nen auet pas 
meftier ' et pour ce fut dit de luy payer fes 
dépens, môle . » iv » » 

Paye le dit jour a Jacques Bonteu Guenyer 
de Roman, pour v cors ^ feyns enclus certans 
cuyrs et colla que fe môte par compte fet, 
prefen fleur Jehan Vacbe , la fome de . . . xj w » » 

Paye le vij"" jour dauril a Guigo lo cartier , 

Pagene xliv vîij » » 



l — Pour deux toises de bois. 

4 — Lequel peintre. 

3 — Besoin. 

4 — Pour cinq corps saints. 



64 

Fl. S. D. H. 

pour V jours quilla raque pour eydera meftre 
Francès le peyntre, a reyfon de iij f. vj d. par 
jour, môte j v vj » 

Paye le dit jour a meftre Perdrychoo noteîe 
de Romans, pour copier le liure de la fegonde 
journée, la fôme de ij iv 



» » 



Paye le dit jour a meftre Jaques Beîfle noiere 
de Romans, pour copier le liure du premier 
jour , la fofiÊiie de ij ît » » 

Paye le dit jour a meftre Girart Rofl^ing 
noiere de Romans , pour copier le liure du 
tiers jour des Martirs, la fome de .... ij tv » » 

Paye ledit jour pour ung balaton et pour 
deux pales de boes pour delranper le brefilz. » j iij » 

Paye le dit jour pour demy liv. Gl de polo- 
martet pour demy liv. huiilede noes, môte. » j » » 

Paye le dit jour Amyen Gregoyre pour vj 
grans veroux et pour quatre grans barres de 
fert pour les trébuches que pefsoni ix liv. , 
môte ... » ix » » 

Paye le dit jour pour oies de terra ...» j » » 

Paye le dit jour o ferviteur de meftre 
Francès le peyntre, en deducion de ce que Ion 
luy pora deuoyr, la foine de 

Paye le ix™® jour daurilz pour une colacion 

Pagene ix v ix » 



l 



65 

FI. S. ' D. M. 

fe6b o recors a Toficialarie >> vij « » 



Paye le x"** jour daurilz a Jehan Rofier 
dAnonay, en deducion de xj efcus a reyfon de 
troys florins par efcu a caufe de plufieiirs 
ferrements et autres chofes nefeferes pour les 
feyntes quilla promis de fere dedans ung 
moys cornent cofte note recepte par les mans 
de Roman Tbome , et lui fut paye comptant 
ix florins en deducion de la dite fome defus 
efcripte et par anfy môte la fome de . . . ix » 



)) 



Paye le xj"** jour daurilz a Monfieur le cha- 
noyne Pra pour fes dépens de luy et de fon 
feruiteur pour le prefenl moys daurilz , la 
fome de xij 



).' )) » 



Paye le xij"* jour daurilz pour ugne co- 
lacion feâa quant Ion fit plufieurs memoyres 
pour trametre a Lyon pour auoir de fatyne- 
ryes ^ et de perruques et pour fere marche a 
Grant Jehan pour fournyr de faraliies' pour 
farrer les chambres des echafaux , que môte. » j \ » 

Paye le dit jour pour deux talyoles' de boes 
pour paradis 



w 1 » » 



J 



Paye le dit jour Amyen Gregoyre pour 
quatre grans barres de fert a claueta , pefsant 
vij liv. , pour lous trabuches ^ « vij 

Pagene xxij iv x » 



;) )» 



I — Etoffes de satin. 

4 — Serrures pour serrer. 

3 — Poulies. 

4 — Pour les trébucliots. 



/ 



66 

FI. S. D. M. 

Paye le dit jour pour ugna man fin papier 
pour meftre Fran ces lo peyn Ire ..... » » ix » 

Paye le dit jour o Veryer, pour ugna 
grofse pomma de verre pour Dieu le père 
et pour ugna fioUa » iv » » 

Paye le dit jour a Loys de la Faurya pour 
ugna liv. verdet » iv vj » 

Paye le xiv daurilz Amyen Gregoyre ^ pour 
crelre * quatre grans barres pour lous 
trabuches que pefsa troys liv., plus pour 
quatre dymy grans barres pour les grans 
trabuches que pefsont vj liv. et dymy, et par 
anfy môte » ix vj » 

Paye le dit jour a Guigo lo cartïer , pour v 
jours quilla vaque pour eyder a raeftre 
Francès lo peyntre , môte j v vj » 

Paye le dit jour xiv™* daurilz, pour ugna 
collacion feâa en feyfant lo recors a loficiak ^ 
môle » iij U * 

Paye le xv dauril pour ugna colacion feâa 
en feyfant lo recors , môte » v viij » 

Paye le xvij dauril pour quatre grans barres 
de fert pour la feynte de paradis que pefsont 

Pagene iij ix j » 



1 — Pour crotirc , alonger. 

2 — La répétition à rofticialilé. 



(J7 

• FI. S. I>. M. 

xxxj liv.^que Amyen Gregoyre efpeiidit le jour 

defus efcript ij vij » » 

Paye le dit jour a Guillaume Pateru, pour 
dymy liv. goma arabica et pour ij onces goma 
balgamine efpedy a nieilre Francès lo peyntre , 
iiiôte '' ^ij vj » 

Paye le dit jour Amyen Grégoire pour la fer- 
reura de troy peires dalles ^ dangel, marche 
fet a '' ^j » » 

Paye le dit jour pour una liv. huille de 
lioes efpedi a meftre Francès » » viij » 

Paye le dit jour a Blafy Dupeyn pour 
troys xij*^" follies blanches Êiuces, môte . » ijj ix » 

Paye le dit jour a Romanet Bourgonyon , 
pour ij ce petites taches ^ pour les cors feyns, 
môte ^ j » » 

Paye le dit jour o clotier pour demi c grans 
taches pour les dits cors feyas » » iv » 

Paye le dit jour a Glaudo lo mercier pour 
quatre liv. retallies de peau blanche, môte . » j » » 

Paye le xviij daurilz Amyen Gregoyre pour 
xiv fert et pour vij chauillies de fert pour les 

Pagene iij iv iij » 



i — Pour trois paires d'ailes d*anges. 

2 — Vieux mot frauçais qui signifie petit clou ou pointe ; il est dérivé de l'espagnol tacha» 
(Lacombe , t. i.) 



68 

FI. S. D. M. 

cors feynsy roôte marchefet a « v iij » 

Paye le xviij daurilz pour troys quarts fils 
de fert pour lesdiâes feyntesy luôte. ... » ij vj » 

Paye le dit jour Àmyen Gregoyre pour ugna 
fe(a * pour feyter les cors feyns , môte marche 
fet » viij » » 

Paye le dit jour a Thevenin lo merfier pour 
vj liv. pales *, môle » j vj » 

Paye le xviij daurilz a meftre Jaques Belle 
pour plufsieurs obliges ' quilla refept pour le 
dit jeu y môte par compte fet avec fieur Jehan 
Vache la iome de. » vij » » 

Paye le xx dauril o feruiteur de meftre 
Francès le peyntre en deducion de fon feruifse 
la fôme de îij » » » 



Paye le xxj daurilz a Jehan Roze et a Be- 
neyt fon compagnyon pour troys jours que 
ung chefcun deux ont vaque pour chauer ^ de 
fous la plate-forme 9 fet a fauoir jeudy van- 
redy et famedy que font en iome vj jours et 
fe outre plu£sieurs autres jours dariers efcript , 
môte par compte fet la Iome de j ^j ^ 



Pagene vj vj iij 



» 



• 



1 — Mol palois f une scie pour scier, 

â — Mol patois, cliiffoDS. 

3 — Pour plusieurs eiigagemeots. 

4 — Creuser. 



» 



[ 



69 

FL S. D. M. 

Paye le dit jour a Guigo le cartier pour vj 
jours quilla vaque de fête femeyna pour eyder 
a meftre Francès lo peyntre j ix » » 

Paye ledit jour a Claude Motyes pour aler 
Anonay pour apourter ugna partya des ferre- 
mentes que Ion a fet fere a Jehan Rofier dA- 
nonay pour les feyntes et a demore deux jours 
pour aler que pour le retour, môte. ...» vij vj n 

Paye le xxij dauril o guenyer de Romans 
lequiel prit charge daler a Vyenna pour fere 
fere ugne rapiera pour les feyntes , môte ce 
que je luy efpedis la fome de ' . j ^.j 



» » 



Paye le xxiij daurilz a meftre Perdijon pour 
ugna procura * que Ion fit a Àndrieu Dubois^ 
aliàs de Paris pour aler a Vaureas pour retenir 
les tronpetes » j 



» » 



Paye le dit jour au dit Andrieu de Paris 
pour les dépens de luy et de fon cheual pour 
quatre jours quil demora alan et retournan 
pour aler a Vaureas retenir les diâes tronpetes 
môteenclusv liars que Ion payet pourpourter 
la premiera lettra et par aufy, môte. . . . ij x iij » 

Enclus loblige' de les diâes tronpetes. * 

Paye a Petit Jehan larbaleftier pour le loyage 
de fon chiual pour quatre jours que menât le 

Pagene vj ix ix i> 



1 — Une procuration. 

2 — L'engagement. 



70 

FI. S. D. M. 

dit Andrieu, môle '^ vij >^ » 

Paye le dit jour au dit Andrieu pource qu'il 
deliura a Honorât tronpete de Vaureas, en de- 
ducion du marche quils firent enferable tan 
pour luy que pour fes troys compagnyons, la 
fome de iij » » » 

Comment cofte quittanfa. 

Paye le dit jour pour la colacion feâa o 
recors le xxj daurilz et pour la colacion feâa 
le xxij daurilz que fe môte en fome .•..*>' ix vij » 

Paye le xxij daurilz Amyen Gregoyre pour 
vj barres fort longues pour legrant trabuchet 
et troys fantures * pour les troys angels aues- 
ques les clauettes et quatre quantonyeres pour 
defandre de paradis que pefsa tout anfamble 
xxxix liv. j et pour ce je lui ay deliure la fome 
de "j *U " * 

Paye le xxvij daurilz pour xviij pos de vin , 
môte vj f. et pour troys f. que Ion leur deliura 
pour le peyn et chert ' afeux qui drefarent 
troys grans piefses de boes o Courdelliers pour 
foutenir les tantes et cordes, et pour fe môte. j » *' ^' 

Paye le dit jour a fieur Romanet Bourgonion 
pour ung cabas pour antrapofer phifsieurs 
utils, môte » iv » » 

Paye le dit jour a Yiion Mornet et a lepin- 

Pagene viij xj vij » 



% — El trois ceintures. 

2 — > Pour le pain et la viande. 



V 

FI. S. D. 



glier pour v quarts fil de loton pour coufer* 

les cors feyn s, môle » iv 



1 — Pour coudre. 

2 — Cordes et moufles. 

3 — Une croix de bois. 

4 — Raccommoder , réparer. 



n 



Paye le dit jour a Sanche Dijon pour quatre 
cordes pour les mètre o cabas des boréaux , 
que fe monte » j )^ 

Paye le dit jour pour fere pourter plufsieurs 
cordes & moffles ' de paradis jufques o Cour- 
delliers pour fere drefser les troys piefses de 
boes defsus efcriptes, nxonte » » iij 

Paye le dit jour a Thomas le menuifsier 
pour ugna croes ' de boes pour Dieu le père, 
monte » ij » 

Paye le dit jour pour faire adober * un pic 
de fert pour chauer les feintes defous la plate- 
forme, que monte » i iij 

Paye le dit jour a fieur Romanet Bourgo- 
nion & a Lorens Gontier pour vij peces de 
lyege pour meftre o feintes, monte. ...» iij j 

Paye le dit jour a Àmyen Gregoyre pour 
ocuns ferremens fecrets pour les cors feyns 
que meftre Francès le peintre iuy a fet fere , 
que fe monte >^ i'j » 

Pagene j ij vij » 



>\ 



»> 



» 



)/ 



7^ 

tf FT. S. D. H. 



Paye le dit jour poi^r ugna charge de char- 
bon pour les dites feyntes , monte. • - • » ij 



» » 



Paye le dit jour a Virafel pour ugna tonba- 
rela^areyna, monte » j Wj » 

Paye ledit jour a Arthaud Duchatei pour 
teyndre dymy linfol en noyr, que monte. . x» j 



» » 



Paye le dit jour a meflre Michiel pour UBg 
jour quil rabilliat lo couert do tynerys ^ do 
Courdelliers j monte ». ij vj 



1 — La charge d*un tombereau de sable. 
S — Lieu où l*on fait le vin. 

3 — Pour six gants de cuir. 

4 <— Une douzaine de queues de vaches. 



» 



Paye le dit jour a Jehan Camus pour vj 
guans ^ de cuyr tan pour les tyrans que pour 
les boréaux , monte » vj » j» 

Paye le xxviij d'aurilz a Guigo lo cartîer 
pour V jours quilla vaque pour eyder a no^ftre 
Francès le peintre j v vj » 

Paye le xxix daurilz pour ugne colacion 
feâa a loficiala en feyfant le recort du jçu , 
monte » iv i^ » 

Paye le darnier jour daurilz pour vj chan- 
delles de fyra que prit Sanche Dijon pour le 
temple ^ que fe monte » kij iij » 

Paye le dit jour a ^njdriçu de Gueçat pour 
ugna xij"* coes * de vache pour Luxifer & Pro- 
ferpyna , que fe monte » j » 

Pagene iij iij iij » 



» 



73 

Fl. S. D. H 

Paye le darnier jour d'auvilz 9, Lpy& da U 
Faurya pour ung efcu de fyra rouge pefsf^l, 
vij onces & dyîny, & fe pour fêler* Paupy- 
nyan • , monte » iij yj > 

• Paye le dît jour a Marcel pour dymy liv. 
cordes primes ' , monte. » » ix i> 

Paye le dit jour a Gaillaume Pateru pour 
troys onces eftorafy * cala my te >» iv vj » 

Paye le dit jour au dit Pateru pour deux 
onces momya^, monte '^ iij » » 

Paye le dit jour a Denis Tren» pour ung fe- 
cret de cuyr » iv w » 

Paye le fécond jour de may a Glaudo lo 
merfier pour deux peaux de parchemin . . » j iij » 

Paye le dit jour a Âmyen Greçpyire pour 
ung grant bofon & pour vj grans greppes ® & 
manellyes pour le m,Qt0D & gr^nt trabiMchet 9 
que pefsont vj liv. & dymy » v) v} ». 



Plus le dit jour iMidît Gregoyre pour viij 
barres &, deux frètes & trois veroulx & troys 



Pagene. j xj vj » 



1 — > Pour sceller. Voyez , à la fin » oote G. 

2 — Papinien , personnage d<ï la pièce. 

3 — Prim , prime , vieux mot français et patois , qui signifie mince , menu. ( Lacombe, 
Dictionnaire du vieux langage , t. ii. ) 

4 — Résine du storax en larmes. 

5 — Espèce de cire noire. 

6 «— Une grande boucle en fer , bougon, ( Lacombe , l. n. ) Quant aux sijp greppes , ce 
sont probablement des pièces en fer ; mais je n*ai pu trouver Le sens dç ce mot. 



74 

FI. S. D. M. 

petites barres pour les monymens, * que pefsa 

xj liv. & dymy , monte » xj vj » 

Plus le dit jour au dit Gregoyre pour ugna 
farallie ' pour le grant monyment . . . . » xj » » 

Plus le dit jour paye au dit Gregoyre pour 
vj grandes afpes ' pour le monyment & pour 
plufsieurs cantonieres que pefsa tout viij liy., 
monte » viij » » 

Paye le dit jour a Bonafoy pour x liv. bourra 
pour les feynles » ij vj » 

Paye le iv"** jour de may a fieur Romanet 
Bourgonyon pour iv liv. chandelles pour mef- 
tre Francès lo peyntre » iv » » 

Paye le dit jour a Guillaume Forés pour 
deux liv. alun j monte » iij » >* 



Paye ledit jour a Barletier vj liv. bourra 
de chardon pour meftre o feyntes . . . . » v 



» » 



Paye le dit jour pour demy liv. fil d'archa 
pour les diâes feintes. . . ..... x j ix » 

Paye le dit jour pour dymy liv. fil de Polo- 
mart » » viij » 



Paye le dit jour pour eux * pour les coleurs. » ij 



» » 



Paye le dit jour pour ung pot vin eygre. . » » vj » 

Pagene iv j xj » 



1 — Pour les tombeaux. 

2 — Serrure. 

3 — Happes , crampons de fer. 

4 — Œufs pour les couleurs . 



75 

FI. S. 1). H. 

Paye le dit jour a Jehan Reymond pour 
ugne peau de molon » U ^'j ^' 

Paye le dit jouralopitalierdeCharmen pour 
deux grans corbeilles pour les fecrets de mef- 
tre Francès lo peyntre , monte » x » » 

Paye le dit jour vj hofaes pour chauer de- 
fous la plate forme, monte j îij ** '' 

Paye le v jour de may a Guigo lo cartier 
pour vj jours quilla vaque fête femayna , 
monte la fomrae de j ix » » 

Paye le v"® jour de may a Monfieur le cha- 
noine Pra pour les dépens de luy et de fon 
feruiteur pour le prefent moys de may , et fe 
par les meyns de mefsire Glaude Conton , la 
fomme de xij » >> » 

Paye le vj jour de may pour la colacion feâa 
o retour de les montres du jeu , et pour la co- 
lacion feâa le vij de may o recort tan en 
foyafses * fruyâs et vin, que fe monte par 
compte fet ij j îîj » 

Paye le dit jour pour plufsieurs jornaux 
dômes, lefquieux ont chaue o Courdelliers 
pour fere les fondemens des chafaux , com- 
ment cofte parcelle efcripte de la mcyn de 
Sanche Dijon , que fe monte la fomme de. . xj ix y> » 

Pagene xxix x ix » 



1 — Fouaces , sorte de gâteaux. 



L 



FI. S. D, U. 

Paye le ix jour de may a Vallîer Obert pour 
deux leftes de more qu'il fit pour mètre a la 
tronpeta du gouerneur de Viefne , monte 
marche fet auefques fieur Jehan Vache la 
fomme de » viij » » 

Paye le dit jour pour le dejeuuar de les 
quatre tronpetes pour ce qu'ils firont les oba- 
des le jour de la montre , la fomme de. . . » iij vj » 

Paye le dit jour pour fere pourter tours , 
tornelles , pourtaux et autres chofes neceferes 
pourle jeu, monte » *U " » 

Paye le dit jour pour deux xij"** agullietes * 
pour les cors feyns » j ^'j " 

Paye le x de may a Jehan de Charmes pour 
ugne pera foliers blancs dobles pour la feinta 
de Monfieur Bonyer » vj vj » 

Ci fen fuit la parfela de Jean Milliart de ce 
que je ay balye pour les feintes , 

Primo a Monfieur Guillaume Alexis ij aunes 
fatine ^ noyre pour fere le porpoin de fa 
feinte , monte. j ij » » 

Item plus a Monfieur Bonier pour la feinte 
ij aunes j quart fatine blanche ..... j v ij » 

Pagene iv v viij » 



1 — Aiguillelles. 

2 — Satin. 



77 

Fl. S. D. M, 



Item plus pour ij c vergiene * fine pour les 
diâes feyntes » x 



» » 



Item plus V perruques faufses pour les dic- 
tes feyntes viij ix » » 

Item plus pour xij aunes fatine blanche 
pour lafeynte de Umbert de laMoneye, monte 
enclus la coa ' et leftandar de Temperiere. . vij j » » 

Item plus pour la feynte de Chofson x aunes 
fatine troquine ' ^'j " » »' 

• 

Item plus pris dymy aune tafetas jone dore 
pour fere lanftenye * de la tronpete que pour 
du fil de foie rouge pour coufe ^ la diâe anf- 
tenye J 'v vj « 

Item plus pour la feynte de Pierre Rebate 
pour vij aunes farge noire fine que a pris le ij 
de may, coude la pièce xij liv. que monte v x » » 

Item plus demy millier épingles pris le v de 
may , monte » j ix » 



Item plus le diâ jour vj dozenes foUie dor 
fofse pris par ledit Sanche » j 



» M 



Pagene xxx j iij » 



I — J*ignore la signifieatioii de eu mol. 

t — La queue du manteau de l'empereur et son étendard. 

3 — Je n'aî pas trouvé ce mot ; c'est peut-être le nom d'une couleur. 

4 — Mot inconnu ; c'est sans doute un ornement atinché à la Irompetlc. 

5 — Pour coudre. 



78 

FI. S. D. M. 

Item plus pour iij plumes de coleurs pris le 
vij de may î *U " '^ 

Item plus pour iij aunes cordon noir de 
lane * , pris le x de may » » ix » 

Item plus pour ce que Ion ma donc de ce 
que Ion menlremit a Lyon pour aler query la 
dite raarchandifse et fui conclus par prix fel 
le fande ^ de Quafymodo me donner pour ma 
poyne iij » » » 

Somme grofse xxxvij fl. ij deu. 



Monfieur le côfse ^ il eft deu a fieur Jehan Milliart la fomme 
defsusefcripte de trenta fept florins deux denyers tournois petite 
monnoye qu'il a fornys pour le jeu des Troys Martirs, comme 
il cofte par la prefente parcelle de treze items. et en rapportant 
la prefente lefdits xxxvij florins ij den. vous feront defduit 
de votre compte; efcript ce 10 de may 1509, J. Vache. 

Paye le dit jour a Piero Trena pour ugna 
pera foliers eftafinyous ^ noirs pour la feinte 
de M. Alexis d j i\ » 

Paye ledit jour a Jehan Milliart pour pluf- 
sieurs marchandifses que les commis luy don- 
narent charge daler acheter a Lyon pour les 

Pagene iv v vj i^ 



i — i De laine. 

2 — Mot patois : le samedi. 

3 Le coosai. 

4 — J'igDore le sens de ce mol. 



'9 

feyates , cornent cofte par ugna parcelle que 
fe monte conpte et areft fet la fomme de * 



Paye le dit jour a Jofïrey Ponlerlat pour 
deux aunes el ung tiers rouge ' de la roqua 
pour dobier la feynta de Francès Sachon , 
monte par conte fet auefques Sanche Dijon la 
fomme de ij vj 



Fi. S. 1). n. 



» i> 



Paye le dit jour a Francès Sachon pour ugne 
aune trois quarts et demy ferge de Mendes 
pour dobier la Teynte defsus efcripte a raifon 
de vij f. lonne j j j j 

Paye le dit jour a fieur Eftienne Serein pour 
fîng aunes frize noyre pour fere un abit a Pro- 
ferpyne, monte a reyfun de vj f. par aune. . ij vj 



» D 



Paye le dit jour a Lorens Gontier pour ugne 
aune vert cler niende pour mètre au defous de 
labit de Proferpyne » vij » » 

Paye le dit jour a Thevenin Honet pour 
troys jours quilla vaque pour chauer defous la 
plate-forme y monte .......... vij vj » 

Paye le dit jour a Jehan Bo pour troys jours 
quilla vaque pour chauer defous la plate-forme. » vij vj » 

Paye le dit jour a Seuerin Ducheyfne pour 

Pagene vij xj j j 



1 — Ces articles étant rapportés ea détail plus haut , on n'en fait pas figurer le total dans 
le compte. 

2 — Espèce d'étoffes du temps. 



8o 

PI, s. D. H. 

troys jours quilla vaque pour chauer defous la 

plate-forme » vij vj » 

Paye le xij® jour de may o guenyer de Ro- 
mans pour lo refta de la rapiera que Ion a fet 
fere a Vienna pour les feyntes. j ^j » » 

Paye le dit jour pour quatre liures otopes * 
primes pour les feyntes acheta de Pierre lo fi- 
lour ^ , monte » j viij » 

Paye le dit jour a Amyen Gregoyre pour 
deux veroulx et deux pourtaus pefsant troys 
liures pour le petit trebuchet , monte ... » iij » » 

Paye ledit jour audit Gregoyre pour ugne 
grande barre de fert pour mètre otour de pa- 
radis et pour vj chauillies et un bojon de fert 
pefsa tout X liv. , monte » x » » 

Paye le dit jour au dit Gregoyre pour deux 
grans bojons pour fere vyrer la gorge danfert 
pefsa troys lîv. , monte » iij » » 

Paye le dit jour a Jaques Palat pour aler 
quérir a Perîns ung fes ' de jon pour meftre 
Francès 






Paye ledit jour pour quatre corde pour lyer 
le fercle de la gorge danfert >> j 

Pagene iij ix ij y» 



» M 



I — Etoupes Gués , menues. 

1 — Lefileur. 

3 — Un fnix de jonc. 



8i 

Fl. S. D. M. 

Paye le dit jour pour xxiv acrepes * pour 
meftre dedans les gans agus *, lefquieux Ion a 
paye a Lorens Bouat la fomroe par conte fet 
de ^^ ^i ^ ^ 

Paye le dit jour pour deux oies de terra fort 
grandes achetées de la Dauphina , monte. . '' J ^j » 

Paye le dit jour a Maron pour deux tallio- 
les ' pour paradis & pour deux petites tallioles 
pour anfert , monte » j ix » 



Ây refeu de Mefsieurs les confuls de Ro- 
mans par les meins de Monfieur le conful 
Chonet xyiij fl. 

Senfuit la mife que ay fet dudit argent , 

Et primo le mardi au foir a Sant Romein 
dÂrbon * iij f. vj d. * 

Plus a Rofsillon pour beyre * . . . j f . 

Plus ay demeure a Vienne au Trois Roys 
iv jours que monte a yiij f. par jour, xxxij f. 

Plus pour vj repas a meflxe Guillaume & a 
Cheuallet xîj f. 

Pagene » ix iij » 



1 — Mot inconnu. 

S — Les gants aigus , garnis de pointes 

3 — Poulies. 

4 — - A Saint-Romain-d'Albon. 

5 — Pourboire. 



83 

F). S. D. H. 

Plus baylhe a meftre Chevallet vij fl. ij f. vj d. 
Plus en venant a Rouisilhon a dyner. iij f. 

Somme grofse xj fl. vj f. 

Plus pour fere rabilber mon relie particu- 
lier en aulcuns pafsages , dernièrement en ve- 
nant de Lyon ung tefton ^ que fait. . ix f. 

Je Eftienne Combez ay fet conte auefques le dit (ieur Jeban 
Chonet de la defpenfe defsus efcripte , que monte en fomme 
douze florins troys fouis & la refle pour le complément des 
xviij florins que auoys refeu de luy que monte cinq florins neuf 
fouis, luy ay fet defduyre fur ung aultre poyement quil nous 
a fet de xiv efcus pour certeyns acouflremens , & en figne de 
vérité jay efcrlpt & figne la prefente au jour xiv de may mil 
V c. & neuf. Signe Combez. 

Monfieur le conful bailliez & defliurez a noble Eftienne des 
Coppes^, Ponfon Duclot, Antboine de Maniceno & a Jaques 
Reymond, quatorze efcus contre trante fix fouis t. pour efcu quils 
leurs font deups pour aucungs acouflremens quils ont fet Tere a 
Lyon pour le jeu des Troys Martirs , & aufdits quatorze efcus 
leur comprenez aucune refle que doet le dit Eflienne que Ion 
luy avet prefle pour le dit Miflere; & en rapportant leprefenl 
les dits xiv efcus de trante fix fouis t. lefcu vous feront defduyts 
en vos comptes. £fcript& figne le prefent par nous commis au 
dit Miflere du dit jeu , soufsignes , ce xiv may mil v c. & neuf. 
Signes ^ Chaflilhon , Gl. Contonis , A. de Sanâo Petro y Seuyn,^ 
Borgeois , J. Vache. 



1 — Les premiers testons fabriqués en France le forent en Tannée 1513; mais Louis XIF» 
lors de la conquête de Milan en 1499 , eu avait déjii fait frapper dans cette ville. ( Leblanc » 
Traité des Monnoi/eSy p. 361. ) Il ne peut être question ici que de ces derniers. 

2 — C'est le même qu'Etienne Combes qui fut envoyé à Vienne auprès de Chevalet. 

3 -— C'est ce Billet qui nous a fait connaître les noms des six commissaires du jeu; on eo 
trouvera le fac simile reproduit en tête du présent Mémoire. 



83 
Je Ponfon Duclot ay refet de fieur Jehan Ghonet la fomme der- 
nier efcripte, compris v florins ix gros * que noble Eftien ne Com- 
bez deuet de refla de largent qui ly fut baliie pour abillier les 
rolies ; ce xiv de may mil v c. & neuf. 

Signe P. Duclot. 

Fl. S. D. M. 

Paye le dit jour pour ugna baruete * pour 
cbarear ' la terra acheta de Jehan Robert , 
monte » iij » >i 

Paye le dit jour pour fere réfère la poynle 
do pic de fert pour chauer defous la platte 
forme paye a Lymofin » j vj m 

Paye le dit jour a lepinglier pour troys fans 
& troys quarts épingles pour acoutrer les 
abillemens des feyntes » j iij » 

Paye le dit jour a Jehan Roze pour yj jours 
quilla vaque fêta femeyna pour chauer defous 
la plate-forme , monte j iij " '* 

Paye le dit jour a Guigo lo cartier pour vj 
jours quilla vaque fêta femeyna pour eyder a 
meftre Francès lo peyntre j '^ >^ » 

Paye le xiv jour de may a Theuenin Lonet 
pour ung jour quilla vaque pour chauer defous 
la plate-forme " U vj » 

Pagene iij viij iij » 



1 — Le gros el le sol étaient pris iiidislinclcment l'un pour Taulre ; ils avaient la même 
valeur , il en fallait douze pour le florin. 

2 — Mot patois , une brouette. 
5 — Charier, transporter. 



84 

FI. S. D. M. 

Paye le dit jour par le comandemenl de 
Mefsieurs les conimys a noble Eftienne Gom- 
bez pour aler a Vienne pour fere radouber les 
rôles des quatre tirans , cornent coile par fa 
parcelle que monte xij iij » » 



Paye le dit jour a Ponfon Duclot pour aler 
a Lyon pour ferteyna deuyfa fe6ta pour les 
quatre tyrans , cornent cofte par ung mandat 
des dits commys de la fomme de « . . • xlij 



» D » 



Paye lexv jour de may pour ugne charge 
charbon pour meftre Francès pour les feyn- 
tes, monte » ij ^U *' 

Paye ledit jour par le commandement de 
fieur Jehan Vache a Martin Margot de Sant 
Marcellin & a meftre Pierre Rey de Sant An- 
thoine , lefquieux Ion fit venir pour vifiter les 
chafaux *& chambres, tan pour leurs journées 
que pour leur defpance, monte par conte fet 
la fomme de ... . ij 'v vj » 



Paye le xvj jour de may a Honorât Barnaud 
tronpeta de Vaureas, en deducîon de ce que 
Ion lui det ^, prefent Monfieur le Meftre de la 
Monneye & de fieur Jehan Vache la fomme 
de ... 



vj iij » » 



Pagene Ixiij m ix » 



1 — Les écbafauds. 

2 — Lui doit. 



); » 



85 

FI. S. U. M. 

Paye le xviij de may a la Thienena reuen- 
derys ^ pour deux linfous ^ pour meftre a la 
goi^e danfert, monte '^ ^ij 

Paye ledit jour pour vij echales de boes 
pour mètre defsous la plata-forma, monte 
marche fet prefeu Sanche Dijon » vij 



)t » 



Paye le xix de may a Eftienne Sereyn pour 
demy pugnera ' gros poys blancs pour les 
feyntes » » viij 

Paye le dit jour pour v liv. cheneue ^ cru 
pour melre dedans la terra pour fere la gorge 
danfert *' U j 



Paye le dit jour au dit Gregoyre pour deux 

Pagene ij iij iij *^ 



» 



» 



Paye le dit jour a Amyen Gregoyre pour 
deux sarallies ^ pour mètre defous la plate- 
forme auefques quatre grans frettes * , monte 
par conte fet » vij vj » 

Paye au dit Gregoyre le dit jour pour xviij 
pointes tallians dafier pour les guans ^ agus , 
monte » iij 



» » 



1 •— Mot patois , reYendeuse. 
S — Linceuls. 

5 — Pagnère , ancienne mesura locale de capacité. C'était la vingt -quatrième partie du 
seiier , équivalente à peu prés à 33 décilitres. 

4 — Mot patois , chanvre. 

5 — Serrures. 

6 — Liens en fer. 

7 — Les gants aigus. Ces gants, instruments de supplice employés par les deux bour- 
reaux et les quatre tyrans , étaient garnis de poiutes d'acier qui font l'objet de cet article. 



86 

FI. S. D. M. 

pourtaus de fert pour la quefse des troys 

crefUans * , monte » j yj *' 

Paye le dit jour au dit Gregoyre pour la 
ferrementa pour Confort dyuyn *, pour ugoe 
grant piefsa de fert longue & pour quatre gros 
frètes pefsant viij liv. & demy , & pour ugne 
manellye & deux grans pourtaus que pefsa vj 
liv.,& fe tout pour la feynte de Confort diuyn 
& pour fe monte j U ^j ** 



Paye plus au dit Gregoyre le dit jour pour 
ung grant fert ront ' a fafson de potenfa & 
ung demy crefen ^ pour pourter la lune en 
paradis & pour deux veroulx viij chauillies de 
fert rondes & quatre croches pour paradis 
que pefsa tout ix liv. & demy » ix vj 



Paye le dit jour au dît Gregoyre pour ung 
gros fer carre pour meflre dedans le mur de 
leglifse Sant-Franfoys pour mètre les tantes 
que pefse troys liv. & demy » 'Û ^j 



D 



» 



Paye le dît jour a Sanche pour deux pâlies 
de boes » » vj » 

Paye le dit jour a Maron pour viij petits 
tallioles * pour paradis >> ij » » 

Pagene ij vij vj » 



1 — Des trois chrétiens ; sans doute les trois martyrs, Severio , Exupère et FélicieD. 

2 — Les Affiches du Dauphiné de 1787 font mention de ce personnage allégorique. 

3 — Un grand fer rond. 

4 — Et tin demi-croissant. 

5 — Poulies. 



J 



«7 

FI. S. I). M 

Paye le dit jour a Eftienne Deuaux pour un 
coyue * pour coyuer la plate-forme. ... m ** ^j *' 

Paye le dit jour a laSymonne pour coufer ' 
les bandes de paradis » » vj » 

Paye ledit jour pour grefsa pour angrefer 
les tallioles » » iij ». 

Paye le dit jour pour demy liv. fil de Polo- 
mart pour coudre anfert m » viij 



1 — Mots patois , UD balai pour balayer la plate-forme. 

2 — Mot patois , pour coudre. 

3 — Bleu de ciel. 



n 



Paye ledit jour a Vincen Guallon pour vj 
onces pers flurea ' pour peindre paradis. . » vj >' n 

Paye ledit jour a fieur Nicolas Gordon pour 
deux grans bafanes de cuyr pour la feynte des 
Troys Martyrs , monte » ix » » 

Paye le dit jour a Guillaume Pateru pour 
X liv. colle noire pour peindre la plate forme, 
axden. laliv » viij iv » 

Paye le dit jour pour ix journaux dômes 
lefquieux ont vaque fêta femeyna pour chauer 
defous la plate-forme, & fe outre les journaux 
damiers efcripts , monte par conte fet prefen 
Sanche Dijon a X liars par jour. j x vj » 

Paye ledit jour a Guigo le cartier pour v 

Pagene iij xj ix » 



88 

Fl. S. D. 

jours quilla vaque fêta femeyna pour eyder a 

meftre Francès lo peyntre, monte . . . . j v vj 

Paye le dit jour a Giraut Guîgo pour vj re- 
pas que fit Jehan Rofier & fon feruiteur dÂ.- 
nonay & meftre Francès lo peyntre quant Ion 
luy fit marché pour fere plufsieurs ferremen- 
tes pour les feyntes , monte ix f. , & pour viij 
repas que firont les taborins * le jour de la 
montre du jeu , monte xij f. , & pour fe monte 
en fomme j ix » 

S'enfuit ce que meft deu que jai forny , , 

Et primo le xyu'f jour de feurier pour an- 
uoyer quérir Jehan mon valet a Hauteriue par 
Jehan Barrot , auquel baillay '> v vj 

Plus pour aller Ânonay le xxiv jour defsus 
dit pour mes defpens & pour le louage du 
cheual ay defpandu » x » 

Plus le vi™* jour de mars que le relogîer 
dAnonay vint en cefte ville pour defpance 
quil fit & fon valet au Ghappeau Rouge , ay 
poye w iv vj 

Les eftoffes que jay fourny , 

Et premièrement , croye blanche xx liv. a 
troys liars la liv. que vallent j î^j '^ 

Pagene vj j vj » 



i — Les joueurs de tambourin. 

t — C'est la DOte de la dépense du peintre François Tévenol. 



» 



» 



u 



» 



89 

FI. S. D. M. 



Plus ay foroy du plom viij liv. a ung caro- 
lus ' la liv. , fe monte » vj viij 



• • • 



Item plus troys liv. jude que vallent. . . iij i 



X » » 



Plus finople j once » ij » » 

Plus afur iv onces j » » » 

Plus pour layne ay ballie » ij » '* 

Plus a la feme meftre Beuoifl pour adouber 
les troys chemifes des troys martirs ay bailhe. *> j '' '^ 

Plus a celui qui a appourle les inflruments 
dAnonay , pour fon diner ay bailhe. ... »' j vj » 

Plus pour parer troys peaux de veau & de 
moton w j "j ** 

Plus a Glaude lo mei*fier pour ugna journée 
& demye quiila befoigne pour moy, ay bailhe. » v » » 

Somme grofse ix fl. iij f. iv d. 

Paye le xxiij de may 1509 par le comande- 
ment de fieur Jehan Vache a meftre Francès 
le peyntre pour plufsieurs coleurs &. defpenfes 

Pagene vj iv v » 



1 — Espèce de rooDDaie fabriquée sous le règne de Charles VIII , qui avait cours pour 
dix deniers tournois. Décriée sous Louis XH , elle se conTerlit en monnaie de compte dont 
on se servit longtemps parmi le peuple pour marquer la somme de dix deniers. ( Leblanc , 
Traité des Monnaies , p- S55. ) 



90 

FI. S. D. H. 

feâes cornent cofle par fa parcelle que fe 
monte par conte fet prefen le dit fieur Jehan 
Vache & Sanche Dijon la femme de * ix fl. 
iij f. iv d. 

Paye le xxv de may a Pierre Clamens pour 
douze aches ^ de boes pour fere la bataliie. . j iij » » 

Paye le dit jour a lepinglier pour fere les 
fenyos' de pion pour les antreesy monte. . » iij vj » 



Plus pour pion pour les dits fenyos 



3 



Plus pour ugne père chofses noires de 
Bourges pour la feynte de monfieur Alexis, 
que fe monte iij 

Plus pour deux pères chofses jufques a my 
cuyfses noires de Bourges pour la feinte de 
Humbert Châtain , monte ij 



» » » 



» » » 



Plus pour ugne père chofses de fin violet de 
Paris pour la feynte de monfieur Bonyer. • . iij » 



V » 



Plus pour deux liv. chandelles de fyre que 
prit Sanche Dijon pour les feyntes. ...» x » » 

Plus pour Iroys telletes * noyres que prit le 
dit Sanche » ix » » 

Pagené. xj j vj » 



1 » La parcelle de Me François ayant été portée en détail , le total ne doit pas figurer au 
compte. 

2 — Haches de bois. 

3 — Les signaux. 

4 — Petites toiles. 



91 

Fl. S. D. H. 

Plus pour deux telletes jaunes que prit 
Anthoine Mornet ^ ^'j » » 

Paye le xxvj de may a Guigo lo cartier pour 
vj jours quilla vaque fêta femeyna pour eyder 
a meftre Francès lo peyntre, monte. . • . j ix » » 

Paye le dit jour a Jehan Aftier pour ugne 
peau de parchemyn que prit Jehan de Paris 
pour fere deux lettres pour le jeu , monte. • » j » » 

Paye le dit jour a fieur Romanet Bergonion 
pour ugne liv. chandelle pour meflre Francès 
lo peyntre pour reguarder defous la plate 
forme » j » » 

Somma grofsa ceftuy compte en xij feulhes 
& en xxiy pagenes defpuis le tiers jour de 
marjs 1508 jufques le 26 may 1509, les mifes 
feiâes pour le dit Myftere du dit jeu des Troys 
Martirs , bien compte & quelculle ^ en la pre- 
fance de monfîeur le chanoyne Chaftillon , 
mefsieurs Andrieu Chabert, Jehan Ghonet, 
Romanet Borgounyon, Claude Prodome, Jehan 
Guabilhon confuls de la ville, & Anthoine 
Borgoes , Jacques Leigre & Jehan Vache , feyt 
le compte en la meyfon de la ville le fegont 
jour de juygn mil v c. & neuf môte troys cens 
finquante deux florins deus f. vij den. dont la 
moytie de mefsieurs de lefgliza môle cent 
feptante fix florins ung f. iij den. & malha ^ 

Pagene ij v » » 



1 — El calculé. 

2 — Petite monnaie de la valeur d'un demi-denier , de même que l'obole. 



92 

FI. s. D. M. 

& autant la part de la ville, lequiel argent a 

efte defliure par les mayns de Jehan Ghonet 

comniys a ce fere , & pour fe , môte en 

fomme uniuerfsalle ccclij ij vij » 

De la quielle fomme efl deu au dit Jehan 
Ghonet pour la part de lefglifa quilla plus 
forny que refeu fur la fomme defsus ef- 
crîpte xvij fl. iij den. 

Item luy efl deu pour la part de la ville au 
dit Ghonet quilla plus forny que refeu fur la 
fomme defus efcrîpte xvj fl. ij gr. iv den. & 
malha. 

Le xxj dejuygn 1509 Jean Milliart a feyâ 
fin a Jehan Ghonet de la moitié de la fomme 
cy defus efcripte y enclus xvij fl. iij den. des 
echaffaux. 




|Ensvit largent que Ion a refseu tant pour les cham- 
bres que chaffaux & pour la plate forma, tant pour 
la partye de mefseigneurs de Ghappitre, de Sant- 
Morys & de la Ville , c'efl; afsçauoir lefglife pour la mohetie & 
la ville pour Tautre, pour les trois jours de Panthecofles que 
furent le xxvij jourt de may mil v c. & neuf. 

Et primo pour huittante quatre chambres 
que Ion a loye a iij fl. la chambre, monte deux 
cent cinquante-deux florins. 

Defquelles chambres il faut rebattre les 
chambres cy après déclarées lefquielles Ion 
leur donnoit. 



93 

Primo a mefsieurs les Cordelliers una cham- 
bre , 

Plus es chappuis qui boni feiâ les chaffanx 
una chambre , 

Plus Glaudo lo pyner *, auquel Ion balhat 
deux chambres pour una & refle de tara 'una 
chambre. 



Plus es commys ' une chambra qui reftat 
a loyer. 

Plus a meilre Françoys le peyntre una 
chambra ^ laquelle Ion luy a defduyt cy auan 
fur les cent florins que Ion luy à payât. 

Et refte que Ion a receu Ixxix chambres a 
troys florins la chambre, monte ccxxxvijfl. 



Item le premier jourt de Penthecoftes 27 
de may les chaffaux hont randu a j f. par per- 
fonage foytz grant ou petit , monte cliij fl. iy f. 

Item la féconda journée du fegont jour de 
Panthecoftes 28 de may les dits chaffaux 
hont randu a rayfon de j f. par perfonne , 
monte cxxx fl. 



1 — Mot patois I le peigoeur. 

2 — El reste nel. 

3 — Aux six commissaires du jeu 



Fl. s. n. M. 



94 

FI. S. D. H. 

Item la tierfse journée du tiers jourt de Pan- 
thecoftes 29 de may les dits chafTaux hont 
randu a la dite reyfon de demy fol par per- 
fonne, monte .... cix fl. vij f. iij d. 

Somme grofse que hont randu les chaffaux 
outre les chambres, monte ccccxliij 11. xj f. ix d. 

Receu pour les chambres. . . . ccxxxvij 

Somme grofse que Ion a receu tant pour 
les chambres que pour les pan tes * . . . . dclxxx xj ix » 

Senfuyuent les habillemens , ferremens des 
feyntes vendues enfy quil apart ^ cy après au 
plus offrant. 

Et primo vendu a Jehan Vache une pel ' de 
vel & ungs foliers blans carrelas ungs eftaf- 
finous^ôc une farallie^, argent comptant le 
2 de juyng 1509 » xj iij » 

Plus a Jehan Milliart pour deux grans barres 
fert & deux petites le dit jour, monte . . . » x vj v 

Plus Ion a vendu des habillemens , ferre- 
mens, toelles ^ cchalles & aultres danrees 

Pagcne dclxxxij ix vj » 



1 — Pour les pentes oa gradins en amphithéâtre , ce qui est désigné presque toujours 
sous le nom à*échafauds, 

2 -r Qu'il apparaît ou appert. 

3 — Une peau de voau. 

4 — Mot inconnu. 

5 — Serrure. 

6 — - toiles. 



95 

FI. S. D. M. 

pour le dit jeu des Troys Martyrs corne il 
cofte par parcelle receu Jehan Cbonet par 
compte feiâ, monte liij iij ix » 

Plus pour le Braquaraart * de la feynta du 
Borreau vendu a Jacolin le ix doctobre. . • ij » » » 

Somme grofse tout le receu vij c. xxxviij fl. 
j £ iij den. 




lËNsvivENT les paiements feiâs houtre les autres paye- 
mens premiers feiâs de largent receu des chalfaux 
& chambres & certeynes danrees vendues que Ion 

auoit acheté pour le dit jeu des Trois Martyrs eufy quil apart 

yfsy après. 

Et primo ay poye a Honorât Barnaut trom- 
peta de Vaureas le 30 jourt de may 1509. . xl ix » » 

Pour le refta de finquante florins que Ion 
leur deuoit a quatre trompettes quil eftoet. 

Item au rellogier dÂnonay pour le reile de 
xj efcus de trois florins lo efcu a caufa de cer- 
teyns infl;rumens quil a feiéb pour les feyntes. xxiv » » » 

Item le dit jour a quatre taborins qui to- 
charent ^au dit jeu, monte xxxvj » >^ » 

Item le dernier jour de may a Jehan Bruda 

Pagene c ix « ^ 



1 — Le braquemarl du bourreau , épée courte et large. 
S -^ Qui touchèrent. 



96 

FI. S. D. M. 

feruîleur de François le peynlre pour la refta 

de Iroes * moes a reyfon de vj fl. le moes . . xîj » » » 

Item pour la defpance en comptant largent 
& feyfant les appoyntemens auefques les ungs 
& les autres en la meifon de la ville le dit 
jour, monte - . . . ij iv x » 

Item à Sanche Dijon ^ pour appointemens 
feiâs auefques luy pour les vacquafsions quilla 
feiâes au dit jeu des Troes Domps pour 
vacquafsions de quatre moes, monte. • . . xviij » » >* 

Item a Monfieur le cbanoynePrapourla fac- 
ture des liures des Trois Martirs pour la refla 
de 150 fl. que Ion luy a donne outre fa def- 
pance, comme ils cofla par quiâance, monte 
le dit jour ex » » » 

Item a Grant Jehan Amica ferrallier s pour 
les ferallies & des & barres des portes des 
chambres des echa£&ux a ly poye le ij de 
juygn vj vi » » 

Item a Thenon Bochart pour la ferreure 
dung auqueton dung des martirs & pour ce 
quilz eftoet portier en loflicialla aux recors & 
toutes fes autres poy nés, monte ij x » » 



Item a Jehan Milliart ^ comme coda par par- 
cella queft demeure rere Jehan Chonet, monte, xj iv ix » 

Page ne cixij iij vij » 



1 — Trois mois. 

2 — Voyez à la fin la note I. 

3 — Serrurier. 

4 — Voyez à la fin la note K. 



97 

FI. S. D. M. 

Item a GlaudoThomet pour la defpence du 
reiogier dAnonay qui fift les feyntes de fert 
pour X jours a i j f . & demy par jour en ce 
compris j f. pour ung diner quil apreftat & 
ne dinat pas avec luy , monte îj 'j " '' 

Item a Jehan Duclot pour ce que Ion luy 
ayoet promis fere netier * les arnoyes de fes 
cheualliers rauts ' , lequel Jehan Glot joa ' le 
perfonaige de Âibin , monte ij 



» » 



Item a Sanche Dijon pour trois parcelles 
de qoy lugna eft de xvij fl. j f. ix d. lautre de 
xij fl. vj d. & lautra de iv fl. iv f. cofte en foma 
xxxiij fl. vj f. ^ pour payer plufsieurs gens a 
qui Ion doyet comme il apert par lefdiâes 
parcelles; le fegont jour de juygn 1509. . • xxxiij vj iij » 

Item a Beneitz Goffîo tant pour les habil- 
liemens des feyntes comme pour la defpence 
de meflre Francès le peyntre iv moes & de 
Jehan le peyntre fon feraiteur iij moes, & en- 
clus huit f. quil a paye o fils du beau-fils pour 
huit jours quil gardât la porte des echafaux , 
le 2 de juygn 1509 , monte par compte fet. . xxxiv vi » » 

Item a fieur Ânthoine Mornet tant pour 
ferteynes fommes de clos & de croches & 
toylla pour enfert que monte quarante fept 
florins j f. t. dont en faut defduyre tant pour 
trois quintaux croches a quatre florins huit 

Pagene Ixxij ij iij » 



1 — Nettoyer. 

â — Chevaliers muela. 

3 — Joua. 



9» 

FI. S. D. M. 

gros le quintal vendu au dit Mornet avec 
deux milliers deux cens clos fept milliers 
vendus au dit Mornet, & pour iij m. quatre c. 
clos V m. & viij c. clos de quatre milliers que 
furent vendus a Jehan Vache la fomme de 
îv fl. ij gr. 1/4 laquelle fomme a receu le dît 
Mornet du dit Vache par compte feiâs le 2 de 
juygn 1509, refle que Ion a poye tout def- 
duyt & rebatu au dit Mornet, monte . . . xxxvij v gr. d/8 

Item a fieur Jacques Leigre tant pour luy 
que pour Jehan Amica ferrallier tant pour le 
fert que le dit Leigre a forny au dit ferallier 
pour a chafcun fon droyts que font croches en 
ourage huit quintaux Ixxj liv. croches & pour 
quatre ballons clos quatre milliers compte 
feiâsauefques heux le 2 de juygn 1509 . . Ixix xjgr. vj » 

Item a Jehan Chonet quilla prefte a lefglifsa 
comme apart arier fur le compte dernier 
feyâs pour la refle de ce quil leur auoet plus 
forni que receu par compte feiâ xvij » iij » 

Item au dit Jehan Chonet en defducion de 
Ixj fl. ij gr. iv den. & mallia quil a plus forni 
pour la ville que receu comme apart arier fur 
le compte dernier feiA, monte xvij » iij » 

Item ay poye pour fere détendre les tentes 
& cordages marche fet a trois ou quatre com- 
paignons quilsfont, dont pour heux a receu le 
dit argent Glaudo Prodome le iv de juygn 
1509, monte iij » » » 

4 

Item a meftre Francoys Teuenot le peyntre 

Pagene cxliv v j j 



99 

s. D. M 

pour luy fere le payement des cent florins 
que Ion luy donnât pour les feyntes quil a 
feiâs au jeu des Trois Martirs de laquelle 
fomme Ion luy a rebatu xij florins iv f. quil 
avoet receu de Jehan Milliart & trois florins 
pour une chambre quils prifl au jeu pour 
lougier * certeyns de fes amys & refte que 
aujourduy xx de juygn 1509 Ion luy a baille. Ixxxiv viij 



Item a fleur Jehan Alexi pour deux che- 
mifes pour les courps ' feyns des creftians de 
Roma » 



vj 



» » 



Item a Jehan Guabilhon comme code par 
parcella quilla forny pour fere guardar les 
muralhes do pra ' des frères menors & pour 
iv feis palha pour les feyntes & la folha que 
Ion mit fur la plata forma * j >j vj » 

Item pour fere blanchir xx lenfoulz ^ que 
fifl blanchir Glaudo Prodome pour meftre 
fur les feyntes a caufa de la plua ^, monte. . » ij » 

Item pour la tara de x liy. & demy fils dar- 
chat que nous fifmes apporter de St-Ânthoine 
de chez Eyray Doliuier a j quart par liura de 
loage & deux liv. que cy eft perdut pour ce 
que des dittes x liv. & demy Ion ne luy en a 
rendu que viij hv. & demy a ij f . & demy la 
liv. , monte v f . & pour le loage ij f. j pa- 
tat ^ enfsi monte tout » 



^«J J J 



Pagene Ixxxvij j vij j 



1 — Pour loger. 

2 — Pour les corps sainU des chrétiens de Rome. 

5 — Du pré des Frères mineurs , des Cordeliers. Voyez à la fin la note L. 

4 — Pour quatre faix de paille pour les décorations et pour la feuille que l'on mil sur (a 
scène. Voyez à la fin la note M. 

5 — Linceuls , draps de lit. 

6 — De la pluie. 

7 — Le patat était une petite monnaie alors en usage en Daupbiné , et de la valeur d'un 
denier et demi ou de trois mailles. 



lOO 

FI. S. D. M. 

Item a Gafpart Milliart tant pour vj meyns 
papier comme ung bonet pour la feynta de 
monfieur Pierre Clot & le papier prift Satiche, 
monte » viij ix » 

Item a Barberon taborin pour ce que Jehan 
Seuin & Jehan Vache luy promirent poyer a 
luy tout feul les defpens des trois jours de 
Panthecoftes, monte »ix » » 

Item a Symons le rodier * pour cerleyns 
tallangonyes ^ & efsis ' quil a forny pour 
les tentes, monte » vîj vj » 

Item a Piare Baronya mafson pour ung 
jour quilz vacquat pour fere la porta pour 
entrer es pantes^, enclus le mortier , monte. » vj vj » 

Item a Guillaume Peogra a qui Ion baillât 
a prix feiâs a cloer * tous les pertuys • des 
feyntes^& des pantes marche feift, monte. ij vj » » 

Item pour deux bos & trois clés que Ion a 
perdut es chambres que Ion a feiâs réfère 
que cofton j monte » ix iij » 

Item a Jehan Janot pour encharter ^ la refla 
des acoutremens des feyntes & ferrementes 
echalles ^ & toutes autra deffarda, monte . . » iv » » 

Pagene vj iij » » 



1 — Le charron. ( Roquefort , Gloss. , fom. n. ) 

2 — Mot inconnu. 

3 — Essieux. 

4 — Aux gradins ou échafauds. 

5 — A clore , à bouclier. 

6 — Tous les trous, 

7 — Des décorations et des échafauds. 

8 — Pour transporter en voiture. 

9 — Echelles et toute autre chose à transporter. 



loi 



FI. S. D. 



Item a Gaillaume Forez pour les cordes 
quil a forni au dit jeu des Trois Martirs, monle. j vij » 

Item pour la collation que Ion fift a la mey- 
fon de la villa la dimanche v doft mil v cent 
& neuf que Ion Gft lappoinâement des chap- 
puis & du refte que les dits chappuis deman- 
diont a mefsieurs de lefgliza & de la villa, 
monte » iv a 

Item plus ay poye a Glaudo Borgoys dit 
Mornet pour deux peyres de chaufses jufques 
a genoyl les unes blanches , les autres de gris 
pers ' que furent pour les feyntes de Pierro 
Rebata & de Françoys Sachon , monte. . . » xj » 

Plus pour la defpence feide a fere rabilher 
les muraillies des frères myneurs tant par de- 
uers le pre des fufdits frères myneurs comme 
deuers monfîeur de Rucha, & fere recouurir 
les tuylies de la dide efglifa enfsi quil confie 
par ung conte rere la ville, par compte fet le 
iij de feptembre rail v c. & neuf. . . . . xxx viij » 

Plus pour la defpence a feire abillier una 
leua auoy une roa defsus ^ pour les borreaux 
poye a Vernifsat Rodier ', monle » ij » 

Plus a laGlaudona que fornit dung challit 

Pageiie xxxiij viij » m 



» 



M 



1 — De gris tiranl sur le bleu. 

2 — Une ) avec une roue dessus. CW probablement un inslrumcnt de supplice ; ju 

n*ai pu trouver le sens du root leva ou cetm qui est dans le Mémoire. 

3 — Charron. 



102 



F S. D. M. 



& lyteaux de corlynes pour la coucha de 

mettre Françoy s le peintre, monte . . . . » j vj » 

Plus ay poye a Guillaume Forez pour les 
tentes du jeu quilla forni monte xx efcus 
foUeyl * que valent Ixj viij » » 

Plus poye a fieur Romanet Borgonyon pour 
la tara de deux mallietes quil bailla pour 
pourter les tentes des echaflaux, par acort 
feiéls auoy luy^ monte j viij » » 

Plus ont damandet eftre poyes de leurs 
vacafsions pour (rois moys Jehan Ceuin Ja- 
colin, Ânthoine Mornet & Jehan Vache quils 
hont eftes commys après lafere du dit jeu & 
furejit commys par mefsieurs de lefgliza & 
mefsieurs les confuls de la ville, alla bonne 
voilante de mefdits feigneurs demandent leur 
ettre tauxe fellon ce quils hont feruy . . . iij » » » 



Item a Jehan Roux , Caffiot & Payral fus- 
tiers * pour demye corda pos fèbles ' quils 
hont forny pour le cuuerl du grenier des 
Cordelliers que Ion auoet rompu compte feiâ 
auefques heux en la prefence de Caffiot le ix 
doétobre, monte » 



» 



Pagene Ixvj x vj » 



1 — J'observe que Vécu sol est pris ici à raison de 3 florios t sol , comme il Ta été lors 
du prêt des Frères mineurs , tandis que partout ailleurs , dans les comptes avec Rosier 
l'borloger et autres, il ne vaut que trois florins. Je ne sais à quoi attribuer cette différence 
dans la valeur de la même monnaie. 

2 — Marchands de bois. Ils étaient charpentiers , et prirent le prix fait du théâtre ; il 
paratt qu'ils vendaient aussi du bois. 

3 — Petites pièces de bois pour réparer le toit dus Cordeliers. 



io3 



FI. S. 



Item pour la collation que Ion fift les comp- 
tes & le relica des comptes da jeu a la meyfon 
de la villa , prefens Mefsieurs les chanoynes 
Vellieu & Chaftillon, mefsieurs Glaudo Con- 
Ion, monfîeur le juge, mefsieurs les confuls, 
monte » iij » » 

Somme grofse le defliure. dcUxiijfl. xgr. jd. 

Et pour enfsi le receu ci arrier efcript 
monte dccxxxviij fl. j f. iij d. 

Et pour aufsi le ix jour dodobre m. d & 
ix en la prefence de mefsieurs les chanoynes 
mefsire Jacques Vellieu , monfîeur le cha* 
noyne Ghaftillon , mefsire Glaude Conton , 
Andrieu Chabert, monfîeur le juge mefsire 
Loys Pererii % Romanet Borgounyon^ Jehan 
Chonet, Glaudo Prodome , Jehan PoUinier 
dift Guabîlhon confuls de la ville , Jehan 
Ceuin , Jacques Leigre dift Jacolin , Jehan 
Vache, ' ledit Jehan Chonet a rendu le compte 
du receu & du defliure & par ledit compte 
il apart que le dit receu eft plus grant & de 
plus grant fomme que le defliure la fomme de 
foixante quatre florins troys f. ij d. & pour 
enfsi, monte la refte Ixiv iij ij » 



i — c'est Louis Périer , juge rojal , qui , sur la foi de M. Dochier , a passé jusqu'ici pour 
l'auteur du Mystère des Troys Doms, ^ 

2 — Jehan Vache et Jehan Chonet , consuls de Romans , qui prennent une si grande part 
aux préparatifs du jeu des Trois Doms , étaient au nombre des plus notables citoyens de la 
▼ille, ils furent l'un et l'autre députés aux Etats-Généraux du Daupbiné, Vache en 1505 et 
Chonet en 1510. Voici les termes de la délibération du 2 janvier 1505 , qui nomme le pre- 
mier : Super facto trium statuum fuit conclusftm et decretiim per santorem opinionem mittere 
Jokannem Fâche sindicum pro existendo in negotiis trium. statuum nomine villœ. 



io4 

Florins. Sous. Den. Mailles. 

Sur laquelle fomme cy eft troue une cham- 
bra de perdua & cerleynes mon noyés Êiuces & 
autre mécompte du dit argent receu la fomme 
de finq florins ixf. vij d. 

Et refte que le receXi monte plus que le 
defliure Iviij v vij » 

Plus doet le diâ Jehan Chonet quilla receu 
de Jehan Roux, Jehan Lambert dift GafRot, 
Plero Ferart chappuis de Romans pour la 
refta des clos& croches que Ion vendit es diâs 
chappuis quils hont retires des echafTaux & 
des chambres du diâ jeu comme apart cy 
après ; 

Jehan Lambert dift Caffiot Jehan Roux & 
Plero Ferart chappuys de cette ville deuon 
pour les croches & clos quils hont achetés 
des echafTaux du jeu des Troys Doms comme 
cotte par oblige en la prefence de Jehan Se- 
uin, Jacques Leigre dift Jacolin, Ânthoine Mor- 
net & Jehan Vache commys au diâ jeu , que 
monte par conte feids aueques heux xlvj fl. v f. 

Paye pour acourt feiâs auesques heux pour 
certeyne recompanfe pôr ce quil auions feid la 
plada-forma plus granda quil ne deuiont & 
aultres chozes quil demandiont par acourt 
feids par les dids defsus & en la prefence de 
Caffiot, monte xxxfl. 

Refte quil deuon & hont poye le ix doc- 
tobre 1509 a Jehan Chonet y monte. . . . xvj v » » 

Somma grofsa que monte le receu plus que 
la mifa Ixxiv fl. x f. vij den. 




io5 
Vient pour ia moetie de la villa xxxvij fl. 

V f. iij den. j ob. 

Vient a la part de mefsieurs de chapitre 
pour les deux tiersde la moetie. xxiv fl. xj f. vj d. 

Vient a la part de mefsieurs de St-Morys 
pour le tiers de la moetie. . xij fl. v f. ix d. 

|vjovRDVT X doâobre 1509 le dit Jehan Chonet a poye 
con tant a mefsieurs de chappitre comme il cofle par 
quittance rere luy xxiv fl. xj f. vj den., plus le dit jour a 
uiefsieurs de St-Morys comme il coflie par quittance rere le dit 
Chonet xij florins v f. ix den., plus le dit Jehan Chonet a poye 
& Hure a Jehan Milliart comme refseuor de la villa la fomme de 
xxxvij fl. V f. iij den. & ob. comme il cofl;a par quiélance feiéte 
par le dit Milliart au dit Chonet, laquiella fomme de xxxvij fl. 

V f. iij den. & ob. le dit Jehan Milliart fera tlienu den rendre le 
compte & le relica a mefsieurs les confuls de la villa au premier 
compte a venir & de laquiella fomme Ion a feiét débiteur le dit 
Jehan Milliart au papier des debtes de la villa a foUio 277. ^"^ 



i — Ce résaliat final , où le chapitre et la ville se partagent an excédant, semblerait an- 
noncer que le produit du jeu aurait été supérieur à la dépense ; mais ce bénéfice n*est qu'ap- 
parent. En réalité , le Mystère a co6té 1 ,737 fl. s. 2 d. , dont la plus grande partie avait 
été déjà payée dès le 26 mai , veille de la représentation générale. La recette des trois jours 
était destinée à acquitter les dettes qui seraient constatées plus tard par le règlement définitif. 
La somme à payer en dernier lieu ayant été moindre que la somme reçue , on s'est divisé le 
boni i mais il n'en est pas moins vrai , qu'eu égard li l'ensemble des dépenses et des recettes , 
le chapitre et la ville ont eu à couvrir un déficit de près de mille florins ; ils ont payé i ,737 fl. 
s. 2 d. , ci i ,737 fl. s. 2 d. 

Ils ont reçu 738 i 3 

Différence 998 10 s. fi d. 

2 — Voyez à la fin la noie N. 



NOTES. 



A, page 6. 



Pacta et conventiones initae et passât» inter honorabîles viros Johan- 
nem Choneti , Romanetum Burgundionis , Anthonium Grandis et Fran- 
ciscain Gaudichonis , Coscindicos villae Romanis nomine universitatis 
ipsius villee ex unâ; 

Etmagistrum Petrum de Poys , siellurgicum villae Tumonis Valentinen- 
sis diocesis partibus, ex altéra. 

In nomine Domini Amen. Noverint universi et singuli hoc presens ins- 
trumentum inspecturi , visuri ac etiam audituri , quod anno incarnatio- 
nis Domini , millesimo quingentesimo decimo , die verô vicesimâ sexta 
mensis jugnii coràm me notario publico et secretario ac testibus sub- 
scriptis existentes et personnaliter constituti honorabiles viri Johannes 
Choneti , Romanetus Burgundionis , Anthonius Grandis aliàs Garât et 
Franciscus Gaudichonis consules villae Romanis , ac etiam Guiheimus 
Foresii , Guillelmus Charleti , Jacobus Gillerii , Johannes Syvini , Jaco- 
bus Reymundi , Johannes Alexi , Johannes Vache , Anthonius Borgesii , 
Laurentius Gonterii , Mercatores ; Johannes Ivoneli et Petrus Treynati 
mecanici ejusdem villae in domo communi ejusdem villae simul congre- 
gati ad bonum totius rei publicae ejusdem villae tractandum et conuno- 
dum conununitatis peragendum ex una et magister Petrus de Poys siel- 
lurgicus villae Tumonis Yalentinensis diocesis partibus , ex altéra , gratis 
et libéré , ac eorum spontaneis voluntatibus fecerunt , inierunt et con- 
traxerunt pacta et conventiones inferiùs descriptas , mutuis stipulatio- 
nibus hinc indè intervenientibus ad invicem ut sequitur : Et primo 
praefatus magister Petrus de Poys promisit et convenit praefatis consulî- 
bus suprà nominatis nomine villae stipulantibus moram suam continuam 
facere in ipsâ villa de Romanis et servire habitatoribus ejusdem villae 



io8 
in infii*mitate existentibus quotiescumque fuerit requisitus salario mo- 
derato sibi tamen salvo ab eisdem qui illum habere voluerint ad eos 
medicandum. Item plus fuit promissum per ipsum magistrum Petrum de 
Poys et conventum quôd casu quo pestis epidemicé vigeret in ipsâ villa 
de Romanis nunc vel in futurum , ( quod Deus advertat ! ) quôd idem 
magister Petrus medicabit et toto ejus posse homines pestiferosos curabit, 
durante toto tempore quo ipsa pestis durabit in ipsa villa 5 sibi ipsi 
magistro Petro reservato et per consules suprà nominatos contra con- 
cesso , quôd si , à casu , homines pestiferosi non décédant ab humanis 
causante pestis infirmitate quôd idem magister Petrus contentetur ratio- 
nabiliter de ipsis hominibus non sic decedentibus. Item fuit actum inter 
ipsas partes quôd non liceat eidem magistro Petro ipsam villam Romanis 
exîre durante tempore pestiferoso absquè licencia ipsorum consulum vel 
aliorum qui pro tempore erunt consules ipsius villae. Et tempore non 
pestiferoso obtenta licencia à praedictis consulibus , quôd possit adiré 
extra ipsam villam ubi voluerit, dùm tamen notificet ipsis consulibus 
suum recessum , ne ipsa villa remaneat improvisa. Et hujus promissi 
praefati coscindici nomine totius communitatis et universitatis ejusdem 
villae pronûserunt solvere realiter et expedire prœfato magistro Petro de 
Poys pro suis stipendiis tempore sanitatis pro quolibet anno videlicet 
triginta florenos mouetae parvœ nunc currentis computatis duodecim so- 
lidis turonensibus pro singulo floreno , ad vitam ipsius magistri Pétri de 
Poys , dum tamen in eadem villa ejus mansionem fecerit modo suprà 
promisso, et benè eisdem consulibus fecerit et placuerît, solvendos 
dictos xxx^^ ff. quaternum pro quatemo, et incipiet primus amms dictus 
et quandô ipsam villam intrabit cum sua familia ad ejus mansionem fa- 
ciendam. Item plus fuit actum inter ipsas partes et per ipsos consules 
concessum et promissum eidem magistro Petro , quôd de tempore qu6 
pestis epidemicé regnabit , in ipsa villa , babebit et babere debebit pro 
eju5 stipendiis et vacationibus , videlicet quindecim florenos monet» 
suprà dictae pro quolibet mense durante toto tempore quo ipsa pestis 
durabit et non ultra, solvendos de mense in mensem per ipsos consules 
aut suos successores, et quôd sit francus immunis subsidiorum et tallia- 
rum quae in futurum fieri possent in ipsâ villa , durante ejus vitâ , ut 
suprà benefecerit , et qua propter gaudeat libertatibus , immunitatibus , 
ejusdem villae prout caeteri habitantes gaudent. Quae autem omnia uni* 
versa et singula ipsae partes mutuis stipulationibus hinc indè intervenien- 
tibus promiserunt et juraverunt ad sancta Dei Evangelia manibus earum 
corporaliter tacta , habere rata atque firma 

Acta et recitata fuere praemissa in domo communi universitatis ejusdem 



I09 
viilae, in cameiâ anteriori ejusdem domûs, praesentibus honorabilibus yiris 

Francisco Amaudan scofferio Turris pigni in Dalpbinatum servitore, Petro 

Treynati , Claudio Gonini servitore loci Alexiani Valentinensis diocesis , 

testibus ad prœmissa vocatis et me Dyouisio Maheti publico notario et 

secretario ejusdem villse subsignato. 

Signe MAHETI. 



A bis , page 1 1 . 



De deux cens florins. La somme offerte par les pères Cordeliers ne 
suffisant pas pour faire face aux dépenses du jeu , le P' janvier 1508 , 
le Conseil de ville fît un appel aux diverses Confréries. Voici les termes 
de cette délibération : 

« Attento quôd villa habet plures cbargias , fuit conclusum quôd sin- 
a dici nomine villae capiant ad mutuum de Gonfratribus Confratriarum 
ce praesentis villas argentum profieri faciendo les échaffauds ludi sancto- 
c( rum martyrum videlicet des Trojs Doms et etiam de abbatiâ prae- 
a sentis villse , et etiam capiant ad mutuum ab illis qui non lude- 
a bunt , etc. » 

Ces prêts étaient gratuits, bien entendu, et sans aucun intérêt ; aussi les 
considérait-on comme un sacrifice , et à ce titre s'adressait-on de pré- 
férence à ceux qui ne s'en étaient point encore imposé pour concourir 
à l'œuvre commune ^ ainsi le Conseil est d'avis d'emprunter non->seule- 
ment des Confréries , mais encore des habitants qui ne joueront pas , ab 
iis qui non ludebunt. Quant aux acteurs , le temps donné à l'étude de 
leur rôle et surtout les frais de leur costume , pouvaient les dispenser 
de toute autre contribution. 

Parmi les diverses Confréries , nous trouvons celle des marchands , 
sous le titre plus relevé A'Abbajc des Marchands , Abbatia Merca- 
torum ; elle se composait des personnes les plus recommandables dans 
le commerce de Romans \ elle avait son président qui était alors noble 
Humbert Odoard , son vice-président ou lieutenant , Jean Sevin , et 
son trésorier, Jean Chonet , l'un et l'autre honorés plusieurs fois des 
fonctions de consuls de la ville. On la voit au mois de septembre 1509 



IIO 

doter de six florins une jeune fille appelée en patois la Pichote , la 
Petite , ad ipsam rnaritandam. Cette Abbaye des Marchands était , à ce 
qu'il parait , une association de bienfaisance ; il en est fait mention dans 
les registres consulaires de cette époque , qu'elle emprunte pour y cou- 
cher ses délibérations à côté de celles du conseil commun de Romans , 
mais j'ignore quand elle a commencé et quand elle a pris fin. 



B, pages 14, 22 et 32. 



De ludo sanctissimœ Passionis luzo in festis Penthecoste Domini 

octo diebus durantibus. 



Lan que dessus mil cinq cens dix et le dimenche dixneufvième de may 
jour de Penthecostes et les aultres jours en suyvans jusques au lundi xvij 
dudict moys inclusivement , fust joué le Mistère de la glorieuse Passion 
Notre Seigneur à commancer avant l'Adnontiation jusques à l'Ascension que 
sont neuf jour en suyvans : Au grant Jardin de l'Abbays de Saint-Pierre 
fiu*ent faicts les plus beaux escharfaux questoyent à deux estages oultre 
le bas pour le commun peuple et y avait quatre vingt seize chambres 
serrans à clé chescune , et se loueyoit chescune quatre escus au soleil et 
payoit Ion chescun entrant au jeu deux liards ; les tentes dessus estoyent 
sarges de drapt cosar lune à lautre tendus leur cordages de coleur blanc 
et noyr que faisait si beau veoir que Ion vist jamais escharfaux. Et fu- 
rent les feinctes si bien faictes sans redicte et riches, car yl y avoit huit 
maistres de feintes que chescun prenoit cinquante florins petits ou peu 
plus ou peu moins sellon la science des dicts maistres. Paradis et enfert 
merveilleusement somptueux et les apostres estoyent tous abbillés de 
sattin brun coUieur non ressemblant lautre mais et dime fasson avecques 
leurs manteaulx et escharpes et les dyables changeoyent d'abbis quasi 
tous les jours dont il y en avoit dabbillés de veloux et sattin •, touchant 
les joueurs ils firent si très bien et sans faulte la plus beUe siUence à force 
trompetes en nombre de neuf et instrumens de toutes sortes orgues 



I II 
chantreries. Et fist Ion la monstre générale le jour de lAscension Notre 
Seigneur, les cloches des églises banldoyans par là ou Ion passait , et 
fust entrepris et parachevé quen eurent la totale charge noble Glande 
Nantel, Jehan de Bourg dict lanciens, Jean JaiUard et moy secretayre qua- 
triesme. Et fust enti*eprys envyron la Toussaint devant et y eut une 
grosse diligence , plaise à Dieu que soit à son honneur et au soulagement 
de nos âmes. Amen. 

AINSI EST VIALIS. 



C , page 39. 



Sur ta conversion du florin de 1509 en monnaie du Jour. 



La valeur relative des monnaies étant égale à leur valeur intrinsèque 
multipliée par le poussoir de l'argent , * pour l'obtenir, il faut d'abord 
trouver cette dernière valeur. 

La valeur intrinsèque d'une monnaie est facile à déterminer du mo- 
ment que le poids et lé titre sont connus. En effet , le titre de l'argent 
monnayé étant en 1509 à 47/48 de fin, le marc qui pesait 4608 grains 
ou 244 grammes 75 , devait contenir 239 grammes 65 d'argent pur , 
et environ 5 grammes de cuivre. Or , 1000 grammes d'argent pur va- 
lant aujourd'hui 222 fr. 22 c. , pour avoir le prix de 239 grammes 65 , 
on formera la proportion : 1000 grammes : 222 fr. 22 c. : : 239 grammes 
65 : X = 53 fr. 25 c. ; donc le marc de 1509 contenait de Tai'gent fin 
pour la valeur de 53 fr. 25 c. ; mais il contenait en outre 5 grammes 
de cuivre qui valent environ fr. 3 c. , le cuivre étant évalué au qua- 
rantième de l'argent 5 donc le prix du marc de 1509 serait aujourd'hui 
de 53 fr. 28 c. 

Pour avoir la valeur en argent du florin , qui n'était qu'une 
monnaie de compte et qui ne se taillait pas réellement dans le marc , 

1 ^ Guérard , PoUjpt, d*Irminon^ t. i»', pag. 133 cl i34. 



I la 
il est nécessaire que j'obtienne celle d'une pièce frappée à l'époque , 
et dont je connaîtrai le rapport avec le florin. Le teston m'oflre 
cet avantage. Le Mémoire m'enseigne que le 14 mai 1509, Etienne 
Combes paie à Vienne au poète Chevalet pour salaire de certaines cor^ 
rections faites à son rôle , un teston, soit, est-il dit : Neuf sols tournois. 

Il ne saurait être question ici des testons que Louis XII fit fabriquer 
en France pour la première fois l'an 1513, qui étaient à xj d. vj 
grains 1/4 d'argent fin , et valaient dix sols tournois , le marc d'argent 
ayant été porté de xj livres à xij liv. x sols. Ces testons n'existaient pas 
encore. Mais en 1499, lors de la conquête du Milanais , ce prince en fit 
frapper à Milan ^ à xj d. 18 grains de loi de 25 1/2 au marc , et le marc 
valait depuis longtemps xj livres tournois. C'est un de ceux-là , sans 
doute , que reçut Chevalet ; ils avaient cours dans tout le royaume , et 
principalement dans les provinces du Dauphiné et du Lyonnais , en 
raison des relations fréquentes qui existaient alors entre la France et 
l'Italie. 

Ce teston , de neuf sols tournois , étant taillé à 25 pièces et demie 
dans le marc , pesait 180 grains, soit 9 grammes 56 , et valait de notre 
monnaie d'aujourd'hui 2 fr. 12 c. 50/100 

Le sol tournois valait . . fr. 23 c. 61/100 

Le florin , qui se compose de 12 sols tomnnois , 
valait 2 fr. 83 c. » 

Et le denier tournois , qui est le 12* du sol , 
valait » fr. 1 c. 96/100 

Telle était, en 1509 , la valeur intrinsèque de ces diverses monnaies 
représentée en monnaie actuelle. 

Mais l'argent, en 1509, avait sans doute plus de pouvoir qu'en 1848, 
c'est-à-dire que la même quantité de ce métal procurait alors plus de 
choses usuelles qu'elle n'en procure à présent. Dans quelle proportion ? 
C'est ce qu'il faut déterminer pour obtenir la valeur relative des mon- 
naies des deux époques. Le résultat ne saurait être qu'approximatif^ pour 
une appréciation exacte , il faudrait une commune mesure invariable , 
et il n'en existe pas. La plupart des économistes ont adopté pour base 
de cette opération délicate la valeur moyenne du blé, comparée à 
celle de l'argent pur. Le blé est , en efiet, dans notre Occident , l'élé- 
ment principal de la nourriture de l'homme , et le prix de la nourriture 
de l'homme est considéré , en général , comme le régulateur du prix 
mis au travail et à l'industrie humaine. 



I — LehXznc j Traité des Monnayes ^ p* 261 




ii3 

D*après les savantes recherches de Dupré de Saint-Maur sur la va- 
leur des choses , depuis la mort de Philippe-Auguste, en 1223 , jusques 
vers Tannée 1520, le setier de hlé, mesure de Paris (soit 156 litres), 
valait communément autant que la neuvième partie d'un marc d'argent 
fin, ce qui fait 512 grains. A ce compte , Thectolitre de froment aurait 
valu pendant cette période , et par conséquent en Tannée 1 509 dont 
nous nous occupons , 328 gi*ains pesant d'argent fin, soit 16 sols 5 d. 
tournois, équivalant intrinsèquement à 3 fr. 87 c. de notre monnaie. 

Or, ThectoHtre de froment coûtant aujom*d'hui, en moyenne *, 20 fr. 
21 c. , 3 fr. 87 c. auraient eu autant de valeur relative en 1509 , que 
20 fr. 21 c. en ont de nos jours ; et comme ce premier nombre est con- 
tenu 5 fois 22yiOO dans le second, il s'ensuivrait que le pouvoir de 
l'argent aurait été 5 fois 22/100 plus grand en 1509 qu'il ne Test 
aujourd'hui. 

Ainsi , dans le Mémoire que je publie , 

Le denier tournois vaudrait fr. 10 c. 23. 

Le sol toui'uois 1 fr. 23 c. 

Le teston 11 fr. 09 c. 

Le florin 14 fr. 77 c. 

Mais ce résultat est évidemment exagéré ; l'application de ces chifires 
aux différents articles du compte , évalués en monnaie du temps , nous 
donnerait généralement des prix actuels ti'op forts de près de moitié. 
Je citerai , en effet , le travail d'un ouvrier terrassier : le salaire de cet 
ouvrier, à Tabri de variations trop brusques parce qu'il ne s'élève jamais 
fort au-dessus , conmie il ne doit pas non plus tomber au-dessous de la 
somme nécessaire à la satisfaction de ses besoins les plus indispensables 
et de ceux de sa famille , a dû par -là se trouver autant que possible en 
rapport avec la valeur du blé, base de sa nourriture. Eh bien! sa journée 
est payée dans le Mémoire , en hiver, à raison de 2 sols tournois et 
en été de 2 sols 6 deniers , soit , d'après le tarif ci-dessus en monnaie 
d'aujourd'hui, 2fr. 46 c. pour la première, et 3 fr. 07 c. pour la seconde; 
en sorte que l'hectolitre de froment, en 1509 , se serait acheté à peu de 
chose près par 8 journées d'hiver ou par 7 d'été d'un ouviîer terrassier. 

Or, ces mêmes journées se paient à présent à Romans , et depuis le 
commencement de ce siècle , de 1 fr. 25 c. à 1 fr. 50 c. la journée 
d'hiver, et de 1 fr. 50 c. à 1 fr. 75 c. celle d'été , et il en faut à peu 

1 — Bulktin delà Socièlé française de Statistique , t. le*", j». 61. 



ii4 

près 15 des unes ou 13 des autres pour représenter la valeui* d'un hecto- 
litre de froment. 

La livre de chandelles de 430 grammes coûtait en 1509 un sol tom*- 
nois , soit 1 fr. 23 c. , et seize livres environ se seraient alors échangées 
contre l'hectolitre. Les 43ft grammes aujourd'hui à Romans se vendent 
fr. 60 c. , et un nombre double de livres suffit à peine à l'échange. 

lien est de même de la bougie ; les 430 grammes portés dans le compte 
5 sols tournois ou 6 fr. 15 c. valent aujourd'hui 3 fr. 

Ces divers exemples prouvent que nous avons tout à l'heure attnbué 
à l'argent en 1509 un pouvoir presque double de celui qui lui apparte^ 
nait réellement; en d'autres termes, que la moyenne de Dupré deSaint- 
Maur, pour les trois siècles précédents, s'était élevée au commencement 
du seizième , et qu'alors l'hectolitre de froment , au lieu de s'échanger 
contre 328 grains d'argent pur , devait s'échanger contre une quantité 
deux fois plus considérable. Mais, dans l'ignorance où nous sommes du 
prix moyen réel du froment à cette époque , nous prendrons pour notre 
terme de comparaison le prix de la journée d'un ouvrier terrassier , qui 
nous est révélé par le Mémoire même; nous trouverons qu'en multipliant 
ce prix par le nombre trois, l'opération nous donnera à peu de chose près, 
le chiffre de la journée actuelle, soit d'hiver, soit d'été. Ainsi, le sol tour- 
nois de 1509 , comme nous venons de le voir, ayant une valeur intrin- 
sèque d'argent en monnaie d'aujourd'hui , de 23 c. 61/100, les deux sols 
soit 47 c. 22/100 X 3 = 1 fr. 41 c. pour la journée d'hiver, et les 
2 sols 6 d. soit 59 c. X 3=1 fr. 77 c. pour celle d'été ; ce qui est très 
approximativement le taux moderne de la rétribution de cette sorte de 
travail. L'application de ce chiffre généralisée, il en résultera que le 
pouvoir de l'argent en 1 509 était triple de ce qu'il est aujourd'hui , et 
nous assignerons définitivement aux monnaies du Mémoire la valeur re- 
lative suivante : 



Le teston , 2 fr. 12 c. 50/100 X 3 z=: 6 fr. 37 c. 

Le florin , 2 fr. 83 c. X 3 1= 8 fr. 59 c. 

Le sol tournois, fr. 23 c. 61/100 X 3 = fr. 70 c. 83/100. 

Le -denier tournois, fr. 01 c. 96/100 X 3 = fr. 05 c. 88/100. 

La maille ou obole , fr. 00 c. 98/100 X 3 = fr. 02 c. 94/100. 



Voici , d'après le Mémoire et d'après le tarif précédent , le prix de 
divers objets formulé en monnaie actuelle , valeur intrinsèque de 1609 



ii5 



et valeur relative de 1848 ; j*ai pensé que ces détails présenteraient 
<|uelque intérêt : 



Prix du Mémoire. Valeur intrintéqae Valeur relatif» 

de fM9. de ISftS. 



FI. S. D. 



Pr. Cent. 



Journée d'hiver d'un ouvrier ter- 
rassier 2 47 

Journée d'été dudit 2 6 59 



Journée d'un ouvrier cartier em- 
ployé par le peintre Tévenot. 

Colle -forte , les 430 grammes 
( poids de l'ancienne livre de Ro- 
mans) 

Graisse blanche de porc , les 430 
graounes 



lluile de noix, les 430 grammes. 8 15 



Une main de papier. 

Chanvre, les 430 grammes. 

Plomh , les 430 grammes . 

Liège 9 430 grammes. . 

Verdet, 420 grammes (poids de 
la livre en usage à cette époque à 
Lyon , ou le peintre François Té- 
venot acheta les ingrédients et les 
couleurs) 

Alun , 420 grammes 



Fr. Cent. 



1 41 
1 77 



3 6 82 1/2 2 47 



12 27 1/2 82 



10 23 1/2 70 



45 



Huile d'olive, les 430 grammes. 11 21 1/2 64 
Chandelles , les 430 grammes 
Bougies , les 430 gi'anynes. 






1 





23 1/2 


70 





5 





1 18 


3 54 








9 


17 1/2 


52 








5 


9 3/4 


28 








10 


19 


57 








6 


11 3/4 


35 



Toume-sol, 420 grammes. ..058 
Ocre jaune, 420 grammes. . . 10 






4 


9 


1 12 


3 36 





1 


4 


31 


93 





5 


8 


1 33 


'3 99 








10 


. 19 


57 



Céruse , 420 grammes. . 
Eponges , 420 grammes . 
Orpiment, 420 grammes . 
Vermillon, 420 grammes . 



ii6 










Pris du Mémoira. 


Valeur intrinf«qii« 


î Valeur tclatite 








de 1509. 


de t848. 


FI. 


S. 


D. 


Fr. Cent. 


Vr. Cenl. 


. 


5 





1 18 


3 5'f 


. 


4 


6 


1 OC 


3 18 


. 


3 





71 


2 13 


. 


4 


4 


1 02 


3 06 



Dépense par ]our d'un bourgeois 
de Romans , logé à Vienne aux Trois- 
Kois , avec son cheval 



8 1 89 



5 67 



Dépense du même et de son 
cheval : 



A la dînée à Roussillon . 



.030 



A la couchée à St-Romaîn-d'Albon .036 



71 
83 



2 13 
2 49 



Les prix suivants ne se trouvent 
pas dans le Mémoire ^ mais comme ils 
résultent d'une délibération du conseil 
commun de Romans , du 8 janvier 
1508, qui les établit de concert avec 
les bouchers pour trois ans , j'ai cru 
devoir les rapporter ici : 



La livre de bœuf, soit 430 gram- 
mes , toute l'année 4 

La livre de mouton et de porc, de 
Pâques à la St-Jean 6 



Le reste de l'année. 



.005 



07 3/4 221/2 

11 3/4 35 
09 3/4 28 






117 



D , page 4 1 . 



Sur le Chapitre St-Barnard et sur la Chapelle St-Maurice. 



Le chapiti*e de St-Barnard, lors de sa sécularisation au dixième siècle, 
comptait trente Chanoines et soixante-quatorze Prêtres collégics ou ha- 
bitués. Ses revenus considérables lui permirent longtemps de suffire à 
lentretien de ce nombreux pereonnel. Mais diverses causes les ayant 
notablement diminués , il devint nécessaire de le i*éduire. Les statuts de 
1472, sous l'empire desquels on se trouvait lors de la Représentation du 
Mjstère des Trois Doms , avaient borné le nombre des Chanoines à 
quinze ; et quant aux habitués de l'Eglise, ces statuts n'avaient fixé d'autre 
limite que celle des ressom'ces. Les registres capîtulaires nous apprennent 
qu'en 1494 ils étaient au nombi'e de vingt-deux. 

Le corps des quinze Chanoines formait réellement le chapitre en qui 
résidait la véritable puissance. Co-seigneurs de la ville de Romans avec 
le Dauphin depuis le traité de Pariage de 1344 , ils se partageaient les 
rentes de la dotation primitive dont se composait leur prébende , et au 
décès de l'un d'eux une portion était dévolue à son successeur et le 
reste se répartissait entre les survivants. Au moyen de cette espèce de 
tontine , les plus anciens se trouvaient le plus favorablement traités « 
Tous avaient, en outre, part aux émoluments casuels de l'Eglise. 

En retour de ces avantages , chaque Chanoine était tenu d'avoir à sa 
table un , deux et jusqu*à trois Prêtres habitués , à titre de commen- 
saux, ou de payer une somme déterminée. C'était un faible reste de la 
vie commime dont l'usage subsistait encore , mais ne tarda pas à se 
perdre. 

Ces Prêtres habitués avaient une position plus précaire. Si leur nom'- 
riture était assurée par la commensalité ou par son équivalent , le smv 



ii8 

plus âe leur traïteiuent , pris sur les anniversaires, sur le produit varia- 
ble des messes et des autres ofirandes, parUcipait de rinatabilité de cette 
nature de revenus. A diverses reprises ils avaient exprimé leurs plaintes , 
et de graves discussions s'étaient élevées à ce sujet entre eux et les Cha- 
noines ; les statuts de 1472 voulurent y mettre un terme. Une des cha- 
pelles de l'église de St-Bamard , sous l'invocation de St-Maurice , 
était le lieu ordinaire où les habitués tenaient leurs réunions ; elle leur 
fut spécialement attribuée , et les revenus des grands anniversaires, des 
messes dites du Bref, en un mot de toutes les fondations annuelles, y 
furent concentrés et remis , toutefois sous la surveillance du Chapitre , 
à leur administration particulière. Depuis cette époque, les intérêts des 
uns et des autres furent complètement séparés , et l'on comprit sous 
le nom de Chapelle de Saint-Maurice la part afférente ma. habitués 
dans la distribution générale des rentes du Chapitre , par opposition à 
celle qui revenait aux Chanoines. C'est ainsi que dans les anciens titres 
du moyen4ge le mot Eglise signifie souvent l'ensemble des droits et des 
revenus qui y sont attachés. 

Lors donc qu'on trouvera dans le Mémoire que la moitié de la dé- 
pense du jeu k la charge de l'Eglise sera payée dans la proportion de 
deux tiers par Messieurs du Chapitre , et d'un tiers par Messieurs de la 
chapelle St-Maurice , on saura que les Chanoines supporteront deux 
tiers et les Pi'êtres habitués nn tiers. 

L'institution de cette chapelle de St-Maurice dans l'église de St-Bamard 
est prouvée non-seulement par les statuts que j'ai cités et par une foule 
d'autres actes , mais encore par une médaille fortrare et peut-être unique 
que je possède , et dont je flonne ici l'empreinte et la description : 




La pièce est en cuivre jaune ; elle représente d'un côté saint Maimce 
debout, tenant de la main droite une lance et de la gauche im bouclier, 
et autour ces mots : 

t SIGNV. MI. CAPE. 1547. SACTI. MAVRICII. Au revers, dans le 
champ les armoiries du chapitre de St-Bamard, bandé d'or et d'azur de 
six pièces à une tour carrée et crénelée de cinq pièces d'argent , 
maçonnée et ouverte de sable , sommée d'une main de bénédiction de 



««9 
carnation parée de gueules et posée en pal. (Bibl. Roy. Manuscr, Armo- 
riai général de France , général, de Grenoble , pag. 262) , et autour 
IN. ECCLA. B. BAftNARDI. DE. ROMANIS. Je crois que le point qui suit 
rv de SIGNV est mal placé et qu'il devait être après la lettre M. Cette 
rectification faite , voici comment je lirais cette légende : 

Signum inclytae (ou insignis) capellœ Sancti Mauricii in ecclesiâ beati 
Bamardi de Romanis, millésime de 1547. 

Les armoiries du Chapitre figurent au frontispice de ce volume avec 
celles de la ville de Romans, qui sont: {Même Arm. gén. , p. 264) 
d'azur à une porte de ville ouverte en forme de tour carrée d'argent 
pavillonnée et girouettée de même , flanquée de deux guérites pavillon- 
nées et girouettées aussi d'argent , le tout maçonné de sable et un grand 
R d'or couronné de même , posé dans l'ouverture de la porte. 

Le Chapitre et la ville étaient rarement d'accord , et l'histoire de Ro- 
mans n'est guère que celle de leurs divisions et de leurs luttes \ mais, en 
1509, le danger commun de la peste, auquel on venait d'échapper, avait 
rapproché tous les esprits et donné lieu à la Représentation qui fait l'objet 
de cette publication. Il m'a donc paru convenable de réunir ces deux 
blasons , d'ailleurs peu connus , en tête de ce Mémoire , monument de 
la bonne intelligence qui régnait alors entre le Chapitre et les Romanais. 



E 5 page 41 . 



Le chanojne Pra. J'ai fait des recherches aux archives de l'évêché de 
Grenoble où sont déposés les restes des anciens titres des deux seuls 
Chapitres qui existaient alors dans cette ville, le chapitre de Notre-Dame 
et celui de St-André, pour savoir auquel appartenait en 1508 le chanoine 
Pra , et s'il était question de lui dans les registres capitulaires. Ceux de 
St-André , complets pour la période de 1494 à 1512, n'en font aucune 
mention, d'où nous pouvons tirer la conséquence qu'il n'était pas membre 
de ce Chapitre. Les registres de Notre-Dame , pendant le même espace 
de temps , présentent de nombreuses lacunes ; toutefois , dans l'année 



1494, on voit pannl les chanoines signataires dune délibération rédigée 
en latin , Sibondus de Prato. Serait-ce notre chanoine Pra? Je n'ose 
Taffirmer. 



F 5 page 42. 



Pour lesfeyntes. Ce mot revient souvent dans le Mémoire, et tou- 
jours il signifie soit une décoration particulière , soit l'ensemble des 
décorations. C'est dans ce dernier sens que J. Bouchet (Annales d'A- 
quitaine , part. IV, f. 267, éd. de 1567 ) , l'emploie lorsqu'il dit \ ce On 
ce joua aussi la Passion et Résurrection en la ville de Saulmur , où je çis 
a d^ excellentes fainctes, » 

L'auteur de la Relation de la Passion jouée à Vienne en 1510 (voy. 
note B) , parle également des feintes : ce Et furent les feinctes , y est-il 
ce dit , si bien faictes , sans redicte et riches , car il y avoit huit mais- 
ce très de feinctes que chacun prenoit cinquante florins petits , ou [>eu 
ce plus , ou peu moins , selon la science des dicts mais très. » 

Je crois qu'on doit entendre ici par Maistres de feintes , les peintres 
décorateurs ; on en avait employé un nombre égal à celui des journées 
du jeu , sans doute afin que l'ouvrage fût plus tôt achevé : chaque acte 
ou journée comportant une décoration différente , on pouvait adopter 
une semblable distribution du travail. 

La somme qui leur fut allouée , 50 florins environ , s'accorde assez 
bien avec celle que reçut M® François , à Romans , pour les décorations 
des trois jours du Mystère des Trois Doms. Il fut payé à celui-ci cent 
quarante-deux florins, y compris sa dépense; c'est, à peu de chose près , 
quarante-huit florins pa? jour de représentation. 



121 



G, page 73. 



Pour seler, pour sceller. Cet article est relatif à la cîre achetée pour 
sceller l'ordre d'exécution délivré contre Papinien , un des personnages 
de la pièce condamné à mort ; c'est ce que le Mémoire appelle selcr 
Paupjnian. 

Fréminaud , un des tyrans ou persécuteurs dans le Mystère de Saint- 
Christophe, joué à Grenoble en 1527 , dit en parlant des chrétiens : 



J'ay cj leur absolution 

Dont le sceau est de rouge cire. 



FZ. ft. 5. 



Et plus loin dans le même ouvrage : 



RR, p. 3, î^' 



Morgalant , autre tyran , dit : 



Je fais ici chauffer la cire 
Pour celer votre mandement. 



Dans ces sortes de représentations, presque tout se passait sur la 
scène. 



122 



H 5 page 82. 



Sur le nom et la famille de Chcs^alct, 



L'auteur du Mystère de St-Christophe , joué à Grenoble en 1527, 
s'appelle bien Cheifalet et non point Chwalet, comme Técrît Guy-Allard 
dans sa Bibliothèque du Dauphiné , et après lui M. Weiss dans l'article 
de la Biographie universelle consacré à ce poète. Il suffisait, pour éviter 
cette erreur, de lire le titre même du Mystère imprimé en 1530 , où le 
nom de Chei^alet se trouve suivi de cette qualiâcation : Jadis souverain 
maître en telle compositure, Duverdîer et son annotateur Lamonnoye 
ne s'y sont pas trompés , non plus que le savant M. Brunet dans son 
excellent Manuel du libraire. Le Mémoire contemporain que je publie 
laisserait cependant quelque doute ; il y est question de Chevalet en 
deux endroits : à la date du mois d'août de l'année 1508 , à l'occasion 
de son voyage à Romans , le receveur de la ville , Jean Milliart , l'ap- 
pelle mestre Chiçalet; et au mois de mai suivant , noble Etienne 
Combez des Coppes , qui lui lut spécialement député à Vienne et qui 
y passa trois jours auprès de lui , le désigne deux fois sous le nom de 
mestre Cfiemlet. C'est à cette dernière autorité que je me range , et 
voici conunent on peut , ce me semble , expliquer la différence : le 
receveur écrivait le mot comme il l'entendait généralement prononcer 
à une époque où presque tout le monde à Romans s'exprimait en patois. 
Dans ce langage, au lieu d'un cheçal on disait par corruption un chis^al; 
le peuple Romanais, en parlant de mestre Chevalet, l'aura probablement 
appelé mestre Chii^alet^ et Jean Milliart, écho fidèle du public, aura repro- 
duit dans son compte cette locution vicieuse 5 mais le sieur des Coppes , 
noble personnage , en rapports fréquents et journaliers avec Chevalet , 
n'a pu se méprendre ainsi , et il a dû conserver au nom sa véritable 
orthographe. 



133 

Guy-Allard , qui fait de Cheyalet un gentilhomme du Viennois dont 
la famiUe porte de gueules au cheval ëchappë d'argent ' , lui doime 
le prénom dijintoine; Chalvet *, celui de Claude , et l'un , je crois, 
aussi gratuitement que l'autre , car ni le Mémoire , ni le Mystère de 
St-Christophe , ni Duverdier n'en font mention ; seulement le nom y est 
toujours précédé de la qualité fort peu aristocratique de mestre. Quant 
à sa noblesse et à ses armes , rien n'est moins certain non plus ; nous 
n'avons à ce sujet que le témoignage de Guy-Allard , et cet auteur , en 
général peu exact et peu scrupuleux , est ici d'autant plus suspect que 
dans l'article fort court de sa Bibliothèque , relatif à ce poète , il se 
trompe évidemment sur une circonstance très importante lorsqu'il le 
suppose vivant eu 1530, tandis qu'alors, d'après le titre même du 
Mystère de St-Christophe , il avait cessé d'exister. Guy-Allard est , il 
est vrai , un peu plus explicite sur cette généalogie au mot Chwalet de 
son Dictionnaire historique , manuscrit de la bibliothèque de Grenoble , 
dont je possède une copie : 

« Cette famille , y est-il dit , est composée de trois branches de l'une 
a desquelles étaient Gaspard de Chivalet qui combattit à la bataille de 
ce Pavîe, et Antoine Chivalet, excellent poète français, l'an 1530. « 
Mais nous voyons, par la plupart des documents qui précèdent, que de 
son vivant ce poète avait nom Che^falet et non pas Chivalet , ce qui 
exclut l'idée qu'il ait été membre de cette dernière famille. D'ailleurs , 
Chorier , Etat politique , tome III ^ entre au sujet de celle-ci dans des 
développements assez étendus ; il en énumère les différentes alliances ; 
il remonte également à Gaspard , et il ne parle nullement de l'auteur de 
St-Christophe dont il était cependant le compatriote. Né à Vienne, où il 
passa la première moitié de sa vie , Chorier, indépendamment de la 
connaissance générale des maisons nobles de la province , qu'il possé- 
dait parfaitement , grâce à ses propres travaux et aux recherches offi- 
cielles auxquelles il avait pris part ' , devait avoir plus que tout autre 
des notions exactes sur les familles établies connue celle de Chivalet 
dans le voisinage de cette ville \ et son silence , en cette circonstance , 
affaiblit beaucoup, s'il ne l'infirme tout-à-fait , l'assertion de Guy-Allard. 

Laissons donc de côté la noblesse fort douteuse de maîstre Chevalet 
et ses armoiries de gueule au cheval échappé d'argent, et tenons seulement 



1 — Bibliothèque de Dauphiné , 1680. 

2 — Ibid. , 1797. 

3 — Il exerça les fondions de procureur du roi en la commission contre les usurpateurs 
des titres de noblesse enDauphiné , en vertu des lettres-patentes de S. M. , du 13 septembre 
1666. ( Guy-Allard , Dict, hist. mon. ) 



124 

pour certain qu'il était né à Vienne (fatiste de Vienne, dit le manuscrit), 
qu'en 1508 il jouissait déjà d'une gi'ande renommée , et qu'après avoir 
refusé de travailler en commun avec le chanoine Pra au Mystère des 
ti*ois Doms 5 il y a cependant concouru plus tard , pour une part très 
faible il est vrai , et par des corrections qui lui ont été demandées^ et 
dont il a reçu le salaire. 



I 5 pag9 96 



Dans tous les Mystères il y avait un personnage dont les fonctions 
correspondaient à celles de régisseur de nos théâtres modernes , et qu'on 
appelait meneur du jeu , maître du jeu. Cet emploi a été , je crois , 
rempli à Romans par Sanche-Dijon , citoyen notable qui avait été plu- 
sieurs fois consid , et que le Mémoire nous représente comme une espèce 
de directeur des ti'avaux. Il préside aux fouilles sous la scène pour 
l'emplacement de l'Enfer ; il fait garnir le temple de luminaire 5 il smv 
veille les habillements , les décorations , et il reçoit un salaire de dix- 
huit florins pour quatre mois , à raison de quatre florins et demi par 
mois. 



K 5 page 9 6 . 



u4 Jehan MilUart. En 1505 , le 2 d'octobre , Jehan Milliavt, receveur 
de k ville , se plaignit que ses gages en cette qualité , montant à vingt- 



1^5 

quatre florins, n'étaient pas suffisants, et qu'il ne continuerait pas à servir 
la ville si on ne lui accordait un salaire plus élevé. Après beaucoup de 
languaige , dit la délibération, on convint d'augmenter ses gages de six 
florins et de les porter à trente flonns par an. (Arc/wes consulaires de 
Romans jde 1505 à 1513.)C'était le tauxde ses appointements en 1509, 
et nous voyons par l'article de dépense qui fait l'objet de cette note que 
pour le surcroît de travail que dut mettre à sa charge la représentation 
du Mystère des Trois Doms , on lui alloua un peu plus du tiers de son 
traitement annuel. 

De 1505 à 1513, les délibérations du conseil de ville sonttantât en 
latin , tantôt en français , et quelquefois la même présente k mélange 
des deux langues 5 mais quel latin , bon Dieu ! et quel français ! 



L 5 page 99. 



Do Pra des Frères Mcnors. Les eaux de différentes sources étaient 
recueillies à cette époque , au midi du couvent , dans un vivier ou réser- 
voir d'où elles s'écoulaient j)our arroser cet espace qui est maintenant 
en jardins , et qui alors formait une prairie appartenant aux Frères 
Mineurs. Sur ce vivier était établi un pont au bout duquel se trouvait 
la principale entrée du monastère du côté du quartier appelé de Pailhe- 
rey. Par suite d'un usage immémorial , dont les registres capitulaires 
font mention (^Analyse des Dé liber» capit. passim.), le 23 janvier de 
chaque année , fête patronale de saint Bamard , le Père gardien des 
Cordeliers se présentait devant l'autel de St-Yves , annonçant au 
Chapitre que la porte du pont du vivier était fermée , et apportant la 
clef au Sacristain. Il payait 6 sols à titre de redevance féodale , et on 
lui rendait la clef. Cet usage a subsisté jusqu'aux premières années du 
dix-septième siècle , qu'un arrêt du Parlement de Grenoble , rendu le 
5 février 1624 , afii*anchit les religieux du cens et de l'hommage. 
( Archi\fes manuscrites des Observantins de Romans , page 83. ) 



ia6 



M, page 99. 



Pour quatre faix de paille et pour la feuille. 



Cet article de dépense se rapporte à un usage qui existait de temps 
immémorial chez les Gaulois , et qui s'est conservé en France jusqu'à la 
fin du seizième siècle. Dans les salles de festins et même dans toutes les 
pièces des appartements on étendait du jonc sec et de la paille , afin de 
garantir les pieds de la froideur du sol, ainsi que nous faisons aujourd'hui 
avec nos nattes et nos tapis. Ces lits de paille étaient surtout employés 
chez les grands seigneurs et chez les rois où ils étaient plus nécessaires 
qu'aiUeurs encore , à cause de la vaste étendue des pièces , lesquelles 
n'avaient qu'une seule cheminée. 

Albéric de Trois-Fontaines et la Chronique manuscrite de Normandie 
rapportent que quand Guillaume , fils naturel du duc Robert , vint au 
monde , la sage-femme qui le reçut le posa un instant sur la paille dont 
la chambre était jonchée. L'enfant alors ayant saisi avec la main un peu 
de cette paille , et la vieille ayant eu de la peine à la lui ôter , celle-ci 
s'écria ! Parfoj : cet enffant commence jeune à concquerre. Le pronostic 
de l'accoucheuse se vérifia dans la suite ; Guillaume , par ses victoires , 
mérita ce nom de conquérant qu'elle lui avait donné d'avance et que 
son siècle lui confirma. 

En 1208 , Philippe-Auguste régla que toutes les fois qu'il sortirait de 
Paris , la paille qui aurait servi pour sa chambre et même pour tout son 
palais , serait donnée à l'Hôtel-Dieu de la ville. En 1373 , les habitants 
d'Aubervillers ayant demandé à Charles V d'être déchargés du droit de 
prise , c'est-à-dire de l'obligation de fournir des chevaux et des voitures 
pour les voyages du roi , Charles y consentit à condition qu'ils fourni- 
raient annuellement à son hôtel quarante charretées de paille , à celui 
de la reine vingt , et dix à celui du dauphin. 



A la messe de minuit, le jour de Noël , on jonchait de paille l'église ; 
il en était de même à toutes les grandes fêtes de Tannée 5 l'église était 
couverte de paille pendant l'hiver, ou de fleurs et de feuillages pendant 
l'été. Cette coutume venait de ce que l'usage des bancs et des chaises 
à demeure n'étant pas encore introduit , les seules personnes âgées ou 
infirmes faisaient apporter des sièges à l'église , que l'on remportait 
lorsque les ofBces étaient achevés. Le peuple était contraint de s'asseoir 
et de s'agenouiller sur la pierre ; ce fut pour qu'il n'en ressentit point 
les incommodités que les temples furent jonchés. 

Les écoliers dans les classes des collèges n'étaient assis que sur de la 
paille ; il y avait même à Paris une rue particulière où l'on vendait 
toute celle qu'ils consommaient pour cet usage. Elle portait le nom de 
Fouare ; nom quelle porte encore et que lui avait fait donner cette 
marchandise, qui, en vieux langage, s'appelait ainsi. Les licenciés en 
philosophie étaient obligés d'en entretenir le chancelier de l'Université , 
et chacun d'eux lui payait pour cela vingt-cinq sols. 

On garnissait aussi de rameaux vei*ts les murs et les cheminées des 

appartements. Le comte de Foixy dit Froissard , entra dans sa cliambre 

quil troui^a toute jonchée , et pleine de çerdurefresclie et nous^ellc , et 

les parois d^em^iron toutes couvertes de rameaux tout s^erts pour j faire 

plus frais et odorant , car le temps et Pair du dehors estoit merveiUeu' 
sèment chaud» » 

Brantôme raconte que Bonnivet étant une certaine nuit avec l'une des 
maltresses de François T ^ , tout-à-coup le roi , qu'on n'attendait pas , 
vint à frapper à la porte et alarmer nos deux amants. Alors , ce fut à 
s^ad%fiser là oà le galant se cacheroit pour plus grande sûreté» Par cas, 
c'estoit en esté , oi Fon ai^oit mis des branches et feuilles en la che- 
minée , ainsi quest la coustume de France, Par quoy la dame lui 
conseilla aussitôt de se Jeter dans la cheminée et se cacher dans ces 
feuillages ; ce quil fit» La suite de l'aventure n'entrant pas dans mon 
sujet, je m'abstiens de la rapporter et je renvoie à Brantôme ceux qui 
seraient curieux de la connaître. 

Les détails qui précèdent et que j'ai extraits en grande partie de 
l'Histoire de la vie privée des Français depuis l'origine de la nation jus- 
qu'à nos jours , par Legrand d'Haussy , étaient nécessaires pour donner 
l'explication de cette dépense de paille employée aux décorations de 
notre Mystère, et de feuille étendue sur la scène; en 1 509 cet usage subsis- 
tait dans toute sa force , et Ton eut soin de s'y conformer. 



128 



N, page 105. 



Le Mystère des Trois Doms n'a-t-il été j oué que cette seule fois , 
en 1509 , à Romans? ou bien d'autres réprésentations de ce drame y 
ont-elles été données plus tard ? 

Les recherches auxquelles je me suis livré dans les registres de la 
ville, postérieurs à 1509, pour éclaircir cette question, ne m'ont 
fourni aucune lumière , et il semblerait résulter de ce silence des 
délibérations consulaires à cet égard , qu'on se serait borné à cette 
solennité unique. Mais d'un côté , ces délibérations de 1500 à 1600 
présentant quelques lacunes, mes investigations n'ont pu être complètes 
et porter sur l'ensemble du seizième siècle , ce qui explique jusqu'à un 
certain point pourquoi elles ne m'ont rien appris , et de l'autre , le 
témoignage d'un auteur contemporain très digne de foi , me ferait croire 
à la reprise et à la reproduction sur la scène de ce jeu des Trois 
Martyrs par les habitants de Romans , à des époques déterminées et 
en quelque sorte périodiques. Voici ce qu'en dit Aymar du Rivail dans 
un passage de son Histoire des Allobroges , récemment mise en lumière 
et enrichie de notes savantes par M. de Terrebasse. * 

<c Tempore hujus Caroli ( magni ) , sexto nonas octobris , divus Ber- 
ce nardus Viennensis autistes , Severini , Exsuperii Felicianique reliquias 
« quae Breniaco in œde sancti Romani propè Viennam jacebant Romanis 
« in templo ab eo condito coUocavitj ^ et per aliquod annorunt 
« curriculum , eorum {fitam et mortem ac suppliciuni Romanenses 
a magno sumptu commémorant et ludo reprœsentant» » 



1. ^ A, Rivatlii de Allobrogibus libri novcm. Vienn» Allobrognm aptid J. Girard. 
Ludov. Perrin , lyp. Lugd. in-S». 1844 , page 365. 

2. ^ La translation des restes des martyrs Severin , Exupëre et Félicien , de Vienne 
au monastère de Romans , eut lieu, non pas sous Charlemagne , comme le dit A. du Rivail, 
mais sous Louis-Ie -Débonnaire son fils ou sous son petit-fils Lothaire , de Tau 837 à l'an 
812, à la fin de l'episcopat de Barnnrd. 



120 

L'annaliste fait évidemment ici allusion au Mystère des Trois Doms. 
Né yers i 490 , à Saint-Marcellin , dans le voisinage de Romans , élevé 
dès sa plus tendre enfance au collège de cette dernière ville , oii il 
a dû sans doute conserver des relations, du Rivail ne pouvait ignorer, 
ni Foeuvre du chanoine Pra , ni Tannée où elle fut jouée pour la 
première fois, et lorsque dans son Histoire continuée jusqu'en 1535, et 
même remaniée depuis, il avance, non point comme un simple ouï-dire, 
mais comme un fait k sa connaissance personnelle, que les Romanais sont 
en usage de célébrer de temps en temps per aliquod annontm curri- 
culum , et par des jeux figurés à grands frais sur un théâtre , la mémoire 
des saints patrons de la cité , il me semhle impossible de n'en pas 
conclure que ce Mystère qui reproduisait leur vie et leur martyre, a 
eu plus d'une représentation ^ seulement , la trace ne s'en est pas con- 
sei'vée dans nos archives , et cette particularité ne serait pas venue 
jusqu'à nous, si Aymar du Rivail ne nous l'avait pas révélée ^ elle est, du 
reste , tout-à-fait dans la vraisemblance historique et dans les moeurs 
de l'époque , et une ville voisine de Romans nous en ofire, à peu près 
vers le même temps , un exemple que je ne saurais passer sous silence. 
En 1524 , les habitants de Valence obtinrent de Louise , régente de 
France , mère de François P', une exemption de péages pour les bois 
nécessaires à la construction des théâtres et autres ouvrages de char- 
pente destinés à fêter les saints Félix , Fortunat et Achille , patrons de 
la ville. c< Les manans habitans de la ville de Valence, disent les lettres 
M patentes délivrées à cet effet le 10 février 1524, pour préserver et 
a garder leur ville des pestes et antres maladies et inconvéniens et la 
« tenir en prospérité et en sancté dès longtemps, ont par us, ancienne 
a et louable coustume et observance accoustumée de vingt-cinq en 
a vingt-cinq ans ou autre temps limité , jouer ou faire jouer l'ystoire 
a des glorieux saine ts martyrs Félix, Fortunat et Achille , desquels les 
« corps reposent en icelle ville , ce qu'ils ont délibéré de faire ceste 
ce année présente en laquelle escheyt ledict temps et terme limité, etc. * » 

On voit par cet acte que tous les quarts de siècle environ , d'après 
un usage immémorial , la célébration de cette fête revenait périodique- 
ment à Valence. Celle de Tannée 1524 fut probablement la dernière , 
car vingt-cinq ans plus tard les idées de réforme religieuse qui conmien- 
çaient à se répandre dans cette ville , durent s'opposer au retonr de 
semblables spectacles ; mais en recourant aux archives valentinoises du 
quinzième siècle , je ne doute pas , si elles sont encore entières , et s'il 

1 — J. Ollivier, Essai sur Valence , pages 154 el 511. 

9 



i30 

est possible de consulter surtout les livres de la taille et les comptes de 
la commune , qu'on n'y trouve la preuve de ces représentations solen- 
nelles toujours fort dispendieuses , consacrées par une longue coutume , 
et qui frappaient trop vivement l'imagination populaire pour ne pas être 
l'objet d'une mention particulière sur les registres municipaux. C'est 
dans un document de ce genre que j'ai puisé les détails curieux que je 
livre aujourd'hui au public. 

Puisque j'ai cité Aymar du Rivail , je demande la permission de rap- 
porter encore un passage de son Histoire des Allobroges * , où il exalte 
le talent des Grenoblois à jouer les Mystères, et les place comme acteurs 
en ce genre bien au-dessus de tous les Dauphinois et même du reste des 
Français. J'ai quelquefois, dit-il, assisté à ces sortes de représentations, 
et j'ai surtout remarqué une Passion donnée à Grenoble en 1535 , aux 
fêtes de Pentecôte , où Françoise Buatier , chargée du personnage de la 
Mère du Christ , enleva tous les suffrages. Gestes , son de voix , débit , 
tout en elle était admirable 5 sa beauté et ses grâces personnelles ajou- 
taient encore à l'effet de son rôle. 

M. Berriat-St-Prix , dans ses Remarques sur les anciens Jeux des 
Mystères , Paris , 1823 , pag. 6 et suiç. , avait signalé celui-ci d'après 
ime Délibération du Conseil commun de Grenoble , du 8 février 1535 ; 
mais le registre s'arrêtant au 20 mars de la même année , et présentant 
une lacime jusqu'en 1537 , M. Berryât n'avait pu s'assurer positivement 
si le Mystère avait été ou non représenté à l'époque fixée , c'est-à-dire à 
la Pentecôte : toutefois il s'était prononcé pour l'aflSrmatîve , mais par 
induction et par des motifs de simple probabilité. Le témoignage for- 
mel de du Rivail vient confirmer sa conjecture et lever tous les doutes à 
ce sujet. 



FIN DES NOTES. 



! — À, BivalUi de AUohr, , page 48. — In commcmoralione vilae Christi el Divorum , 
Gralianopolilani aliis AUobrogibus et Gallis praestanl : el aliqaaDdd hisce rébus inlerfoi 
maxime in Pentecosle anni Chrisli millesimi quiugenlesimi Irigesimi quinli , el adeo France- 
sia fiaaleriai quae Christi matrem imitabalar, corporis moins Tocisque figura pronunciatio el 
facundia complacuerunl , ni omnes in admirationem adduxeril ; el ejnsdem feminae gralia 
ac pulchritudo eloquenliam adornabal. 



ERRATA. 



Pag. 45, lîgn. 27 : Pagene xvj fl. îîj s. xd. » m. 

Lisez : Pagene jxvj îîj 



» » 



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» 



Pag. 49 , lign. 19 : Pagene xîiij yj 

Lisez : Pagene xliîj vj » » 

Pag. 55, lîgn. 14: cxxxv xj v| 

Lizez : cxxxvj x vj 

Même pag. , L 15 : Ixvij ix xj 

Lisez : Ixyiij v iij 

Pag. 67 , Hfij. 23 : Pagene lî] iv îîj 

Lisez iv 11] II] 

Pag. 77 , lîg. 20 : » j w » 

Lisez : j » » » 

Même pag. ,1.21 : Pagene xxx j îîj 

Lisez : xxxj )) îîj 

Pag. 78 , lign. 2 : i iij » » 

Lisez : ij xj ij » 

Même pag. , 1. 23 : Pagene iv v vj » 

Lisez : Pagene vj j vîij » 



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